MINISTÈRE
DE L'INTÉRIEUR
Direction de la Police
Paris, le
10 juin 1823,
A
M. le Préfet du Rhône, à Lyon
Monsieur
le Préfet, Des avis que je reçois me signalent de nouveaux projets de la
part des révolutionnaires sur plusieurs points de la France. Des députés
des ventes de l'Est et de Genève, se trouvent, assure t-on, réunis en ce
moment à Lyon ; et ces réunions ont pour objet de s'assurer si la
faction a des moyens suffisants pour tenter des soulèvements avec quelqu'espoirs
de succès.
Je vous invite à ne rien négliger pour découvrir jusqu'à quel point
cet avis peut être fondé, et à me communiquer, sans le moindre retard,
tous les indices que vous pourriez recueillir. Je n'ai pas besoin au
surplus, de vous recommander de concerter, avec l'autorité militaire, à
la moindre apparence de danger, les mesures nécessaires pour réprimer
toute tentative hostile de la part des factieux.
Agréez, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma considération distinguée.
Pour
le Ministre de l'Intérieur, et par autorisation,
Le Directeur de la Police
FRANCHET DESPEREY
Mairie de
la Ville de Lyon
Lyon,
le 15 Novembre 1823,
Monsieur
le Comte,
J'entretiens depuis quelques temps des agents secrets pris dans la classe
ouvrière, pour me tenir au courant de ce qui se dit et se répète
principalement dans les cabarets et autres lieux publics fréquentés par
la classe du peuple.
Je n'avais pas jugé convenable de vous instruire d'une multitude de
contes plus ridicules les uns que les autres, que l'on faisait circuler,
il y a quelques temps, relativement aux pertes et aux échecs qu'éprouverait
l'armée française en Espagne.
Les bulletins officiels, que vous preniez le soin de faire afficher, démentaient
presqu'aussitôt les assertions que les malveillants se plaisaient à répandre,
sans doute pour entretenir les gens qui vont passer leurs moments de
loisir au cabaret, dans un continuel état d'agitation.
Aujourd'hui s'il ne s'agissait encore que de propos absurdes que détruisent
les faits patents qui se sont passés et se passent encore en Espagne, je
me serais dispensé de vous les rapporter.
Mais un avis particulier daté d'hier me prévient que dans les cabarets
on parle de sociétés de Carbonaris dont l'organisation aurait lieu soit
en France, soit en Allemagne.
Les procès des différents conspirateurs, qui ont été jugés depuis
quelques années, ont bien fait connaître l'existence des carbonaris,
mais j'étais loin de croire, que la basse classe du peuple s'occupât de
savoir ce qu'est un carbonari, et en fit le sujet de ses conversations.
Sans attacher à cet avis plus d'importance qu'il n'en mérite, j'ai pensé
qu'il était toujours bon que vous en fussiez prévenu.De mon côté, je
continuerai à faire des recherches sur cet objet, et si je découvrais
que ces sortes d'affiliations commencent à se proposer parmi le peuple,
je m'empresserais de vous faire part de ce qui serait venu à ma
connaissance.
Agréez, Monsieur le Comte, l'assurance de la haute considération avec
laquelle j'ai l'honneur d'être,
votre très humble et très obéissant serviteur,
Le
Maire de la Ville de Lyon,
Le Baron RAMBAUD