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                                                                                Le monde ouvrier par la chanson

 

Jules Mousseron,
L' Vieux Mineurs,
1897.



par Marc Nadaux







Jules Mousseron est né à Denain, le 1er janvier 1867. Comme son père, il descend très jeune, à l'âge de douze ans, dans la mine. Son apprentissage de galibot est douloureux ; Mousseron est victime de plusieurs accidents. Il franchira tout de même toutes les étapes du métier de mineur. Après son travail, Jules Mousseron fréquente les cours pour adultes où il acquiert une certaine instruction. Il compose bientôt des chansons, écrites en français puis en patois. Celles-ci, recueillies dans Croquis au charbon (1899), Feuillets noircis (1901), Coups de pic et coups de plume (1904)... , connaîtront de multiples éditions.

Jules Mousseron reconstitue ici l'univers d'un personnage du coron : l'ancêtre. Celui qui a consacré sa vie à la mine et qui est devenu impotent, au point de ne plus pouvoir s'occuper de son jardin ou aller au cabaret voisin. Il se rend utile cependant au sein de ce foyer élargi à trois générations, en s'occupant de ses petits-enfants et en faisant la soupe tandis que le reste de la famille est à la mine. Un destin tragique et banal, même si l'auteur choisit de terminer sa chanson par une boutade.






L'œil éteint, s' vieill piau tout, jonne,
I n'est point gai, l' vieux mineur !
Eun' fichelle artient s' marronne,
Et cha n'annonc' point l' bonheur.


I démeure avec és' fille ;
Ch'est li qui soign' les infants,
Il touille el' soupe éd'sus l' grille,
In bertonnant d' timps en temps.


I s'imbête, et cha l' tracasse,
Il n' peut pus sarcler s' gardin.
Quand el' pauv' vieux i s'abasse,
S' tiête all' tourn' comme un moulin.


Etr' toudis dins s' bac à chintes...
Incor s'il sarot marcher,
In irot boir, des bonn's pintes !
Mais i pourrot s'écrouler...


I n'oubli' fouque és' misère
Qu' quand ses infants sont tertous,
L' soir, à l'intour dé s' kdière,
Et qui lieu parl' des grisous.


I a tout vu dins les fosses
Ses sauv'tag's i sont curieux.
Leus coeurs palpit'nt, les tiots gosses,
In acoutant l' pauver' vieux.


In v'not l'quère à chaqu' minute
Quand arrivot d' z'accidints.
Combin d' coqs i-a fait la lutte
Avec l' grisou grin, dints ?


Il a tell'mint des blessures,
Qu'in n' sarot pus les compter.
Il est couvert ed' coutures,
Pir' qu'un ancien guernadier.


Si cha s'rot parmi l' mitralle
Qui s'arot si bin conduit,
Il arot d' plus d'eun' médalle ;
Mais il s'est battu dins l' nuit.


Va ! consol-té, brav' Batisse
Les rubans, t' les a d'sus t' piau.
n vot bien qu'tas du service
T' carcass', ch'est un vieux drapeau !