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                                                   Le général Boulanger   Dans la chanson

 

Le général Boulanger dans la chanson.

Épatement général,
1888.


par Marc Nadaux


 





Nommé ministre de la Guerre dans la cabinet Freycinet, le 7 janvier 1886, le général Boulanger accède bientôt à une popularité inégalée. Affichant son dévouement à la République, le nouveau ministre montre sa fermeté vis-à-vis de l’Allemagne. Il prend également des mesures qui améliorent l'ordinaire du soldat ou donnent à l'Armée un caractère plus cocardier. Trop encombrant cependant, il n’est pas reconduit dans ses fonctions à la suite de la chute du cabinet Goblet, le 17 mai 1887. Le nouveau gouvernement mené par Maurice Rouvier décide d'ailleurs de l’éloigner de la capitale. Le général Boulanger est ainsi nommé à la tête du 13ème corps d’armée basé à Clermont-Ferrand puis mis à la retraite d’office, le 26 mars 1888. Rendu à la vie civile, Georges Boulanger peut à présent se consacrer à sa nouvelle carrière politique. Aussi le retour du " brave général ", bientôt élu lors d'élections législatives partielles, sème la peur dans le monde des parlementaires ... 







I


Ces jours derniers pour se distraire
Quelques Élus de la nation,
Parcouraient d'une allure fière
L'enceinte du Palais-Bourbon ;
Lorsque du milieu de la salle,
Une figure martiale
Se dresse les yeux menaçants
Devant nos députés tremblants.
L'intrépide Floquet
S'arrête stupéfait,
Lockroy tombe avec Clemenceau
Dans les bras de Waldeck-Rousseau.
Sur le nez de Ferry
Goblet cherche un appui,
Et chacun de crier
" Comme il ressemble à Boulanger ".


REFRAIN

Assurément,
Ce n'est qu'un Revenant,
Qui va dans, un instant
Prendre, la fuite!
Pour nous, d'abord,
Le Général est mort
Et ce .serait trop fort,
Qu'il ressuscite !



II


L'apparition reste muette,
Et nos Députés enhardis
Tout. doucement lèvent la tête
Et la regardent indécis.
Dans chaque trait de ce visage,
Brillent l'honneur et le courage, 
Et cet air noble et martial
Qui distinguent le Général.
" C'est presque son portrait,
Dit en tremblant Floquet. "
J'ai bien peur, reprend Clemenceau 
Qu'il ne revienne du tombeau ".
" Je jure que c'est lui, 
Dit le pauvre Ferry :
On ne peut s'y tromper, 
Ce spectre-là, c'est Boulanger ".


REFRAIN



III


Voulant éclaircir ce mystère 
Et par eux-mêmes s'assurer 
Que leur frayeur est éphémère 
Nos Élus veulent l'aborder ;
Mais à mesure qu'il avance
Chacun guidé par la prudence
S'arrête au milieu du chemin
Pour laisser passer son voisin.
" Il me reconnaîtrait,
Je reste, dit Floquet ".
" Avancez donc, fait Clemenceau ". 
" Après vous, dit Waldeck-Rousseau ".
" Pour moi, j'attends ici,
Reprend Jules Ferry :
Je ne veux pas tomber
Dans les griffes de Boulanger ".


REFRAIN



IV


Tandis que chacun se retire,
Cédant le pas à ses amis,
Le Revenant se met à rire,
Devant ces pauvres ahuris. 
" Halte, dit-il troupe servile,
Votre démarche est inutile, 
Car devant vous en ce moment,
Le Général est bien vivant !
Je vous surprends, Floquet,
Et vous, maître Goblet,
Comme le disait : Clemenceau, 
Je suis sorti de mon tombeau,
Et ce pauvre. Ferry
Ne croyait pas ici,
Un jour se retrouver
Dans les griffes de Boulanger ! "


REFRAIN

Assurément,
Je suis un Revenant,
Qui va dans un instant
Vous mettre en fuite
Pour moi d'abord,
Rien ne parait trop fort,
Et quand on me croit mort
Je ressuscite !