La
République proclamée en 1870 se dote l'année suivante d'un " Chef
du pouvoir exécutif " en la personne d'Adolphe Thiers, qui bientôt
prend le titre de Président. " Chef ! On me prendra pour un
cuisinier ! ", ce serait exclamé celui-ci. Elu pour sept ans par les
parlementaires selon les lois constitutionnelles votées en 1875, il a
sous la troisième République un rôle essentiellement de
représentation.
Tout se joue en effet lors de la crise de l'été 1877, au moment où le
président Mac-Mahon, monarchiste convaincu, est en lutte avec une
majorité républicaine à l'Assemblée nationale. Cette dernière
l'emporte finalement et désormais le premier personnage de l'Etat
renoncera a développer une politique personnelle. Ce que résume Jules
Grévy en 1879, lors de sa prise de fonction par la formule : "
Soumis avec sincérité à la grande loi du régime parlementaire, je
n'entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par ses
organes constitutionnels ".
Adolphe Thiers (août 1871 - mai 1873), Patrice de Mac-Mahon (mai 1873 -
janvier 1879), Jules Grévy (janvier 1879 - décembre 1887), Sadi
Carnot (décembre 1887 - juin 1894), Jean Casimir-Périer (juin 1894
- janvier 1895), Félix Faure (janvier 1895 - février 1899), Emile Loubet
(février 1899 - janvier 1906), Armand Fallières (janvier 1906 - janvier
1913) vont donc se succéder à l'Elysée. Et si ce président, bien
falot, n'intervient qu'assez peu dans la vie politique des Français,
" la place n'est pas mauvaise " comme le dit l'un d'entre-eux,
couronnant une carrière politique. D'où le dépit d'un Clemenceau, le
" Père la Victoire ", supplanté aux plus hautes fonctions de
l'Etat en 1920 par Paul Deschanel.