Entré
en politique, les victoires électorales du général Boulanger, ancien ministre
de la Guerre dans le cabinet Freycinet, prennent un caractère plébiscitaire,
au mois d'avril et au mois d'août 1889. Celui-ci se refuse cependant à marcher
vers l'Élysée au soir d'un nouveau succès à Paris, le 27 janvier 1889.
Les républicains du gouvernement réagissent
en modifiant la loi électorale. Devant la rumeur de son arrestation imminente,
le général Boulanger prend peur et s'enfuit en Belgique au mois d'avril 1889,
se discréditant auprès des Français. Le 14 août suivant, le Sénat, réuni
en Haute-Cour, le condamne, par contumace, à la déportation dans une enceinte
fortifiée.
Le " brave général ", à présent en exil, appelle néanmoins
à voter pour Lucien Millevoye, le candidat du parti national dans le département
de la Somme. Dans ce tract, Georges Boulanger revient sur sa récente
condamnation par la Haute-Cour. Il affirme son honnêteté et dénonce ainsi la
haine des "prétendus juges", les sénateurs, à son encontre. Le général
Boulanger leur récuse la compétence de le juger, lui l'ancien ministre de la
Guerre, et se déclare prêt à comparaître en cour d'Assisses, ou devant ses
pairs, au Conseil de guerre.