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               Le président Magnaud, le " bon juge " de Château-Thierry,  1887-1906

 

Le président Magnaud,
le " bon juge " de Château-Thierry (Aisne),
1887-1906.




par Marc Nadaux


 





Naît le 20 mai 1848 à Bergerac (Dordogne), Paul Magnaud est nommé officiellement le 5 juillet 1887 président du tribunal civil de Château-Thierry. Il était un de ces magistrats de la Belle Époque qui admettait que la société avait une part de responsabilité dans les méfaits de certains individus. Comme il l'avait affirmé lui-même, " le juge peut et doit interpréter humainement les inflexibles prescriptions de la loi ". Dans les années qui suivent sa nomination, il se fait ainsi remarquer pour ses arrêts, qui sont autant de prise de position dans les débats de société qui agitent l'opinion.

Le juge Magnaud est ainsi à l'origine de l'affaire Louise Ménard. Cette dernière, une fille-mère âgée de vingt-trois ans, vient de voler un pain chez un boulanger de sa localité, Charly-sur-Marne, ce pourquoi elle est convoquée au tribunal de Château-Thierry, le 4 mars 1898. Allant à l'encontre du réquisitoire prononcé par le procureur, le président Magnaud acquitte la prévenue, faisant valoir son état d'absolue nécessité. Suivant son invitation, la jeune fille rejoint son juge après l'audience. Il lui donne alors une pièce de cinq francs, de quoi notamment rembourser le larcin. L'affaire fait grand bruit. La presse parisienne se place du coté du magistrat axonais et Georges Clemenceau lui attribue le surnom de " bon juge " dans un article de son journal L'Aurore, qui paraît le 14 mars suivant.

Dès lors la célébrité ne va plus quitter le " bon juge de Château-Thierry ", d'autant plus que celui-ci continue à officier avec une clémence inusitée. Il acquitte ainsi un jeune mendiant, puis se fait de nouveau remarquer pour ses prises de position féministes. Eulalie Michaud, séduite par un fils de bonne famille, est condamnée à un Franc d'amende pour avoir jeté une pierre dans la rue sur celui qui l'avait abandonnée. Le 24 août 1900, une autre jeune fille est elle aussi mise à l'amende pour le décès de son enfant, à la suite d'un accouchement clandestin. C'est d'ailleurs à Château-Thierry et devant le président Magnaud que plaide pour la première fois Jeanne Chauvin, la première avocate de France.

Fort de cette notoriété, celui-ci est nommé président d'honneur du Congrès de l'Humanité réuni à Paris lors de l'Exposition universelle de 1900. Le " bon juge " préside également le sixième Congrès international d'anthropologie criminelle, qui se réunit à Turin en 1906. Au cours des années écoulées, nombre de reportages lui ont été consacrés, dans La Vie au grand air ou même dans L'Illustration. Dans L'Assiette au Beurre ou dans Le Rire, les caricaturistes ont brocardé le " bon juge ". Celui-ci voit néanmoins se multiplier les cartes postales à son effigie. Il est en effet devenu une des figures populaires de la Belle Époque.












Le président Magnaud, le Palais de Justice.










Le " bon juge ", le Palais de Justice.










La maison du " bon juge ".