Mirebeau, 15
janvier 1852.
Monsieur le Préfet,
Dimanche 11 du courant a été chanté en l'église
Notre-Dame de cette ville le Te Deum en action de grâce du vote des 20 et
21 décembre. Tous les fonctionnaires sans exception ont assisté à cette
cérémonie, les personnes les plus notables se sont jointes au cortège
qui s'est ainsi trouvé très nombreux, la pluie seule a causé quelque dérangement
à notre fête qui en résumé a été belle. On dit que depuis bien des
années il ne s'était rien vu de pareil à Mirebeau.
J'ai fait disparaître du frontispice de l'hôtel de ville et
de tous endroits où ils existaient, ces figures révolutionnaires qui
depuis quatre ans faisaient peur aux honnêtes gens. L'arbre dit de la
Liberté n'existe plus.
Maintenant rien ne nous choque la vue si ce n'est l'enseigne
de la République du Sieur favre. Il est vrai qu'il en a fait disparaître
le niveau égalitaire qui tranchait sur un fond rouge et qu'il l'a remplacé
par une lune noire mais il reste le surplus de cette enseigne dont la
couleur sinistre fait mal. J'ai proposé à mon collègue de la commission
de faire fermer l'établissement, ces messieurs ont pensé qu'en agissant
de la sorte nous dépasserions les bornes de nos attributions que cette
mesure ne devait être prise que par vous ou par vos ordres exprès.
L'opinion et l'esprit public s'améliorent et je m'apperçois
de quelques conversions qui je l'espère en amorceront d'autres. Tout va
bien, je compte que dans quelque temps les choses marcheront encore mieux.
Agréer l'assurance du profond respect et de l'entier dévouement avec
lequel j'ai l'honneur d'être, Monsieur le Préfet, votre bien humble et
très obéissant serviteur.
Le Maire