Le Salariat, qui parait d'août 1889 à février 1892, se voulait être l'organe " des intérêt ouvrier de Rouen et de l'arrondissement ". Distribué dans la banlieue industrielle, il se réclamait de l'Union socialiste révolutionnaire, proche d'Édouard Vaillant et des libertaires. A ce titre, l'hebdomadaire cherche à développer l'idée de la grève générale. Au cours de ces années, le syndicalisme révolutionnaire trouve à Rouen, où l'industrie textile est depuis longtemps en crise, un terreau fertile. Ses numéros sont ainsi largement consacrés à la dénonciation de l'emprise du capital et des " bagnes industriels ". En 1892, le projet de la municipalité de l'érection place Cauchoise d'un monument en l'honneur d'Augustin-Thomas Pouyer-Quertier conduit Le Salariat à publier une protestation d'un groupe d'ouvriers. L'ancien ministre du cabinet Thiers, qui est également un industriel puissant, représente ainsi pour ces militants l'archétype de l'exploiteur capitaliste. Cette gravure s'inspire ainsi de l'imagerie révolutionnaire. Et le notable rouennais est placé dans la même position que les privilégiés de l'Ancien Régime, sa fortune à ses cotés, le tout écrasant ouvriers et paysans.