Déclaration de M. de Gramont au Sénat
Une heure et demie.
Messieurs,
La manière dont le pays a accueilli notre déclaration du 6 juillet, nous
a fait commencer les négociations avec la Prusse pour faire reconnaître
la légitimité de nos griefs.
Nous n'avons agi ni sur l'Espagne
dont nous ne voulions pas froisser l’indépendance, ni sur le prince de
Hohenzollern que nous considérions comme couvert par le roi et nous
n'avons avancé aucun autre grief.
Le ministre des affaires prussien nous a opposé une fin de non-recevoir,
prétendant ignorer l'affaire.
Nous nous sommes alors adressé au roi qui a soutenu qu’il y était étranger,
qu’il n'y était intervenu que comme chef de famille, mais a avoué
qu'il avait informer M. de Bismarck.
Nous ne pouvions accepter cela, et noua avons demandé que le roi pesât
sur le prince de Hohenzollern.
Pendant ses négociations, le désistement est venu du côté où on
l'attendait le moins. Nous avons alors demandé au roi de promettre pour
l’avenir.
Demande modérée faite en termes modérés. Nous avons déclaré être
sans arrière-pensée.
Le roi refuse de déclarer qu’il refusera à l’avenir d’empêcher
cette candidature.
Il a refusé de nous autoriser à vous transmettre la déclaration qu'il
s’opposerait à l'avenir à cette candidature.
Il a déclaré se réserver la faculté de consulter les circonstances.
Même après le refus, nous ne rompîmes pas les négociations et nous
avons ajourné ici nos explications.
Hier, nous avons appris que le roi de Prusse avait fait signifier à notre
ambassadeur qu’il ne le recevrait plus, et, pour rendre cet éclat plus
sensible, il l'a notifié aux cabinets de l'Europe.
En même temps, il annonçait que M. de Werther devait prendre un congé,
et que les armements de la Prusse ont commencé.
Pour nous, nous avons rappelé les réserves dès hier, et nous allons
prendre les mesures commandées par l'intérêt et l’honneur du pays.
(Acclamations et bruits.)
La même déclaration a été faite au Corps législatif par M. le
garde des sceaux.
Le gouvernement demande des subsides et le rappel de toutes les classes.
Le Corps législatif a voté l’urgence.
La gauche a voté contre.