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                                                                                La " Terreur blanche "

 

La " Terreur blanche ".


Proclamation du roi Louis XVIII,
1er septembre 1815.


par Marc Nadaux







A l'intérieur du royaume, le retour sur le trône de Louis XVIII après l'épisode des Cent-Jours marque le réveil des luttes révolutionnaires. Dès le 24 juin, à Marseille, les troubles éclatent et l'on déplore bientôt cinquante victimes. Idem dans le Sud-Ouest et dans la vallée du Rhône. Dans le Gard, la réaction royaliste se donne libre cours contre les populations protestantes qui se sont ralliées à l'Aigle, quelques semaines auparavant. Celle-ci prend la forme d'une Guerre de religion à l'égard de ceux qu'on moleste, qu'on dépouille, qu'on tue... A Nîmes, on dénombrera 37 victimes.

Le gouvernement est pris au dépourvu par ces violences. Même si Joseph Fouché peut mettre en avant certaines excuses, comme la lenteur des communications ou la connivence des notables locaux avec les meneurs, le ministre perd dans l'affaire sa réputation d'habileté. Tout en tentant d'apaiser les passions, le roi est d'ailleurs contraint, le 1er septembre 1815, de rappeler à son peuple l'existence de sa justice. Dans cette proclamation, il insiste également  sur la présence physique de son pouvoir dans le Sud en la personne du duc d'Angoulême. 

Cependant, ce n'est que grâce à l'intervention des troupes autrichiennes que le calme revient dans ces départements méditerranéens. Avant que la Terreur blanche ne prenne une autre forme...







A Paris, le 1er septembre 1815



LOUIS,

par la grâce de Dieu,
ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE,


à tous ceux qui ces présentes verront,

SALUT,



Nous avons appris avec douleur que dans les départements du midi, plusieurs de nos sujets s’étaient récemment portés aux plus coupables excès ; que, sous prétexte de se faire les ministres de la vindicte publique, des Français, satisfaisant leur haine leur vengeance privées, avaient versé le sang des Français, même depuis que notre autorité était universellement établie et reconnue dans toute l’étendue du royaume.

Certes, de grands crimes, d’infâmes trahisons, ont été commis et ont plongé la France dans un abîme de maux ; les persécutions atroces ont été exercées contre ceux de nos fidèles sujets qui, suivant la bannière de notre bien-aimé neveu, ont tenté courageusement avec lui de sauver la France : mais la punition de ces crimes doit être nationale, solennelle et régulière ; les coupables doivent tomber sous le glaive de la loi, et non pas succomber sous le poids des vengeances particulières. Ce serait offenser la justice, ce serait perpétrer le discordes et ouvrir la porte à mille désordres ; ce serait bouleverser l’ordre social, que de se faire à la fois juge et exécuteur pour les offenses qu’on a reçues, ou même pour les attentats commis contre notre personne. Nos intentions et nos ordres avaient suffisamment fait connaître que la nation aurait justice des auteurs de ces maux, et que l’indulgence accordée à la faiblesse ou a l’erreur ne s’étendrait pas sur les coupables dont le crime public et avéré peut être poursuivi, sans causer d’alarmes à la foule qui obéi, sans doute en gémissant, à la force des circonstances.

Nous espérons que cette odieuse entreprise de prévenir l’action des lois et de notre autorité a déjà cessé : elle serait un attentat contre nous et contre la France ; et, quelques vive douleur que nous en puissions ressentir, rien ne serait épargné par nous pour punir de tels crimes. Notre digne neveu, dont le nom se trouve désormais lié aux sentiments d’amour et de dévouement qu’ont manifestés nos provinces du midi, qui par son caractère d’obéissance, de conciliation et de force, les a préservées et les préserve encore des maux de l’invasion, serait aussi notre mandataire pour les sauver des discordes civiles, et pour réprimer et faire punir ceux qui prétendraient abuser de notre nom et du sien. Mais sans doute le noble lien qui s’est établi entre lui et les habitants du midi, ne sera pas rompu par le coupable égarement de quelques hommes avides de vengeance et de désordre. C’est dans cette confiance et avec cet espoir que nous avons recommandé par des ordres précis, à nos ministres et à nos magistrats, de faire strictement respecter les lois, et de mettre ni indulgence ni faiblesse dans la poursuite de ceux qui les ont violées et qui tenteraient de les violer encore, bien convaincu que notre voix ne sera pas vainement entendue dans un contrée où nous avons reçu tant de preuves de fidélité et d’affection.


Donné à Paris au château des Tuileries, le 1er septembre de l’an de grâce 1815, et de notre règne le vingt-septième.


Signé LOUIS

Par le Roi :
Le Garde des sceaux de France, Ministre Secrétaire d’état de la justice

Signé PASQUIER