|
A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.
|
|
| |
sur 19e.org |
|
|
|
Dans la Vienne.
L'état
d'esprit à Châtellerault,
7 décembre 1851.
par Marc Nadaux
|
|
A Châtellerault, ville où réside une
forte population ouvrière pénétrée des idées républicaine et
socialistes, la lutte se fait plus âpre. Grâce à la venue de soldats,
les autorités évitent que la ville n'entre pas en insurrection. Puis,
après quelques semaines d'effervescence, vient le temps de la résignation
pour les opposants. Ceux-ci constatent en effet que la lutte est terminée
au vue des résultats du plébiscite. Auparavant, le sous-préfet de
l'arrondissement s'est tout de même fait l'avocat auprès des notables
locaux du parti bonapartiste et de l'action de Louis-Napoléon Bonaparte. |
Département
de la Vienne
Sous-Préfecture de Châtellerault
Châtellerault,
le 7 décembre 1851
Monsieur le Préfet,
Jusqu'à présent, j'ai eu l'honneur de vous tenir informé,
par voie télégraphique, de l'état de la ville de Châtellerault et de
l'arrondissement. Je viens aujourd'hui vous donner l'assurance que toutes
les dépêches télégraphiques qui me sont parvenues, imprimées en
placards, ont été, sans le moindre retard, transmises aux communes, pour
y être publiées et affichées.
Partout, notamment dans les campagnes, on applaudit aux
mesures énergiques prises par le Prince-Président et l'on en attend pour
l'avenir stabilité et sécurité. Les dernières nouvelles arrivées de
Paris ont été reçues avec une vive satisfaction.
Les rouges qui, il y a huit jours, se montraient encore si
menaçants, sont consternés. C'est que l'arrivée très opportune d'un
escadron de dragons et de deux compagnies d'infanterie les a rendus
prudents. Ils se sont bien vite exécutés et n'ont pas été les derniers
à fournir les objets de literie que j'ai fait requérir chez les
habitants, pour loger et coucher l'infanterie à l'hôtel de ville où, au
besoin, je la trouverai sous ma main.
Malgré le calme, je veille. J'ai passé sur pied les quatre
premières nuits. Maintenant je commence à prendre un peu de repos.
Dans les premiers jours, il y a eu quelques hésitations chez
les hommes d'ordre ; on est venu de la ville et des campagnes me les
soumettre avec confiance. J'ai fait comprendre qu'il s'agit d'une lutte
d'extermination entre la société et la barbarie, que si le Prince-Président
n'en sort pas vainqueur, tout ce qui tient à l'ordre périra, corps et
biens ; que loin d'hésiter ou de s'abstenir, il faut prêter tout son
concours au pouvoir exécutif et l'aider de tous ses efforts.
Je suis content des dispositions de mon arrondissement.
Je suis avec respect, Monsieur le Préfet votre très humble et très obéissant
serviteur
Le Sous-Préfet,
CUENOT
|