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                                                                                Dans le Var

 

Dans le Var.



La répression.



par Marc Nadaux

 






La répression contre les opposants au coup d'État du 2 décembre est inhérente à la reprise en main du département et à l'écrasement de l'insurrection. Avec le passage des troupes militaires dans les villages, les arrestations se succèdent et la chasse à l'homme s'organise. On trouve également quelques exemples d'exécution sommaire. A la préfecture on reçoit les lettres de dénonciation. Bientôt les colonnes de prisonniers parcourent les routes du département jusqu'au lieu prévu pour la détention : les prisons de Draguignan, de Brignoles, de Grasse et de Saint-Maximin ainsi qu'au Fort Lamalgue à Toulon.

Le nombre trop important de prisonniers imposent d'ailleurs q'une procédure exceptionnelle de jugement soit adoptée. Ainsi les tribunaux ne sont pas saisis puisque le Gouvernement crée des "Commissions mixtes". Dans le département du Var, siègent le préfet Pastoureau, le général Levaillant commandant les troupes du département et le Procureur de la République Bigorie-Laschamp. Ceux-ci jugent sur dossier, sans connaître et sans rencontrer les inculpés. Cette procédure correspond au désir du Gouvernement d'un règlement rapide et discret de la question. 3.147 habitants du Var sont ainsi condamnés.

Celui-ci s'en est pris également aux emblèmes républicains ainsi qu'aux chambrées, ces cercles de réunion des populations ouvrières coupables de propager les idées démocratiques. Les armes furent également confisquées.







A Gonfaron, Pignans, Flassans et Besse, 16 décembre 1851.
A Aups, une lettre anonyme de dénonciation, 17 décembre 1851.
Rapport du sous-préfet de Brignoles à propos de la situation dans les prisons, 22 décembre 1851.
Circulaire préfectorale à propos des emblèmes révolutionnaires, 10 janvier 1852.
Circulaire préfectorale à propos de la fermeture des chambrées, 10 janvier 1852.
A propos du désarmement de la population.


 





La répression à Gonfaron, Pignans, Flassans et Besse,
16 décembre 1851.



La répression s'organise peu après les événements d'Aups. Les gendarmes parcourent ainsi le département et visitent de nombreuses communes. C'est l'occasion de questionner l'administration locale et d'observer éventuellement le manque de coopération du maire du village et de son conseil. Le rapport transmis ensuite au Préfet permet de remédier par une nouvelle nomination à ce manque d'adhésion à la personne de Louis-Napoléon Bonaparte. Les forces de l'ordre repartent ensuite, accompagnée d'une colonne de prisonniers en direction de la prison. Dans le seul département du Var, qui vient en tête des chiffres de la répression des opposants au coup d'État, 3.147 condamnations seront prononcés soit 12 % du total national. 



Gendarmerie du Var


Brignoles le 16 décembre 1851


Monsieur le Préfet,

En exécution de vos ordres je me rendis hier matin dans la commune de Gonfaron, ou j'arrivai à quatre heures du matin ; par suite des renseignements qui me furent donnés par M. le maire je fis opérer dix sept arrestations lesquels individus ont été dirigés sur Toulon avec ceux de la commune de Pignan. Mr le maire de Gonfaron est un homme d'ordre, mais faible il m'a caché le nom d'un grand nombre de coupables.
   Arrivé à Pignans vers une heure je fis arrêter quinze individus ; dans cette commune le maire est bon et tout marche bien. Parti ce matin de Pignans je me suis arrêté dans la commune de Besse ; grâce aux renseignements que m'a donné M. le juge de Paix, j'ai pu faire arrêter douze individus dans cette commune le maire est très mauvais ainsi que le conseil il est urgent de tout changer, j'ai pris des renseignements pour former une commission administrative de là j'ai été dans la commune de Flassans le maire n'a pas voulu me renseigner j'ai du chercher longtemps pour arriver à la découverte des coupables, enfin j'ai fait arrêter quinze individus parmi lesquels se trouvent l'adjoint et un membre du conseil municipal il est encore nécessaire, dans cette commune, de remplacer le maire et le conseil.
   Vu le mauvais esprit des habitants des communes de Gonfaron, Besse et Flassans, j'ai fait rentrer à la mairie toutes les armes dont on aurait pu faire mauvais usage à l'époque des élections.]e crois qu'il serait nécessaire que vous adressassiez plusieurs arrêtés en blanc afin que l'on puisse de suite remplacer les maires qui feront mal voter la population
   Demain je verrai Cotignac et irai coucher à carcès après demain je rentrerai à Brignole, pour marcher sur St Maximin, Rians, Barjots, dans ce dernier canton j'aurai un grand nombre de communes à visiter.

