Le cinéma naît avec le siècle, le XXème siècle. Inventé à
la suite de multiples perfectionnements techniques par les frères Lumière en
1895, la première projection publique a lieu au mois de décembre dans le
Salon indien du Grand Café à Paris. Quelques années plus tard, un autre
Français, Georges Méliès crée l'art cinématographique tandis que de
multiples entrepreneurs s'emparent bientôt de l'invention. Charles Pathé
notamment est persuadé que le cinéma a un riche avenir commercial devant
lui. Il ouvre rapidement L'Omnia, une salle de projection située au 5,
boulevard Montmartre.
Cette initiative est ensuite largement copiée. Le Petit Journal, qui
s'appuie sur le grand nombre de ses lecteurs, se lance dans l'aventure,
proposant un spectacle éclectique aux spectateurs. Des tableaux historiques,
des adaptations des oeuvres littéraires du patrimoine français ou étranger,
des saynètes comiques mais également la mise en scène des faits divers et
autres événements d'actualité sont autant de films proposés à l'attention
des badauds présents dans la salle. Cet engouement gagne ensuite les
campagnes, des forains s'équipant d'une salle de projection ambulante.
Ainsi, à la veille de la première Guerre mondiale l'ensemble des Français
s'est déjà familiarisé avec le septième art et chacun est fasciné par le
mouvement que permet ce type de création. Aussi pendant le conflit qui
embrase l'Europe, les salles continuent de se remplir et l'on visionne avec
appétit ou anxiété des images du front. Le spectateur ne s'est pas encore
fait critique du travail du journaliste de l'image cinématographique et
celles-ci sont l'expression de ce que l'on considère être la réalité.