Vers le milieu du XIXème siècle,
les campagnes françaises entrent dans la modernité industrielle.
Le chemin de fer traverse les terroirs. Dans les villages, les
toits se couvrent de tuiles, les églises sont reconstruites, les
mares rebouchées. Les locomobiles, les faucheuses parcourent
également les chemins d’exploitations et les parcelles
cultivées.
Les grands domaines tout d’abord se sont
modernisés. Leurs propriétaires, ces élites rurales, les
agrariens, s’en sont préoccupés. Faire-valoir ses terres
faisaient ainsi partie des activités nobles chez ces
aristocrates relégués à un « exil intérieur » après l’avènement
de la Monarchie de Juillet. Tout comme l’étude du passé de leurs
régions, l’animation d’une société savante…
Et ainsi les sociétés agricoles, les concours
régionaux, les expositions et autres publications se
multiplient. A l’origine de tout cela, bien souvent, se trouvent
les comices agricoles. Composées de notables ruraux, ces
associations sont autant de lieux de sociabilité, de foyers du
dynamisme rural. Le concours, et donc la distribution des prix,
est dans l’année qui s’écoule le moment clé de leur activité.
Car l’émulation, l’information sont les deux mécanismes de cette
révolution verte.
Les concours agricoles figurent
parmi les événements de l’année dans les campagnes françaises
sous le Second Empire. Organisées par les comices, ces sociétés
d’émulations qui regroupent les élites locales, ces
manifestations sont autant de lieux de distinction, que de
moyens d’information. Car les techniques de culture, comme les
modalités de l’élevage, évoluent grandement à cette époque, le
milieu du XIXème siècle.
A noter que parmi les distinctions accordées à
Péronne, le chef lieu de l’arrondissement, en cette année 1864,
certaines se destinent à honorer le dévouement de l’ouvrier pour
l’exploitation et son métier. Il y a là une vision de la
société, celle de ces notables, mais également la volonté
d’affirmer que le dynamisme de l’agriculture, et par là même de
la région, est l’affaire de chacun.
Cette nouvelle vision du travail des champs et
de l’étable perdure jusqu’à nos jours, comme en témoigne la
tenue chaque année du Concours général agricole au Salon de
l’agriculture, porte de Versailles à Paris, la multiplication
sur les bouteilles de vin des étiquettes autocollantes et
circulaires certifiant de l’obtention d’un prix à son
producteur.