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                                                   Le général Boulanger   Dans la Somme

 

Le boulangisme dans le département de la Somme
(1886-1889).


Élections législatives du 22 septembre 1889 : 

Profession de foi de Lucien Millevoye, candidat boulangiste.



par Marc Nadaux


 





Reprenant une énième fois à son compte le credo boulangiste, Lucien Millevoye défend sa candidature aux élections législatives du 22 septembre 1889. Malgré le succès de quarante-quatre députés boulangistes, dont Maurice Barrès à Nancy, le mouvement est décapité. Ses différentes composantes, de droite et de gauche, éclatent. Le parti est dissout au mois de mai 1890. Le 30 septembre 1891, le général Georges Boulanger, en exil depuis deux années, se suicide d’un coup de revolver à Ixelles en Belgique, sur la tombe de sa maîtresse Marguerite de Bonnemains, décédée le 16 juillet précédent.








Profession de foi de Lucien Millevoye, candidat boulangiste.




Mes Chers Concitoyens,



J'ai l'honneur de me présenter à vos suffrages.

Vous avez donné, le 19 août 1888, au Général Boulanger, dans les cantons d'Amiens, de Boves et de Conty, une majorité de huit mille neuf cents voix.

Au scrutin du 28 juillet 1889, le Général Boulanger a été élu conseiller général du canton Sud-Est d'Amiens par deux mille quatre cent trente-sept électeurs.

Deux fois, depuis un an, vous avez manifesté hautement le mépris que vous inspire un gouvernement qui a méconnu les volontés de la Nation.

Des scandales encore impunis, les instincts les plus bas, cherchant un abri sous des situations officielles..., le symbole sacré de l'honneur livré à d'infâmes trafics ; des ministres flétris à la tribune de la Chambre, absous par une majorité de complices !... voilà les hontes, voilà les humiliations nationales que nous soumettons au jugement du peuple.

L'âme de la Patrie n'est point dans ces cabinets qui naissent et qui meurent dans les orages parlementaires... que le peuple n'a point reconnus, point consacrés, dont toute la science consiste à prolonger de quelques mois leur fragile existence.

Elle n'est point dans ce Parlement qui devrait nous donner l'image fidèle des gloires, des grandeurs, des forces de notre pays..., et qui n'est que la représentation des rivalités de sectes, des jalousies de coteries.

Les défenseurs de cette Chambre osent déclarer qu'ils personnifient la République.

Leur prétention d'exclure ou de proscrire les patriotes qui refusent de s'associer à leurs rancunes est aussi vaine que ridicule.

La République sera nationale, généreuse, ouverte à tous les concours patriotiques, le jour où elle échappera à ceux qui l'exploitent.

Iil faut la faire aimer et respecter. Il faut qu'elle cesse d'être la propriété de quelques politiciens. Elle n'appartient qu'au peuple, le seul maître et le seul juge.

Assez de paroles violées ! Assez de promesses oubliées ! Assez d'impuissances ! Les questions les plus pressantes ne reçoivent pas de solution. Les commissions parlementaires paraissent chargées non de les résoudre mais de les ajourner ou de les étouffer.

Il est temps d'aboutir à une organisation définitive des pouvoirs publics. Le peuple ratifiera l'œuvre de la prochaine Constituante.

Le Sénat, sortant de ses attributions, a abaissé son caractère et compromis son indépendance en se prêtant à une misérable parodie de justice. Il a fait œuvre de partialité et de haine. L'arrêt populaire le frappera de déchéance.

L'agriculture, l'industrie et le travail national ont été sacrifiés aux calculs d'une politique tour à tour incapable et avide. Les ressources de la France ont été follement, criminellement gaspillées.

Le premier devoir d'un gouvernement vraiment digne de ce nom sera de réduire les dépenses et les impôts dans les limites fixées par l'intérêt public.


ÉLECTEURS,


Depuis un an la peur, la fureur des opportunistes et de leurs alliés se sont acharnées sur le Général Boulanger, votre élu.

Votre vote du 22 Septembre le vengera de cette odieuse persécution.

En SON NOM, je vous convie à vous unir dans un grand effort patriotique, à fonder un régime de probité, de liberté, d'honneur..., respectueux des droits et des consciences..., capable de s'imposer à l'estime de l'Europe et d'assurer, par la loyauté de ses actes, la paix durable.


Vive la République Nationale !


Vive la France !



Lucien MILLEVOYE,

Membre du Comité Républicain National.