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                                                                                A Paris

 

A Paris.


Assemblée nationale.
Réunion extraordinaire
tenue à la mairie du 10ème arrondissement,
2 décembre 1851.


par Marc Nadaux

 






Face au coup d'État, la résistance des députés conservateurs s'organisent. Deux cent vingt députés, sur les 750 que comptent l'Assemblé et qui viennent d'être chassés du Palais-Bourbon manu militari, se réunissent vers onze heures dans la salle des mariages de la mairie du 10ème arrondissement. Ils décident de mesures légalement justifiés - la déchéance du Président, un appel à la Garde nationale et à l'armée - avant que la réunion ne soit interrompue par la police et les députés arrêtés. Certains démissionnent courageusement, d'autres protestent pour la forme. L'action la plus virulente viendra des députés républicains qui mettent sur pied un comité de résistance et appellent aux armes contre le coup de main.  








République française


Assemblée nationale


Réunion extraordinaire tenue à la mairie du 10ème arrondissement.


 

   Vu l'article 68 de la Constitution : "toute mesure par laquelle le Président de la République qui dissout l'Assemblée nationale la proroge et met obstacle à l'exercice de son mandat est un crime de haute trahison. Par ce seul fait le Président est déchu de ses fonctions. Les citoyens sont tenus de lui refuser obéissance. Le pouvoir exécutif passe de plein droit à l'Assemblée nationale. Les juges de la Haute Cour de justice se réuniront immédiatement à peine de forfaiture."
   Considérant que, violant les serments et la Constitution, Louis Napoléon a dissout l'Assemblée et employé la force publique pour consommer cet attentat.
   Les membres de l'Assemblée soussignés, après avoir constaté l'assistance qu'est apportée par les ordres du Président à la réunion légale de l'Assemblée et l'arrestation de son bureau et de plusieurs de ses membres.
   Déclarant que l'article 68 de la Constitution trace à chaque citoyen le devoir qu'il a à accomplir.

   En conséquence le Président est déclaré déchu de ses fonctions. La Haute Cour est convoquée. Défense est faite à tout citoyen d'obéir aux ordres du pouvoir déchu sous peine de complicité. Les Conseils généraux sont convoqués et se réuniront immédiatement. Ils nommeront une commission dans leur sein chargée de pourvoir à l'administration du département et de correspondre avec l'Assemblée dans le lieu qu'elle aura choisi pour se réunir.
   Tout receveur général ou percepteur, ou détenteur quelconque des deniers publics, qui se dessaisirait de tout ou partie des fonds qui sont dans ses caisses, sur un ordre que celui émanant du pouvoir régulier constitué par l'Assemblée, sera responsable de sa propre fortune et au besoin puni des peines de la complicité.


Fait et arrêté le 2 décembre 1851.


Président Benoist d'Azy
Vice Président Vitet 
Secrétaire Chapot et Moulin