 Je suis avec un profond respect, Monsieur le Préfet, votre très humble et très obéissant serviteur.


 Le capitaine commandant la gendarmerie du var

 Blondel







A Aups, une lettre anonyme de dénonciation,
17 décembre 1851.



Pour pallier les défections de l'administration locale, bien souvent hostile à la répression car opposée au coup d'État, une lettre anonyme arrive parfois fort à propos dans les bureaux de la préfecture. Malgré tout, on constate une sous-représentation de la paysannerie parmi les victimes de la répression et les condamnations opérées par les commissions mixtes. Ceci laisse à penser qu'un grand nombre des insurgés des campagnes est parvenu à passer à travers les mailles du filet tendu par les autorités préfectorales. 




Aups, le 17 Décembre 1851


Monsieur le Préfet,

Des arrestations ont lieu dans tous les pays excepté à Aups où nous avons été le plus menacés par l'insurrection des démagogues qui nous ont menacé du pillage de l'incendie et du feu ce qui fait penser que quelqu'un hot placé favorise nos chefs et veut les derrober à la justice comme on a fait jusqu'à ce jour aussi je crois de mon devoir de vous les signaler vous serez assez bon monsieur le préfet de m'excuser si je ne signe pas ma lettre mais eu égard aux circonstances dïffïcilles je mastien dans quelques jours j'aurai l'avantage de vous voir et je vous en parlerai mieux de vive voix.


Nom des chef les plus dangereux fesaient partie de la société secrète et de la comission provisoire

. un nommé Caliste ancien militaire a livré la maison de m. de Calvi pour fabriquer de la poudre et des balles.
. Gibelin marcelin
. Isouard Jean-Baptiste
. Roux eugéne
. Serre gustave
. Morel boulanger
. louis rolland
. Reboul grégoire
. fabre charpentier et la femme qui fesaït les voyages
. emmanuel chelin
. alexandre menu







Rapport du sous-préfet de Brignoles
à propos de la situation dans les prisons,
22 décembre 1851.



Dans les prisons cependant, on ne peut faire que difficilement face à l'afflue de prisonniers. Pendant quelques semaines, en attendant que la procédure mise en place pour statuer de leur sort aboutisse, ceux-ci vont d'ailleurs vivre dans des conditions d'hygiène et de promiscuité difficilement supportables. Comme le signale dans son rapport le sous-préfet de Brignoles, la situation est critique et nécessite un réglemente rapide. Un argument de plus à l'appui de la création de commissions mixtes, en remplacement des tribunaux de la justice traditionnel.  




SOUS - PRÉFECTURE de BRIGNOLES


Brignoles, le 22 décembre 1851


Monsieur le Préfet,

L'arrondissement est tranquille les colonne mobiles produisent d'excellents résultats, les votes en sont la meilleure preuve, les communes qui n'ont pas encore été visitées par la troupe sont celles qui ont fourni le plus de non, en général les bons votes sont plus nombreux que nous ne l'espérions jamais dans cet arrondissement les électeurs ne s'étaient rendus en aussi grand nombre.
   Demain une petite colonne va explorer les communes de Sillans et d'entrecasteaux, ces deux pays ont fourni de forts contingents à l'insurrection. Les troupes sous les ordres du capitaine de gendarmerie ont fait de nombreux prisonniers, ils sont à saint maximin au nombre de 200, à Brignoles nous ne pouvons plus en loger il y en a un nombre égal et nous comptons sur un chiffre pareil d'ici à peu de jours, il est de la plus grande urgence qu'ils puissent être évacués sur toulon, car je vous le répète ces hommes sont entassés les uns sur les autres et bientôt au dire du docteur des prisons la fièvre sévira, surtout ici ou la maison d'arrêt est dans les plus mauvaises conditions, parmi ces hommes, il y a de grands coupables il est vrai, mais aussi beaucoup d'égarés et je vous assure qu'ils souffrent beaucoup ici.
   Le maire de st. Maximin m'écrit ce soir pour me dire qu'il ne peut garder dans sa commune un aussi grand nombre d'hommes et pour nous ici il est impossible que nous puissions les loger, en conséquence, Monsieur le préfet, j'ai l'honneur de vous prier de me donner au plus tôt des instructions à ce sujet.

