 |
A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.
 |
|
 | |


sur 19e.org |
|
|
|

Vous êtes ici :

1906,
la C.G.T. et la charte d'Amiens |
|

1906,
la C.G.T.
et la charte d'Amiens.
par Marc Nadaux
|
 |
A
l'automne 1906, du 8 au 16 octobre, le IXème congrès
confédéral de la C.G.T., la
Confédération Générale du Travail, se réuni à Amiens.
350 délégués représentant 1.040 organisations décident
alors par une déclaration solennelle de réaffirmer l'indépendance du
mouvement syndical, un principe pourtant constitutif de l'organisation
créée onze ans plus tôt, en 1895. Adopté le 13 octobre 1906,
cette Charte s'impose dans un contexte de vives tensions politiques et
sociales.
La création de la S.F.I.O. l'année précédente avait laissé penser à
certains de ses membres du syndicat que la C.G.T., puisque la famille
socialiste venait de s'unir sur le plan politique, ne risquait plus de
pâtir de querelles entre représentants de ses différentes
sensibilités. Ces visées, inhérentes au courant guesdistes - pour qui
l'action syndicale est subordonnée à celle du politique - présent au
sein du syndicat, n'aboutissent guère l'année suivante. Bien au
contraire.
Ajoutons que l'actualité sociale est particulièrement chargée. Après
la catastrophe de la mine de Courrières, qui fait 1.630 victimes le
10 mars 1906, la C.G.T. avait décidé de faire du 1er mai
suivant une journée " d'agitation intense et grandissante
". L'événement est exploitée par
le nouveau ministre de l'Intérieur,
Georges Clemenceau, qui fait perquisitionner le siège du mouvement.
L'opinion ne craint-elle pas une guerre civile qui éclaterait à cause
des menées du syndicalisme
révolutionnaire ?
L'action directe montre à cette occasion ses limites, malgré le succès
de la journée de manifestation. Aussi le syndicat choisit avec la charte
d'Amiens une voie moyenne, entre guesdiste et anarchistes, une option
rassembleuse. La Confédération Générale du Travail en effet ne
compte dans ses rangs que 200.000 adhérents, ce qui est peu face aux
6 millions de salariés français, face aux autres confédérations
nationales en Europe. |
XVème CONGRÈS
NATIONAL CORPORATIF - IXème DE
LA CGT
AMIENS, 8 - 16 OCTOBRE 1906.
Le Congrès
confédéral d'Amiens confirme l'article 2, constitutif de la CGT :
" La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les
travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du
salariat et du patronat ".
Le Congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la
lutte de classe, qui oppose sur le terrain économique, les travailleurs
en révolte contre toutes les formes d'exploitation et d'oppression, tant
matérielles que morales, mises en œuvre par la classe capitaliste contre
la classe ouvrière. Le Congrès précise, par les points suivants, cette
affirmation théorique : dans l'œuvre revendicatrice quotidienne, le
syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers,
l'accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d'améliorations
immédiates, telles que la diminution des heures de travail,
l'augmentation des salaires, etc. Mais cette besogne n'est qu'un côté de
l'œuvre du syndicalisme ; il prépare l'émancipation intégrale,
qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste ; il préconise
comme moyen d'action la grève générale et il considère que le
syndicat, aujourd'hui groupement de résistance, sera, dans l'avenir, le
groupe de production et de répartition, base de réorganisation sociale.
Le Congrès déclare que cette double besogne, quotidienne et d'avenir, découle
de la situation des salariés qui pèse sur la classe ouvrière et qui
fait, à tous les travailleurs, quelles que soient leurs opinions ou leurs
tendances politiques ou philosophiques, un devoir d'appartenir au
groupement essentiel qu'est le syndicat. Comme conséquence, en ce qui
concerne les individus, le Congrès affirme l'entière liberté pour le
syndiqué, de participer, en dehors du groupement corporatif, à telles
formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique,
se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le
syndicat les opinions qu'il professe au dehors. En ce qui concerne les
organisations, le Congrès déclare qu'afin que le syndicalisme atteigne
son maximum d'effet, l'action économique doit s'exercer directement
contre le patronat, les organisations confédérées n'ayant pas, en tant
que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui,
en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la
transformation sociale.
SIGNATAIRES :
. Marie [Marie François, ouvrier
typographe de la Seine]
. Cousteau [Cousteau M., ouvrier jardinier]
. Menard [Ménard Ludovic, ouvrier ardoisier à Trélazé]
. Chazeaud [Chazeaud Jules, chaudronnier, Lyon]
. Bruon [Bruon C., bâtiment]
. Ferrier [Ferrier Louis, serrurier, Grenoble]
. E. David, B. d. T. Grenoble [David Eugène, plâtrier-peintre, Grenoble]
. Latapie [Latapie Jean, métallurgie, Paris]
. Médard [Médard Jean-Baptiste]
. Merrheim [Merrheim Alphonse, métallurgie]
. Delesalle [Delesalle Paul, métallurgiste en instruments de précisions,
Paris]
. Bled [Bled Jules, jardinier, Seine]
. Pouget [Pouget Emile]
. Tabard E. [Tabard Etienne, cocher-livreur, Paris]
. Bousquet A. [Bousquet Amédée, boulanger, Paris]
. Monclard [boulanger, Marseille]
. Mazau [Mazaud Jacques, cocher de fiacres, Seine]
. Braun [Braun Joseph, ouvrier mécanicien]
. Garnery [Garnery Auguste, bijoutier, Seine]
. Luquet [Luquet Alexandre, coiffeur, Paris]
. Dret [Dret Henri, cordonnier, Paris]
. Merzet [Merzet Etienne, mineur, Saône-et-Loire]
. Lévy [Lévy Albert, employé]
. G. Thil [Thil G., lithographe]
. Ader [Ader Paul, ouvrier agricole, Aude]
. Yvetot [Yvetot Georges, typographe, Seine]
. Delzant [Delzant Charles, verrier, Nord]
. H. Galantus [Galantus Henri, ferblantier, Paris]
. H.Turpin [Turpin H., voiture]
. J. Samay, Bourse du Travail de Paris [Samay J.]
. Robert [Robert Charles, palissonneur en peaux, Grenoble]
. Bornet [Bornet Jules, bûcheron, Cher]
. P. Hervier, Bourse du Travail de Bourges [Hervier Pierre, Bourges]
. Dhooghe, Textile de Reims [Dhooghe Charles, tisseur]
. Roullier, Bourse du Travail de Brest [Roullier Jules, électricien,
Finistère]
. Richer, Bourse du Travail du Mans [Richer Narcisse, ouvrier en
chaussures]
. Laurent L., Bourse du Travail de Cherbourg [Laurent Léon]
. Devilar, courtier de Paris [Devilar C.,]
. Bastien, Textile d'Amiens ; Henriot, Allumettier, [Henriot H.]
. L. Morel de Nice [Morel Léon, employé de commerce]
. Sauvage [mouleur en métaux]
. Gauthier [Gautier Henri, chaudronnier, Saint-Nazaire].
|