Tout comme le cimetière, le clocher est un domaine
mixte au sein du village, civil et religieux. Appelant les messalisants, les
cloches peuvent également battre le rappel des Hommes de bonne volonté lors
d'un incendie. L'usage dans ce cas est purement civil. Le Concordat de 1801, qui
régit les relations entre l'Église et l'État, a prévu cet état de fait.
Aussi le maire détient le pouvoir d'autoriser ou d'interdire la sonnerie des
cloches. Évêque et Préfet doivent d'ailleurs se concerter afin d'en
réglementer l'usage.
Ces pratiques, courantes au cours du siècle, deviennent plus problématiques au
quotidien avec l'installation de la Troisième République et l'avènement des
ministères " opportunistes ". Des lois anticléricales, votées au
début des années 1880, cristallisent en effet le mécontentement parmi les
populations catholiques et au sein du clergé. Le renforcement de l'État et des
pouvoirs publics se construit également contre l'Église de France.
Ainsi la loi municipale du 5 avril 1884 contraint le curé de la paroisse
à transmettre au magistrat municipal un double des clés du clocher. Le pouvoir
civil aurait ainsi la haute main sur le paysage sonore des campagnes et,
au-delà, peut être userait-il de l'Église dans un but profane ? L'enjeu est
de taille et nécessite l'intervention de l'évêque du Puy. Combien de mairie
possède d'ailleurs leur propre clocher...