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                                                                                Le monde ouvrier par la chanson

 

Jean Petit,
La Chanson des maçons de la Creuse,
1855-1860.



par Marc Nadaux







Jean Petit, l'auteur de ce texte est un maçon de la Creuse, ami de Béranger, le grand chansonnier, républicain, comme beaucoup  dans son milieu et membre influent des cercles ouvriers qui renaissent sous le Second Empire, à Paris, sur les chantiers de construction, comme au pays.

Cette " Chanson des maçons de la Creuse " est un texte semi-original, émanation de couplets préexistants. Très populaire dès l'époque de sa rédaction, la chanson de Jean Petit est encore chanté de nos jours et fait partie intégrante du folklore creusois.








          I

 

L'on a fait des chansons
De toutes les manières,
Des filles, des garçons
Des guerriers, des bergères.
Pour ne pas répéter
Une chose ennuyeuse,
Moi je veux vous chanter
Les ouvriers de la Creuse.




 

          II

 

Quand revient le printemps,
Ils quittent leur chaumière:
Adieu amis, parents,
Enfants, pères et mères.
Ah! quel grand désespoir
Pour la femme vertueuse
En disant au revoir
Aux ouvriers de la Creuse.




 

          III

 

Les voilà donc partis
Pour faire leur campagne;
Ils s'en vont à Paris
En Bourgogne, en Champagne,
Lyon, Bordeaux, même ailleurs...
Ils ont la main calleuse,
Ce sont des travailleurs
Les maçons de la Creuse.



 

          IV

 

Quand ils sont arrivés,
S'ils trouvent de l'ouvrage,
Se mettent à travailler
Avec un grand courage,
Sans trop s'épouvanter
D'une vie laborieuse.
L'on devrait respecter
Les maçons de la Creuse.



 

          V

 

Que ces chemins de fer
Qui traversent la France
Ont coûté de revers,
De maux et de souffrances;
Ces ponts et ces canaux
De la Saône à la Meuse
Ont coûté bien des maux
Aux ouvriers de la Creuse.




 

          VI

 

Malgré leur dur labeur
En travaillant ils chantent
Ils ont la joie au cœur
Et l'âme bien contente.
La dernière saison
Est pour eux bien flatteuse
Pour revoir leur maison
Au pays de la Creuse.



 

          VII

 

Les travaux sont finis
En novembre en décembre,
On les voir réunis
Pour s'en aller ensemble.
Vous voyez ces enfants
La figure joyeuse
Pour revoir leurs parents
Au pays de la Creuse.



 

          VIII

 

Enfin, pendant l'hiver
C'est leurs belles journées,
Ils vont se promener
Avec leurs bien-aimées.
Dans ces tristes saisons
Les filles sont heureuses
D'avoir dans leurs maisons
Les garçons de la Creuse.




 

          IX

 

L'auteur de la chanson
Ce n'est pas un poète,
C'est un vieux compagnon
Buvant sa chopinette,
Toujours gai, bien content,
Trouvant la vie heureuse,
Et se vante gaiement
D'être ouvrier de la Creuse.