Trois
mois après le capitaine Marchand, le 18 septembre 1898, une armée
anglo-égyptienne de trois mille hommes de troupe commandée par Lord
Kitchener parvient à Fachoda, après avoir remonté le Nil. Celui-ci
ne compte pas laisser des " Européens quelconques " lui
interdire de contrôler le cours du fleuve, de son delta jusqu’à ses
sources ... Après quelques négociations, les Britanniques établissent
un blocus autour de la place de Fachoda et la crise, de locale, devient très
vite internationale. Les relations entre la France et le Royaume-Uni se
tendent à un point qui fait craindre, l’espace d’un instant, qu’une
guerre est possible. Après l’ultimatum anglais cependant, Théophile
Delcassé, nouvellement nommé au Quai d'Orsay, donne l’ordre à
l’officier français de se retirer, le 4 novembre suivant.
Pour celui-ci cependant, le séjour africain est loin
d'arriver à son terme. La "Mission Congo-Nil " devient la
"Mission Marchand ". Avec l'ordre du Ministre des
Affaires étrangères de quitter Fachoda, Marchand, nommé
commandant, qui ne veut ni faire marche arrière comme un vaincu, ni
descendre le Nil chez les Anglais comme un prisonnier, a reçu du
gouvernement l’autorisation de poursuivre sa route vers l’Est et
Djibouti. Le 16 mai 1899,
presque trois ans
après avoir quitté la côte atlantique, l'expédition atteint le second
objectif qui lui a été assigné, l’Océan Indien, réalisant ainsi la
grande traversée Ouest-Est de l’Afrique. Quelques mois plus tard, le
commandant Marchand reçoit un accueil triomphal à son débarquement à
Toulon. A
Paris, il est un nouveau héros national, son cortège étant suivi
d’une foule qui le porte à travers la capitale jusque sous l’Arc de
Triomphe. Son effigie s’achète sur des gravures, vignettes, cartes
postales, assiettes …