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L'Empire
libéral :
le plébiscite du 8 mai 1870.
Proclamation
de l'Empereur Napoléon III,
23 avril 1870.
par Marc Nadaux
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S'adressant directement aux Français par
le biais de cette déclaration, Napoléon III
fait l'apologie de sa pratique du pouvoir. Depuis 1860, celui-ci s'est libéralisé
suivant sa volonté. Et cette argumentation s'avère nécessaire car
l'enjeu est de taille, l'opposition en plein renouveau. Le plébiscite est
ainsi conçu comme une arme politique. Dans le cas d'un "oui"
massif de la part des Français, ceux- ci lui renouvelleraient la
confiance, maintes fois exprimées en des circonstances similaires au début
de son règne. Au-delà d'un simple scrutin, l'Empereur est à la
recherche d'une nouvelle légitimité qui lui permettrait d'envisager avec
d'avantage de sérénité sa propre succession et la survie du Second
Empire en la personne du Prince impérial. |
FRANÇAIS,
La
Constitution de 1852, rédigée en vertu des pouvoirs que vous m'aviez
donnés, et ratifiée par les 8 millions de suffrage qui ont rétabli
l'Empire, a procuré à la France dix-huit années de calme et de prospérité
qui n'ont pas été sans gloire ; elle a assuré l'ordre et laissé la
voie ouverte à toutes les améliorations.
Aussi,
plus la sécurité s'est affermie, plus il a été fait une large part à
la liberté.
Mais
des changements successifs ont altéré les bases plébiscitaires qui ne
pouvaient être modifiées sans un appel à la Nation. Il devient donc
indispensable que le nouveau pacte constitutionnel soit approuvé par le
peuple, comme l'ont été jadis les constitutions de la République et de
l'Empire.
A
ces deux époques on croyait, ainsi que je le crois moi-même aujourd'hui,
que tout ce qui se fait sans vous est illégitime.
La
constitution de la France impériale démocratique, réduites à un petit
nombre de dispositions fondamentales qui ne peuvent être changées sans
votre assentiment, aura l'avantage de rendre définitifs les progrès
accomplis et de mettre à l'abri des fluctuations politiques les principes
du Gouvernement.
Le
temps perdu trop souvent en controverses stériles et passionnées pourra
être plus utilement employé désormais à rechercher les moyens d'accroître
le bien-être moral et matériel du plus grand nombre.
Je
m'adresse à vous tous qui, dès le 10 décembre 1848, avez surmonter tous
les obstacles pour me placer à votre tête, à vous qui, depuis
vingt-deux ans, m'avez sans cesse grandi par vos suffrages, soutenu par
votre concours, récompensé par votre affection.
Donnez-moi
une nouvelle preuve de constance. En apportant au scrutin un vota
affirmatif, vous conjurerez les menaces de la révolution, vous assoirez
sur une base solide l'ordre et la liberté, et vous rendrez plus facile,
dans l'avenir, la transmission de la Couronne à mon Fils.
Vous
avez été presque unanime, il y a dix-huit ans, pour me conférer les
pouvoirs les plus étendus ; soyez aussi nombreux aujourd'hui pour adhérer
à la transformation du régime impérial.
Une
grande Nation ne saurait atteindre tous son développement sans s'appuyer
sur des institutions qui garantissent à la fois la stabilité et le progrès.
A
la demande que vous adresse de ratifier les réformes libérales réalisées
dans ces dix dernières années, répondez OUI. Quant à moi, fidèle à
mon origine, je me pénétrerai de votre pensée, je me fortifierai de
votre volonté, et, confiant dans la Providence, je ne cesserai de
travailler sans relâche à la prospérité et à la grandeur de la
France.
NAPOLÉON.
Palais
des Tuileries, le 23 avril 1870.
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