Département
du Calvados
Sous-préfecture de Falaise
Falaise,
le 4 décembre 1851.
Monsieur le Préfet,
L'arrondissement continue à jouir du calme le plus parfait.
L'immense majorité de ses habitants accepte avec satisfaction les grandes
mesures adoptées par le Président. Les démagogues sont consternés.
Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous l'écrire hier le
concours des juges de paix est assuré.
Le remplacement de quelques maires et adjoints est nécessaire
et urgent. Vous trouverez leurs noms dans le tableau ci-joint. J'y inscrit
en regard ceux des successeurs qu'il convient de leur donner.
Les maires oui adjoints à remplacer appartiennent tous au
parti démagogique. J'ai cru ne devoir étendre ces changements qu'aux
hommes les plus compromis et les moins considérés comme particuliers.
Les légitimistes paraissent jusqu'à présent disposés à
accepter, sans hésitation, les décrets du 2 décembre.
Vous savez, Monsieur le Préfet, ce que je n'ai pas cessé de
dire à l'égard de M. le Receveur des Finances et de M. le Procureur de
la République. Je sais persister en mon avis. Le mécontentement de ces
fonctionnaires est mal dissimulé. Si des difficultés surgissaient leur
hostilité serait certaine, et ils exerceraient de graves embarras à
l'administration.
Si des meures, que je crois utiles, devaient être adoptées
à leur égard, le Receveur particulier serait avantageusement remplacé
par M. Delord, percepteur à Bayeux. Il est de Falaise où sa famille
exercer de l'influence, et il y serait accueilli avec plaisir par la
population.
Quant au successeur de M. Carpentier, il
serait fort avantageux qu'il connut le pays et qu'il fut d'une fermeté éprouvée.
M. Champin, Procureur de la République, à Argentan, serait dans ces
conditions. J'ai combattu sa candidature à la Présidence du Tribunal
pour des motifs que je persiste à croire bien fondés, mais qui
n'existent pas pour les fonctions de Procureur de la République.
J'ai la conviction que tous les fonctionnaires, autres que
ceux dont je viens de parler, donneront avec empressement leur adhésions
aux faits qui viennent de s'accomplir.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de mon
respectueux dévouement,
Le sous-Préfet,
Fontbrune.
P.S.: je compléterai
demain mes propositions pour les changements dans les administrations
municipales.
Je me suis assuré de l'acceptation de M. le général de
Blocqueville.