   Agréez, Monsieur Le préfet, l'assurance de ma haute considération


 Le Sous- préfet de brignoles

 J. de Castellane







Circulaire préfectorale
à propos des emblèmes révolutionnaires,
10 janvier 1852.



La répression ajoute aux condamnations des acteurs de l'opposition au coup d'État une œuvre de destruction. Les emblèmes républicains sont à présent mis au banc des canons de l'esthétique et de l'à-propos. Les inscriptions sur les monuments officielles comme les arbres de la liberté, plantés dans l'allégresse générale au printemps 1848 et qui se destinaient à orner les places des communes de France, feront les frais du vandalisme du Second Empire naissant.    




CIRCULAIRE A MM. LES MAIRES POUR FAIRE DISPARAÎTRE
 LES EMBLÈMES RÉVOLUTIONNAIRES



Draguignan, le 10 Janvier 1852


Messieurs,

Les emblèmes les plus respectables perdent ce caractère quand ils ne rappellent que de mauvais jours. Ainsi, ces trois mots : liberté, égalité, fraternité forment par eux-mêmes une touchante devise ; mais, comme on ne les a vu paraître qu'à des époques de troubles et de guerre civile, leur inscription grossière sur nos édifices publiques attriste et inquiète les passants.
   Je vous prie, en conséquence, de donner des ordres pour faire effacer, sans retard, cet emblème sur tous les édifices publics de votre commune où il pourrait se trouver.

Recevez, M. le Maire, l'assurance de ma considération.


Le Préfet du Var

T. Pastoureau







Circulaire préfectorale
à propos de la fermeture des chambrées,
10 janvier 1852.



Il faut à présent éliminer le foyer de l'infection, autrement dit les chambrées, ces lieux de sociabilité masculines par lesquelles se sont diffusées les idées républicaines. Aux raisons politiques et immédiates de l'interdiction des chambrées, le préfet Pastoureau ajoute un discours moralisateur de plus vaste envergure. Selon le représentant de l'État, ces réunions nocturnes sont néfastes au repos de l'ouvrier comme du paysan qui perdent ainsi de leur efficacité au travail. De plus, c'est d'avantage dans la vie au foyer que ces derniers devraient se tourner car c'est auprès de sa famille que l'homme cultive les bons penchants. Le notable développe ici une pensée réactionnaire, c'est un des points de vue des élites sur le peuple dans ce siècle, un des fondements idéologiques du paternalisme. A la volonté de contrôler les classes laborieuses s'ajoute celle de les domestiquer, de les rendre moralement meilleure.




CIRCULAIRE A MM. LES SOUS-PRÉFETS,
LES JUGES DE PAIX, LES MAIRES,
OFFICIERS DE GENDARMERIE
ET COMMISSAIRES DE POLICE.


