AFFICHE
ÉLECTORALE D'ARMAND ROLLE,
CANDIDAT OFFICIEL.
Élections des 31 mai et ler juin 1863
Messieurs
et chers concitoyens,
Candidat du gouvernement de l'Empereur, je viens solliciter l'honneur de
vous représenter au Corps législatif.
Je suis bourguignon et j'appartiens à une famille intimement liée au
pays par une étroite communauté d'idées de sentiments et d'intérêts.
En 1792, mon grand père partait, capitaine des volontaires de la Côte
d'Or, pour repousser l'invasion étrangère ; de 1827 à 1863, pendant une
période de quarante années, M. Louis-Bazile, mon oncle a été votre député,
et à travers toutes les vicissitudes de la politique, il s'est toujours
montré fermement attaché aux principes d'ordre et de liberté.
Cette origine bourguignonne, ces services, ces sentiments de libéralisme
invariable, les fonctions que depuis dix ans je remplis au Conseil d'État,
tels sont les titres que j'invoque aujourd'hui pour obtenir votre
confiance.
Chers concitoyens, je comprends toute l'importance du mandat que je
sollicite, permettez moi de vous dire comment j'entends en remplir les
devoirs.
Entré dans la vie politique à l'avènement de l'Empire, je suis profondément
dévoué à l'Empereur et à la dynastie, mais ce dévouement indépendant
auquel le souverain lui même a fait appel afin d'éclairer la marche de
son gouvernement et de le contenir dans des limites régulières.
Grâce à une politique toute nationale, la France a reconquis sa prépondérance
et sa grandeur ; il faut la maintenir à ce rang glorieux ; mes sympathies
sont acquises à toutes les causes justes et généreuses ; vous ne me
verrez jamais hésiter quand l'honneur et les intérêts du pays seront sérieusement
engagés.
J'exercerai une vigilance loyale, un contrôle scrupuleux sur les actes du
Gouvernement et l'emploi de la fortune publique. Mes avis donnés avec une
entière indépendance seront écoutés avec faveur parce qu'ils ne seront
jamais suspects d'une opposition systématique ou déguisés en principes
de gouvernement et qu'on les saura dictés par la seule conscience du bien
public.
Défenseur ardent des intérêts généraux du pays et de tout ce qui peut
contribuer à la moralisation, à l'instruction et au bien être des
masses, je soutiendrai avec la même conviction les intérêts de mes
localités.
Encouragements de toute nature à notre agriculture bourguignonne, au
commerce, à l'industrie ; achèvement de nos voies de communication ;
travaux de construction et de réparation de nos édifices communaux et
religieux ; exécution rapide des chemins de fer nouvellement concédés
à nos deux arrondissements que d'améliorations à faire, que de progrès
à accomplir auxquels je me consacrerai avec un dévouement infatigable.
Tels sont mes sentiments, chers concitoyens ! Ils me mériteront, je l'espère,
vos suffrages et trouveront un écho sympathique dans le cœur de ceux qui
n'oublient pas les tristes luttes du passé et désireux de maintenir
l'ordre et la tranquillité, source de toute richesse, veulent avec loyauté
et sans arrière pensée, l'affermissement de l'Empire et le développement
des institutions libérales et démocratiques sous la dynastie populaire
des Napoléon !
Armand
Rolle,
auditeur au Conseil d'État
PROFESSION
DE FOI DE CHARLES FLOQUET,
CANDIDAT DE L'OPPOSITION.
Élections au corps législatif des 31 mai et ler juin 1863
Arrondissements de Semur et Châtillon.
Électeurs,
J'ai été désigné à votre choix par un homme que vous êtes habitués
à aimer et à écouter, par votre ancien représentant Joigneaux, dont le
souvenir vit honoré au milieu de vous.
Mon devoir est de répondre à cette confiance en acceptant sans hésiter
le difficile honneur de prendre en main le drapeau de l'Opposition libérale.
Retenu loin de vous, sur le terrain d'une autre lutte légale, je ne puis
que vous dire ce que j'ai dit aux Électeurs de l'Hérault.
Écrivain, j'ai sans cesse et de toutes mes forces lutté pour les
principes méconnus de la liberté démocratique.
Avocat, j'ai défendu depuis 1852 un grand nombre de ceux que le malheur
des temps a conduits sur le banc des accusés politiques.
Voilà mes gages pour le passé.
Pour l'avenir, mes espérances se résument dans la grande formule de la Révolution
Française
LIBERTÉ,
ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.
LIBERTÉ, c'est-à-dire
liberté absolue de la conscience, liberté complète des cultes, liberté
individuelle, liberté communale, liberté électorale, liberté
d'association, liberté commerciale ; en un mot, l'ensemble de toutes les
libertés, sans lesquelles tous les droits sont sans garantie, la vie
humaine sans dignité, l'ordre sans durée, et les Finances sans contrôle.
ÉGALITÉ, c'est-à-dire égalité politique, égalité civile, et les
bienfaits de la liberté indistinctement répandus sur tous.
FRATERNITÉ, c'est-à-dire le sentiment de solidarité qui unit, substitué
aux intérêts égoïstes qui divisent l'appui fraternel et efficace assuré
non seulement aux individus, mais aux nations qui souffrent : à l'Italie
qui se constitue, à la Pologne qui combat.
La France a fait trois révolutions pour écrire cette formule sur nos
murs ; en votant pour moi, vous direz que l'heure vous paraît enfin venue
de la réaliser dans nos lois.
Charles
FLOQUET,
avocat à Paris, rédacteur du journal Le Temps.