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                                                                                A Paris

 

A Paris.


Circulaire du ministère de l'Intérieur aux Préfets,
2 décembre 1851.


par Marc Nadaux

 






A la fin de la nuit, le comte de Morny, demi-frère de Louis-Napoléon Bonaparte, prend possession du ministère de l'Intérieur, évacué sans résistance par le ministre Thorigny, un sympathisant bonapartiste. Tandis que l'on s'occupe de rendre muette la garde nationale et que le préfet de Police, Maupas, fait quadriller la capitale par ses équipes de fonctionnaires, Morny s'attache au contrôle de la Province. Par cette circulaire, il dicte ainsi aux Préfets des instructions précises devant leur permettre de s'assurer le contrôle des populations. Il s'agit de mettre en place un dispositif policier capable de museler la presse républicaine, d'empêcher tout rassemblement et de veiller à la bonne marche du plébiscite. Le nouveau ministre de l'Intérieur fait ainsi preuve de décision, montrant aux fonctionnaires locaux la continuité du pouvoir. Morny souhaite de même prendre de vitesse la rumeur, chaque Préfet devant faire le choix de l'adhésion aux événements de Paris dont il ne connaît en fait pas toute la teneur.







Ministère de l’Intérieur


 Paris, le 21 décembre 1851.


Monsieur le Préfet,

 

   Les partis qui s'agitent dans l'Assemblée menaçaient la France de compromettre son repos en fomentant contre le Gouvernement des complots dont le but était de le renverser. L'Assemblée a été dissoute aux applaudissements de toute la population de Paris.
    A la réception de la présente, vous ferez afficher dans toutes les communes les proclamations du Président de la République, et vous enverrez aux maires ainsi qu'aux juges de paix les circulaires que je vous adresse, avec les modèles du registre des votes.
   Vous veillerez à la stricte exécution des dispositions prescrites par ces circulaires. Vous remplacerez immédiatement les juges de paix, les maires et les autres fonctionnaires dont le concours ne vous serait pas assuré.
    Dans ce but vous demanderez à tous les fonctionnaires publics de vous donner par écrit leur adhésion à la grande mesure que le Gouvernement vient d'adopter.
    Vous ferez arrêter immédiatement tout individu qui tenterait de troubler la tranquillité et vous ferez suspendre tout journal dont la polémique pourrait y porter atteinte.
   Je compte, Monsieur le Préfet, sur votre dévouement et sur votre zèle pour prendre toute les précautions nécessaires au maintien de l'ordre public, et, à cet effet, vous vous concerterez tant avec le général commandant le département qu'avec les autorités judiciaires.
   Vous m'accuserez réception de cette dépêche par voie télégraphique et vous me ferez, jusqu'à nouvel ordre, un rapport quotidien sur l'état de votre département. Je n'ai pas besoin de vous recommander de me faire parvenir par le télégraphe toute nouvelle ayant quelque gravité.
   Recevez, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma considération distinguée.


Le Ministre de l’Intérieur,

DE MORNY.