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Henrik SIENKIEVICZ 

(Okrzeja, 5 mai 1846 - Vevey, 15 novembre 1916)


Polonais.

Ecrivain.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1894,
Quo Vadis.
1905, prix Nobel de littérature.



 






Henryk Sienkiewicz naît le 5 mai 1846 à Okrzeja, un petit village de Podlesie. Cette région, située dans l’Est de la Pologne, est alors placée sous l’administration russe. Ses parents, modestes hobereaux, y possèdent un domaine où l’enfant est élevé sous l’autorité d’un précepteur, en compagnie de son frère aîné et de ses quatre sœurs cadettes. Sa mère, qui elle-même collabore avec quelques journaux à qui elle fait parvenir ses propres vers, lui donne très jeune le goût de la littérature. Au mois de septembre 1858, Henryk est envoyé à Varsovie où il entre au collège. Trois années plus tard, ses parents, ruinés, l’y rejoignent après avoir cédé leurs terres. En 1864, au terme d’études peu brillantes, Sienkiewicz, sans diplôme, se décide à vivre de sa plume.

Le jeune homme se fait précepteur auprès d’une riche famille de Plonsk. Là, il prépare seul son Baccalauréat, obtenu au mois de septembre 1866. Ce diplôme lui permet peu après d’entrer à l’université, en médecine puis en droit, enfin en lettres au mois de février 1867. Sienkiewicz attendra deux années et le 18 avril 1869 pour voir son premier article publié dans la presse polonaise, une critique théâtrale pour le Przeglad Tygodniowy. Au cours de l’été 1872, un autre journal, Wieniec, publie cette fois-ci un de ses récits, En Vain. La même année, alors que l’étudiant abandonne l’université, le Przeglad Tygodniowy édite deux volumes de ses nouvelles, baptisés Les Humoresques.



Ses activités de chroniqueur pour la Gazeta Polska lui offrent à présent quelques revenus, de quoi entreprendre un premier voyage à l’étranger, en Belgique et en France en 1874. Deux années plus tard, il s’embarque pour l’Amérique et la Californie, s’enfonçant à l’intérieur du continent, y vivant d’expédiants et d’aventures, du soutien de la diaspora polonaise. De retour en Europe en 1878, l’écrivain est à Paris, auprès de quelques amis polonais, avant de regagner sa patrie. En Pologne, outre ses chroniques dans la presse locale, des conférences où Sienkiewicz relate son périple américain lui permettent de sortir d’une situation financière difficile. Celles-ci complètent ses Lettres d’Amérique.

Au mois de septembre 1879, l’écrivain est à Venise, où il fait la connaissance de sa future épouse, Maria Szetkiewicz. Leur union est célébrée le 18 septembre 1881. A cette époque, le jeune marié est devenu le rédacteur en chef de la Gazeta Polska, ce qui lui assure enfin le confort matériel. Après la naissance de deux enfants, un fils prénommé Henri-Joseph au mois de juillet 1882, puis une fille baptisée Jadwiga au mois de décembre de l’année suivante, le couple parcourt l’Europe pour soigner la maladie de Maria. La tuberculose l’emportera le 19 octobre 1885, à Francfort-sur-le-Main.



Henryk Sienkiewicz est maintenant un écrivain au talent reconnu. Ayant abandonné l’irrévérence pour un catholicisme bon teint, quelques volumineux romans historiques – citons Par le fer et par le Feu publié en 1885, Le Déluge l’année suivante et enfin Messire Wolodyowski achevé en 1888, un cycle en forme de trilogie qui comte le passé militaire glorieux de la Pologne du XVIIème siècle – lui vaut une grande popularité parmi ses compatriotes. Ceux-ci assistent à des lectures publiques de ses œuvres antérieures, tandis que l’écrivain parcourt l’Europe, séjournant dans les villes d’eau et autres lieux de villégiature. Egratigné cependant par la critique, Sienkiewicz se lance dans la rédaction d’un opuscule, Du Roman historique, sorte d’apologie de son œuvre romanesque. Il publie néanmoins en 1890 un nouveau roman, Sans Dogme, dont le cadre est cette Pologne de la fin du siècle, puisqu’il prend la forme d’un journal d’un aristocrate polonais.

En 1891 paraissent ses Lettres d’Afrique, souvenirs d’un voyage au Caire, à Zanzibar, avant de se consacrer à la lecture d’Ernest Renan et à l’étude de l’histoire des premiers chrétiens. Le 11 novembre 1893, Henryk Sienkiewicz, l’écrivain à succès, se remarie à Maria Wolodkiewicz, âgé de dix-neuf ans, la fille d’un riche négociant en blé. Leur union sera cependant cassée par la volonté de la famille de la jeune femme. Après la publication de La Famille Polaniecki en 1894, commence à paraître Quo Vadis, en feuilletons, le 26 mars de l’année suivante, simultanément dans les colonnes de la Gazeta Polska à Varsovie, de Czas à Cracovie et dans le Dziennik poznanski à Poznan. Une réédition de sa trilogie obtient un grand succès, de même que ses œuvres complètes disponibles chez Bebethner et Woff. Quo Vadis est même traduit aux Etats-Unis et dans le reste de l’Europe. C’est la gloire littéraire pour Henryk Sienkiewicz qui se verra décerné le prix Nobel de littérature en 1905.

L’écrivain, devenu une gloire nationale, se préoccupe ensuite de rendre hommage à d’autres héros de la culture polonaise. Le libéralisme du nouveau Tzar de Russie, Nicolas II, lui permet d’ériger un monument à Mieckiewicz, puis à Slowacki. En 1900, Sienkiewicz, qui vient de recevoir la bénédiction du pape Léon XIII, rédige une Lettre à la baronne Suttner, une défense du peuple polonais sous l’autorité prussienne, éditée partout en Europe. Une souscription nationale permet même à un comité de faire l’acquisition d’une propriété à Oblegorek, près de Kielce, qui lui est destinée !

Le 4 avril 1904, en visite à Paris, Sienkiewicz reçoit la Légion d’honneur des mains de Théophile Delcassé, ministre es Affaires étrangères. La même année, il épouse Maria Babska. Après Au Champ d’honneur, nouveau roman historique, l’écrivain achève la rédaction de Tourbillons en 1910. Au cours de ces dernières années, il multiplie les initiatives en faveur du peuple polonais, créant des écoles dans les régions sous autorité russe, publiant également une Lettre ouverte d’un Polonais à un ministre russe, protestant auprès de l’empereur Guillaume II contre la politique de germanisation pratiquée à leur encontre dans l’enseignement…



Pendant la première Guerre mondiale, Sienkiewicz se réfugie en Suisse, à Vevey. Il y préside un comité de secours aux victimes polonaises de la guerre. Se désespérant de l’engagement de ses frères auprès des armés allemande, autrichienne et russe, l’écrivain lance un Appel aux peuples civilisés. Il décède d’une embolie le 15 novembre 1916, ses cendres revenant dans sa patrie polonaise, enfin libre, en 1924.