Draguignan, le 19 Janvier 1852


Messieurs,

Vous avez eu connaissance de l'arrêté en date du 12 décembre dernier, de M. le général commandant l'état de siège du département, qui prescrit la fermeture de toutes les sociétés et réunions connues sous le nom de chambrées. Je reçois, de plusieurs communes, des sollicitations ayant pour but d'obtenir, sous divers prétextes, la réouverture de quelques-uns de ces établissements désignés sous les noms divers de société de bienfaisance, chambrées, cercles, réunions, etc. J'ai résolu de ne faire droit à aucune de ces demandes, sans distinction, ni exception.
   Cette décision que je n'ai prise qu'après de mures réflexions, aura pour résultat de modifier profondément les habitudes de vos administrés. Je tiens, par conséquent, à vous faire connaître les motifs qui m'ont déterminé ; je suis convaincu que vous les partagerez et que vous emploierez votre légitime influence à en faire apprécier, dans vos communes, la haute gravité.
   Les chambrées ont produit dans ce département des effets extrêmement pernicieux ; composées presque exclusivement d'ouvriers et d'agriculteurs, c'est-à-dire d'hommes voués à un travail pénible et quotidien, elles ont eu pour première conséquence de porter une déplorable atteinte aux habitudes laborieuses de cette population.
   Il est facile, en effet, de comprendre que l'homme dont un travail rude et assidu a fatigué le corps pendant tout le jour, a besoin, pour se préparer aux labeurs du lendemain, d'un repos suffisamment prolongé et réparateur ; aussi, partout, le cultivateur est-il dans l'usage de se livrer au sommeil immédiatement après le repas du soir.
   Comment, à la suite d'une journée de fatigue, celui qui prolonge la veille pendant les longues heures de la chambrée, pourrait-il le lendemain apporter à ses travaux cet te ardeur laborieuse qui est la gloire et l'honneur de l'ouvrier ?
   La chambrée détruit donc progressivement les habitudes de travail et les forces de l'homme.
   Envisagées au point de vue moral, les chambrées ont produit des effets bien plus fâcheux encore.
   L'ouvrier doit à son travail toutes ses forces, toutes ses heures ; c'est à cette condition qu'il peut assurer honorablement l'existence de sa famille ; constamment préoccupé de ce soin respectable, il a peu cultivé son esprit, le temps lui a manqué pour apprendre. Mais Dieu a placé près de lui un enseignement providentiel : c'est la famille qui le lui offre. C'est à son foyer, le soir, après le travail, au milieu de sa femme et de ses enfants, que l'ouvrier doit chercher ses jouissances, ses consolations, sa force ; c'est là qu'il se moralise, qu'il apprend à devenir bon, honnête, affectueux : sublime loi de la Providence qui a voulu que l'homme trouvât le bonheur et se format à la morale, dans le sein même de sa famille, dont l'existence lui coûte tant de fatigues et tant de sueurs !
   L'ouvrier qui ne donne pas à son intérieur les moments de repos qui s'écoulent entre l'heure du travail et celle du sommeil, devint bientôt étranger aux sollicitudes de la famille ; le funeste usage de la chambrée lui fait perdre promptement le sentiment de tous ses devoirs ; la tendresse du père et de l'époux fait place aux plus tristes passions, et le prix de son travail, employé à les satisfaire n'apporte plus la joie et l'aisance à son foyer.
   Demandez aux honnêtes mères de famille combien de privations et de larmes leur ont coûtées les veillées de la chambrée !
   Vous échappez à peine à une crise terrible suscitée par la démagogie ; savez-vous pourquoi votre département était devenu la proie de toutes les passions anarchiques, le théâtre de cette immense conspiration contre notre état social ? Serait-ce donc la misère qui aurait été l'inspiratrice de l'insurrection ? Grâce à Dieu, vous le savez, le Var est peut-être le département qui en renferme le moins. Votre sol est riche, votre climat favorisé entre tous : le travail ne manque à aucun et en aucun temps, son prix rémunérateur est plus élevé que nulle autre part.
   Ces crimes qui ont jeté la consternation parmi vous, n'en cherchez la cause que dans les chambrées. C'est dans ces réunions que les agitateurs et les ambitieux de bas étage ont semé leurs funestes doctrines ; la famille ne leur eut pas livré son foyer ; c'est la chambrée qui leur a donné des auditeurs ; ils en ont facilement fait des sectaires et des victimes.
   L'autorité ne permettra pas que ces excitations puissent se reproduire ; qu'elles en trouvent la facilité.
   Les chambrées ne seront plus rouvertes.
   Je fais appel à votre concours ; faites comprendre à tous que ces réunions quotidiennes sont incompatibles avec l'existence et les devoir de l'ouvrier honnête et laborieux ; les bons vous remercieront bientôt de les avoir rendus à la vie de famille ; quant aux pervers, nous leur auront arraché une arme puissante pour faire le mal.
   Vous avez donc, Messieurs, à veiller attentivement à ce qu'aucune infraction ne soit commise à l'arrêté du 12 décembre, et vous me signaleriez sans retard toute celles qui pourraient se produire. Les coupables seraient sévèrement punis.

   Recevez l'assurance de ma considération.


Le Préfet du Var

T. PASTOUREAU








A propos du désarmement de la population.



Afin de se prémunir d'une nouvelle réaction violente de la part des populations du département du Var mais également dans le but de récupérer les fusils des gardes nationales dérobés dans les mairies par les insurgés, le Préfet du Var annonce la réquisition des armes à feu par cet arrêté . Cette mesure d'ordre administrative aura évidemment des effets limités, chaque possesseur ayant la possibilité de cacher l'objet du délit. Elle confère cependant aux gendarmes la possibilité de confisquer les fusils ce qui n'est pas sans provoquer des récriminations chez les villageois. Les conseils municipaux s'en font l'écho dans leurs délibérations et autres adresses à la préfecture. A cette époque en effet, le fusil est un instrument familier des provençaux, pour la chasse comme pour la bravade...




