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A
Paris.
Les
principes d'une nouvelle constitution,
2 décembre 1851.
par Marc Nadaux
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Par cet " appel au
Peuple ", Louis-Napoléon Bonaparte, qui vient de fait de
mettre fin à la Seconde République, annonce les principes
de la future Constitution à propos de laquelle les Français vont bientôt
avoir à se prononcer. Il se place ainsi sous les auspices de son glorieux
aïeul, Napoléon, en rappelant les institutions du Consulat. Cependant
les Parisiens qui lisent ce placard sont en droit de s'interroger. Le
suffrage universel, altéré par la loi électorale du 16 mai 1850, est rétabli,
certes, mais le manque de précision apportées à propos des pouvoirs du
futur chef de l'exécutif laisse planer le doute. La République sera t-elle maintenue ? D'autant plus que Paris est en état de siège... |
PROCLAMATION
DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
APPEL AU PEUPLE.
FRANÇAIS !
La
situation actuelle ne peut durer plus longtemps. Chaque jour qui s’écoule
aggrave les dangers du pays. L’Assemblée, qui devait être le plus
ferme appui de l’ordre, est devenue un foyer de complots. Le patriotisme
de trois cent de ses membres n’a pu arrêter ses fatales tendances. Au
lieu de faire des lois dans l’intérêt général, elle forge des armes
pour la guerre civile : elle attente au pouvoir que je tiens
directement du Peuple ; elle encourage toutes les mauvaises passions ;
elle compromet le repos de la France ; je l’ai dissoute, et je
rends le Peuple entier juge entre elle et moi.
La Constitution, vous le savez, avait été faite dans le but
d’affaiblir d’avance le pouvoir que vous alliez me confier. Six
millions de suffrages furent une éclatante protestation contre elle., et
cependant je l’ai fidèlement observée. Les provocations, les
calomnies, les outrages m’ont trouvé impassible. Mais aujourd’hui que
le pacte fondamental n’est plus respecté de ceux-là même qui
l’invoquent sans cesse, et que les hommes qui ont déjà perdu deux
monarchies veulent me lier les mains, afin de renverser la République,
mon devoir est de déjouer leurs perfides projets, de maintenir la République
et de sauver le pays en invoquant le jugement solennel du seul souverain
que je reconnaisse en France, le Peuple.
Je fais donc un appel loyal à la nation toute entière et je vous dis :
si vous voulez continuer cet état de malaise qui nous dégrade et
compromet notre avenir, choisissez un autre à ma place, car je ne veux
plus d’un pouvoir qui est impuissant à faire le bien, me rends
responsable d’actes que je ne puis empêcher et m’enchaîne au
gouvernail quand je vois le bateau courir vers l’abîme.
Si, au contraire, vous avez encore confiance en moi donnez-moi les moyens
d’accomplir la grande mission que je tiens de vous.
Cette mission consiste à fermer l’ère des révolutions en satisfaisant
les besoins légitimes du peuple et en le protégeant contre les passions
subversives. Elle consiste surtout à créer des institutions qui
survivent aux hommes et qui soient enfin des fondations sur lesquelles on
puisse asseoir quelque chose de durable.
Persuadé que l’instabilité du Pouvoir, que la prépondérance d’une
seule assemblée sont des cause permanentes de troubles et de discorde, je
soumets à vos suffrages les bases fondamentales suivantes d’une
Constitution que les Assemblées développeront plus tard.
1 . Un chef responsable nommé pour dix ans ;
2 . Des Ministres dépendants du pouvoir exécutif seul ;
3 . Un Conseil d’État formé des hommes les plus distingués préparant
les lois et en soutenant la discussion devant le corps législatif ;
4 . Un corps législatif discutant et votant les lois, nommé par le
suffrage universel, sans scrutin de liste qui fausse l’élection ;
5 . Une seconde assemblée formé de toutes les illustrations du pays,
pouvoir pondérateur, gardien du pacte fondamental et des libertés
publiques.
Ce système, créé par le Premier Consul au commencement du siècle, a déjà
donné à la France le repos et la prospérité ; il les lui
garantirait encore. Telle est ma conviction profonde.
Si vous la partagez, déclare-le par vos suffrages. Si, au contraire, vous
préférez un gouvernement sans force, monarchique ou républicain,
emprunté à je ne sais quel passé ou à quel avenir chimérique, répondez
négativement.
Ainsi donc, pour la première fois depuis 1804, vous voterez en
connaissance de cause, en sachant bien pour qui et pour quoi.
Si je n’obtiens pas la majorité de vos suffrages, alors je provoquerai
la réunion d’une nouvelle assemblée, et je lui remettrai le mandat que
j’ai reçu de vous.
Mais si vous croyez que la cause dont mon nom est le symbole, c’est-à-dire
la France régénérée par la Révolution de 89 et organisée par l’Empereur,
et toujours la votre, proclamez-le en consacrant les pouvoirs que je vous
demande.
Alors la France et l’Europe seront préservées de l’anarchie, les
obstacles s’aplaniront, les rivalités auront disparu, car tous
respecteront, dans l’arrêt du peuple, le décret de la Providence.
Fait
au Palais de l’Élysée, le 2décembre 1851.
LOUIS-NAPOLÉON
BONAPARTE.
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