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Théodore GÉRICAULT 

(Rouen, 26 septembre 1791 - Paris, 26 janvier 1824)


Français.

Scientifique.



par Jean-Marc Goglin


 

     Quelques dates :

1811, inscrit à l'École des Beaux-Arts
.
1814,
Cuirassier blessé quittant le feu.
1819,
présente au Salon sa Scène de naufrage.


 






Jean-Louis André Théodore Géricault naît à Rouen le 26 septembre 1791. Fils unique d’une riche famille bourgeoise, l’enfant se montre à la fois hypersensible, turbulent, doux et fougueux. Dans les premières années du Consulat, ses parents s’installent à Paris, au n° 96 de la rue de l'Université. Son père abandonna alors son métier d'avocat pour un emploi plus rémunérateur dans une manufacture de tabac. Le décès de sa mère en 1801 assombrit l’enfance de Géricault déjà marquée par les événements de la Révolution. Au mois d'octobre 1806, il entre alors au Lycée impérial (actuel Lycée Louis-le-Grand) mais néglige rapidement ses études. L’adolescent préfère s’intéresser à la peinture ou pratiquer l’équitation. Il admire alors l’œuvre de Pierre Paul Rubens ou la personnalité de l’écuyer Franconi, directeur du Cirque olympique.

Possédant, grâce à l’héritage venu de sa mère, une fortune personnelle suffisante pour asseoir sa liberté matérielle, Géricault se tourne résolument vers la peinture. A partir de 1808, il s’initie ainsi auprès de Carle Vernet puis, en 1810, poursuit son apprentissage auprès de Pierre-Narcisse Guérin. Géricault étudie également seul. Il se rend ainsi fréquemment au Louvre pour copier Le Titien, Rubens, Le Caravage. L’artiste, qui loge maintenant dans une mansarde rue de la Michodière, fréquente également les écuries de Versailles et y étudient les chevaux, la manière de les représenter.

Inscrit à l'École des Beaux-Arts en février 1811, il expose au Salon l'année suivante une de ses productions intitulée l’Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant, représentant le lieutenant Alexandre Dieudonné. Théodore Géricault obtient à cette occasion de nombreuses éloges venus du public présent ainsi qu’une médaille distinguant son œuvre sur la proposition de Vivant Denon, directeur du Musée du Louvre (à l'époque Musée Napoléon). Le peintre ne parvient cependant pas à vendre son tableau. Il choisit alors de l’exposer de nouveau l’année suivante. Enfin, au mois de novembre 1814, dans la capitale occupée, Géricault lui donne un aspect pathétique, en le représentant en Cuirassier blessé quittant le feu.



Alors qu'il a échappé au service militaire, son père lui trouvant un remplaçant, l’artiste s’engage le 1er juillet 1814 dans le corps des Mousquetaires gris du roi et accompagne ainsi Louis XVIII après les Cent-Jours dans sa fuite à Gand au mois de mars 1815. A son retour à Paris, il s’installe au n°23 de la Rue des Martyrs, travaillant dans la solitude et le silence. Durant les années 1815-1816, Géricault est bouleversé par ses amours malheureuses avec une femme mariée, sa jeune tante, Alexandrine-Modeste Caruel. Désireux de s’éloigner de la capitale et de ses intrigues sentimentales, il part alors pour l’Italie au mois de septembre 1816. Ce départ répond également au désir de l’artiste de faire évoluer son style.

Géricault arrive à Florence le 10 octobre suivant. Dans la cité toscane, il étudie Michel-Ange et les peintres maniéristes. L’artiste se rend ensuite à Rome où il est littéralement envoûté par la chapelle Sixtine. Il se lie alors à Auguste et Victor Schnetz, puis rend visite à Ingres. Géricault dessine beaucoup pendant cette période. La course de chevaux qui a lieu au printemps, sur le Corso, l’enchante et il ne peut s’empêcher de la représenter. Le peintre choisit alors la frénésie du départ, au moment où les palefreniers contiennent difficilement les bêtes prêtent à s’élancer.



Géricault rentre à Paris au cours de l’automne 1817. Il peint le Marché aux bœufs , Le train d'artillerie, Le passage du ravin, plusieurs toiles inspirés de son expérience italienne comme la Course de chevaux libres à Rome ainsi que plusieurs Paysages italiens. Le peintre exécute également des portraits et exploite, aussitôt découverte, la technique de la lithographie. Il étudie aussi avec passion les fauves du Jardin des plantes. Il devient un des opposants à la Restauration dont il dénonce la froideur et l’hypocrisie.

C’est alors qu’un fait divers retient son attention. Le 2 juillet 1816 en effet, la frégate La Méduse qui vogue vers le Sénégal échoue aux larges des côtes. Les officiers et les passagers prennent place sur les canot qui doivent remorquer cent-cinquante hommes, entassés sur un radeau de fortune. Bientôt les amarres rompent et l’embarcation dérive, laissant ses passagers en proie à la faim, à la folie et bientôt à la bestialité. Lorsque le navire l’Argus croise leur route, il ne reste plus que quinze survivants.

Géricault décide de rencontrer deux de ces malheureux, Corréar, le constructeur du bateau, et Savigny, un médecin, qui ont tous deux publié le récit de cette dérive. Cependant, la reconstitution de l’évènement sur toile est laborieuse. Cloîtré durant seize mois dans un vaste atelier qu'il loue rue du Faubourg du Roule (aujourd'hui rue du Faubourg Saint-Honoré), l’artiste accumule cinquante esquisses et dessins préparatoires. Ayant fait fabriquer une maquette du radeau par un menuisier, il travaille ainsi d’après des modèles vivants mais aussi à l’aide de morceaux de corps obtenus grâce à des amis médecins. Sa composition est enfin achevée, elle occupe une surface de 35 m2. Il présente alors celle-ci au Salon de 1819, sous le titre de Scène de naufrage. Le succès est considérable. Louis XVIII lui-même accompagné de son ministre Decazes complimente l'artiste. Si l’ensemble de la presse parisienne hurle au scandale, la jeune génération y voient en revanche la fin de l’école de David dont Antoine-Jean Gros a repris le flambeau.



Géricault est même invité à exposer sa toile outre-Manche. Il s’embarque alors au mois d’avril suivant et séjourne près de deux années en Angleterre. Celle-ci supplante bientôt l’Italie comme pôle d’attraction dans l’esprit de l’artiste. Le peintre allège d’ailleurs à cette époque sa touche et colore sa palette. Il adopte la fraîcheur et la fluidité de l’aquarelle. Géricault développe également la lithographie pour multiplier les études sur les chevaux ou saisir la réalité sociale anglaise. Sa toile la plus significative est
La course de chevaux à Epsom.

De retour en France au mois de décembre 1821, Géricault voit peu à peu sa santé se détériorer. L'artiste est dépressif. Le thème de Mazeppa, qu’il traite avant les romantiques, est alors le symbole de sa propre vie. Cependant le peintre réalise surtout des toiles de format modeste. Il réalise alors des portraits représentant des personnes exclues de la société, comme les aliénés de la Salpetrière en 1822, peint pour le docteur Georget, médecin-chef de l'hôpital. S’il rêve à de grandes compositions, Géricault n’en réalise que les esquisses à la pierre noire où à la sanguine.



Théodore Géricault décède à Paris, le 26 janvier 1824 à 8 heures du matin, des suites d'une chute de cheval.