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                                                                                Les canuts de Lyon, 1831-1834   1831

 

La révolte des canuts de Lyon,
1831.




Les canuts demandent un tarif officiel de façon,
18 octobre 1831.




par Marc Nadaux







Dans un contexte de crise économique et donc de récession du marché, la concurrence anglaise pèse sur les soieries lyonnaises, malgré la grande qualité de leur production. Pour faire face, les soyeux compriment les prix de fabrication. Leurs agents cherchent ainsi le moindre défaut de tissage des pièces achetés aux chefs d'atelier, afin de ne pas verser le prix convenu.

Se sentant floués, les canuts réagissent. Organisés en sociétés de secours mutuelle, les ouvriers de la soie montrent une grande capacité de mobilisation. Le 18 octobre, dans une adresse au Préfet du Rhône, Bouvier-Dumolart, en poste depuis le 14 mai précédant, ils demandent un tarif officiel de façon. Ce dernier doit ainsi leur permettre de tenir tête aux "fabricants" qui contrôlent le marché.







Les canuts demandent un tarif officiel de façon,
18 octobre 1831.



Monsieur le Préfet,

 

Les chefs d'atelier, fabricants d'étoffes de soie unies et façonnées de la ville de Lyon et ses faubourgs viennent, par notre organe, vous faire agréer leurs sentiments respectueux et réclamer de votre paternelle sollicitude tout l'intérêt que réclame leur position.

Depuis longtemps, Monsieur le Préfet, cette partie industrieuse et intéressante de la population de cette ville confiée à votre administration, souffre, en butte par sa position sociale, à des tracasseries sans nombre dans l'exercice de son industrie et le moment est venu où, cédant à l'impérieuse nécessité, elle doit et veut chercher un terme à sa misère.

Loin d'elle, Monsieur le Préfet, l'idée d'arriver à son but par des voies violentes et illégales. La classe ouvrière éclairée de jour en jour par le flambeau de la civilisation n'ignore pas que ce n'est que par l'ordre et la tranquillité qu'elle obtiendra cette confiance, première base fondamentale du commerce qui lui assure par son travail une ressource à ses besoins journaliers et lui donne les moyens de pourvoir au soutien de sa vieillesse.

Si, contre toute attente et toute justice, nous étions trompés dans notre espoir, nous nous réservons de dérouler aux yeux de nos concitoyens toute la turpitude d'un trop grand nombre de négociants sans pudeur avec lesquels nous sommes en rapport, pour la fortune desquels nous devançons l'aurore et prolongeons bien avant dans la nuit un travail dont ils ne rougissent pas de diminuer journellement le salaire.

C'est dans ce but, Monsieur le Préfet, que les maîtres-ouvriers et fabricants de la ville de Lyon et des faubourgs ont choisi deux d'entre eux par quartier pour former une Commission chargée de recueillir tous les renseignements qui concernent leur industrie et les moyens de détruire les nombreux abus par la création d'un tarif et règlement qui seront discutés et réglés par les parties intéressées.

Sachant à quel point vous possédez, à juste titre, l'affection de vos administrés, elle vous supplie d'apporter votre médiation bienveillante dans les débats qui vont s'ouvrir.

Vos très humbles et très obéissants serviteurs.