"
Il y eut 1.138 marcheurs engagés, mais
850 prirent le départ. De nombreuses banderoles jalonnaient le parcours,
comme celle de Meaux où se situait un contrôle : La Résistance d'un
peuple réside dans la force physique de ses enfants. Honneur à nos
vaillants marcheurs. C'est C.
Ramoge qui gagna les 2. 000 F et l'objet d'art promis en 100 h 05 devant
Gonnet, 100 h 48 et Peguet. Il y eut 380 classés
en moins de 10 jours. " Aussi Le Petit Journal peut-il affirmer que
cette course à pied organisé par l'un de ses journalistes, Pierre Louis Giffard,
" a été un
triomphe ".
C'est que l'événement, qui précède de quatre années, la création de la
Fédération des Sociétés Athlétiques de France, bénéficie de
l'engouement des Français en cette fin de siècle pour les activités
physiques. Outre le canotage parisien, cher à l'écrivain Guy de
Maupassant, la traditionnelle savate ou boxe française, de nombreuses
sociétés de gymnastiques se créent, ainsi que des courses cyclistes ou
automobiles. L'athlète est une figure de la Belle Epoque, car le culte du
corps rejoint les préoccupations contemporaines pour l'hygiène,
l'antialcoolisme, la santé de la " race "...
Ajoutons que si cette mode de la course à pied est venue d'Angleterre, le
choix d'un tel parcours, Paris à Belfort, ne peut s'expliquer, outre au
besoin d'un distance suffisante, la capitale vers les confins, que
par référence au nationalisme
ambiant. Belfort, cette ville de l'Est, voisine des provinces perdues et de
la " ligne bleue des Vosges ". N'est ce pas là que cette
garnison, qui, poursuivant le combat malgré l'armistice du 28 janvier 1871,
ne cesse le feu que le 13 février, sur l'ordre du gouvernement français ?
Ainsi, le 17, douze mille hommes quittent la ville, le colonel
Denfert-Rochereau à leur tête, devant les Prussiens qui leur rendent les
honneurs de la guerre !