Le Var en
1851 sous la Seconde République est un département aux idées avancées.
Ainsi le 13 mai 1849, les élections législatives, gagnées par le parti de
l'Ordre avec une large majorité, ont vu l'élection de quatre députés républicains,
dont Ledru-Rollin, grand acteur de la campagne des banquets en 1847 et
promoteur du suffrage universel. Ce dernier obtient d'ailleurs 17 % des
voix lors de l'élection présidentielle l'année précédente, la majorité
des suffrages des habitants du Var allant au général Cavaignac et non à
Louis-Napoléon Bonaparte.
Dans les années qui suivent, la haute administration mise en place par le
parti de l'Ordre, sous la direction du nouveau préfet, Georges Haussmann,
tente de briser l'action du parti républicain. Cependant, celle-ci
a une assise solide dans le département où il recrute abondamment parmi
les ouvriers. Celui-ci compte à l'époque de nombreuses industries
diffuses : papeteries de la vallée du Gapeau, boutonnerie des Maures,
tanneries de Barjol, parfumerie de Grasse... auxquelles s'ajoute le
complexe industriel de Toulon et de La Seyne affecté à l'armée et à la
marine : cordonneries, arsenal et constructions navales.
L'hostilité du département du Var au coup d'État et l'insurrection
qu'il provoque apparaissent ainsi comme prévisible.