I
Ces jours derniers pour se
distraire
Quelques Élus de la nation,
Parcouraient d'une allure fière
L'enceinte du Palais-Bourbon ;
Lorsque du milieu de la salle,
Une figure martiale
Se dresse les yeux menaçants
Devant nos députés tremblants.
L'intrépide Floquet
S'arrête stupéfait,
Lockroy tombe avec Clemenceau
Dans les bras de Waldeck-Rousseau.
Sur le nez de Ferry
Goblet cherche un appui,
Et chacun de crier
" Comme il ressemble à Boulanger ".
REFRAIN
Assurément,
Ce n'est qu'un Revenant,
Qui va dans, un instant
Prendre, la fuite!
Pour nous, d'abord,
Le Général est mort
Et ce .serait trop fort,
Qu'il ressuscite !
II
L'apparition reste muette,
Et nos Députés enhardis
Tout. doucement lèvent la tête
Et la regardent indécis.
Dans chaque trait de ce visage,
Brillent l'honneur et le courage,
Et cet air noble et martial
Qui distinguent le Général.
" C'est presque son portrait,
Dit en tremblant Floquet. "
J'ai bien peur, reprend Clemenceau
Qu'il ne revienne du tombeau ".
" Je jure que c'est lui,
Dit le pauvre Ferry :
On ne peut s'y tromper,
Ce spectre-là, c'est Boulanger ".
REFRAIN
III
Voulant éclaircir ce mystère
Et par eux-mêmes s'assurer
Que leur frayeur est éphémère
Nos Élus veulent l'aborder ;
Mais à mesure qu'il avance
Chacun guidé par la prudence
S'arrête au milieu du chemin
Pour laisser passer son voisin.
" Il me reconnaîtrait,
Je reste, dit Floquet ".
" Avancez donc, fait Clemenceau ".
" Après vous, dit Waldeck-Rousseau ".
" Pour moi, j'attends ici,
Reprend Jules Ferry :
Je ne veux pas tomber
Dans les griffes de Boulanger ".
REFRAIN
IV
Tandis que chacun se retire,
Cédant le pas à ses amis,
Le Revenant se met à rire,
Devant ces pauvres ahuris.
" Halte, dit-il troupe servile,
Votre démarche est inutile,
Car devant vous en ce moment,
Le Général est bien vivant !
Je vous surprends, Floquet,
Et vous, maître Goblet,
Comme le disait : Clemenceau,
Je suis sorti de mon tombeau,
Et ce pauvre. Ferry
Ne croyait pas ici,
Un jour se retrouver
Dans les griffes de Boulanger ! "
REFRAIN
Assurément,
Je suis un Revenant,
Qui va dans un instant
Vous mettre en fuite
Pour moi d'abord,
Rien ne parait trop fort,
Et quand on me croit mort
Je ressuscite !