Arrêté préfectoral du 24 décembre 1851.


 

Nous, Préfet du Var,


Vu l'arrêté de M. le général commandant l'état de siège du département du Var, en date du 12 décembre 1851, qui ordonne le désarmement général des habitants ;
Vu la lettre de M, le général qui subordonne à notre appréciation l'exécution dudit arrêté dans les diverses communes du département ;
Considérant que. dans les communes ou le désarmement est en cours d'exécution, les habitants opposent aux réquisitions de l'autorité une résistance passive, en ce sens qu'ils refusent ou négligent d'apporter dans les dépôts indiqués les armes dont ils sont détenteurs ;
Considérant que cette résistance est coupable ; qu'elle oblige l'autorité civile et militaire à consacrer un temps précieux à faire des visites domiciliaires ; qu'il importe, par conséquent de la faire cesser ;
Considérant que tous les bons citoyens doivent s'empresser de faciliter l'exécution des mesures commandées par les circonstances ; que les entraves et les difficultés dont les autorités ont à se plaindre ne peuvent leur être suscitées que par les hommes qui ont trempé dans l'insurrection ou qui prêtent aide et concours à ses auteurs ;


Avons arrêté :


ARTICLE PREMIER. Dans toutes les communes du département ou le désarmement sera ordonné par l'autorité compétente, les habitants seront prévenus de cette mesure par des annonces publiques et seront en inertie temps mis en demeure d'apporter ou faire déposer, dans les lieux indiqués par l'autorité, les armes de guerre et autres qui seront en leur possession.

ARTICLE 2. Un délai de vingt-quatre heures sera accordé pour effectuer cette remise

ARTICLE 3. Tout individu qui, après le délai fixé par l'article 2, sera trouvé porteur ou détenteur d'une arme quelconque, sera, par suite de la constatation seule de ce fait , mis en état d'arrestation et livré à l'autorité militaire

ARTICLE 4. Le présent arrêté sera publié et affiché dans toutes les communes du département. Les autorités civiles et militaires sont chargées de son exécution


Fait à Draguignan, en l'hôtel de la Préfecture, le 24 décembre 1851

T. Pastoureau






EXTRAIT DES REGISTRES DE DÉLIBÉRATIONS
DU CONSEIL MUNICIPAL DE VILLECROZE


Séance du 20 Février 1853


Le Conseil Municipal de la commune de Villecroze, réuni ce jourd'hui 20 février mil huit cent cinquante trois dans le lieu ordinaire de ses séances, présents MM. Serre, Cotte, Gassin Jacque, Gassin Louis, Autran, Maunier, Hugolin, Guers, Pons, Malbec et Miollis, maire.

   La séance ouverte, le Maire a fait connaître au Conseil les différentes réclamations qu'il reçoit journellement des habitants de cette commune, tendant à la restitution des armes qu'ils ont spontanément apportées sur un ordre émané de l'autorité supérieure, d'en faire le dépôt entre les mains de l'autorité locale.
   Monsieur le Maire exprime ensuite ses regrets sur la rédition de ses armes qui servent à la sûreté de la plupart des habitants de la campagne et qui soit la propriété exclusive de ceux à qui elles ont été enlevées ; il témoigne, en même temps, son vif désir qu'elles soient rendues aux propriétaires bien famés qui n'ont jamais cherché à en faire mauvais usage et qui, par leur conduite exemte de tous reproches méritent cette faveur.

   Le Conseil Municipal considérant, que tout arme doit être rendue à son propriétaire, lorsque la conduite de l'individu n'est pas en opposition avec la loi, et lorsqu'il a toujours manifesté des sentiments d'ordre et d'équité.
   Délibère à l'unanimité, que copie de la présente délibération sera adressée à Monsieur le Préfet du Var, pour qu'il veuille accueillir la juste demande des habitants de Villecroze et leur faire rendre les armes qu'ils avaient déposées entre les mains de l'autorité locale.

   Fait à Villecroze les jour, mois et an susdits. Signés, Serre, Cotte, Gassin Jacque, Gassin Louis, Autran, Maunier, Hugolin, Guers, Pons, Malbec. et Miollis, maire.


   Pour copie conforme le Maire Miollis