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Léon WALRAS 

(Evreux, 16 décembre 1834 - Clarens, 5 janvier 1910



Français.

Economiste.



par
Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1862, employé au Secrétariat de la Compagnie des Chemins de fer du Nord.
1870, nommé à la chaire d'économie politique à la Faculté de Droit de Lausanne.
1874, Eléments d'Economie Politique Pure.

1886, Théorie de la monnaie.
1896, Etudes d'Economie Sociale.
1898, Etudes d’Economie Appliquée.

 






Léon Walras naît à Evreux, dans le département de l'Eure, le 16 décembre 1834. Issu d’une famille originaire des Provinces-Unis, son père, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure de Paris, fait carrière dans l’enseignement, en tant que professeur de littérature et de philosophie, principal de collège puis inspecteur d'Académie dans les Basses-Pyrénées. Après avoir effectué ses études secondaires au collège de Caen, au Lycée de Douai, son fils Léon est Bachelier es lettres en 1851. Au terme de ses deux années de classe de mathématiques, il devient également Bachelier es sciences en 1853. Après deux échecs successifs au concours d’entrée à l'Ecole Polytechnique, le jeune homme entre finalement à l'Ecole des Mines de Paris. Ses notes insuffisantes le font cependant rayer des effectifs une première fois par le Conseil de l'Ecole, le 28 juillet 1855, puis une deuxième, le 7 juin 1856, après qu’il eut de nouveau franchit l’étape du concours d’entrée !

Léon Walras s’essaie alors à la littérature, publiant sans grand succès un premier roman, Francis Sauveur. En 1858 enfin, devant les inquiétudes manifestées au sein de sa famille, il promet solennellement à son père de consacrer sa vie à l’étude de l'économie. Dans un récit autobiographique, Léon Walras raconte ainsi la scène : " l'heure la plus décisive de toute ma vie sonna par un soir de l'été de 1858 où, pendant une promenade dans la vallée du Gave de Pau, mon père m'affirma avec énergie qu'il y avait encore deux grandes tâches à accomplir pour le XIXème siècle : achever de créer l'histoire et commencer à créer la science sociale ". En 1859, il fait paraître son premier ouvrage, une réfutation des doctrines de Pierre Joseph Proudhon.

Trois années plus tard, au mois de juillet 1860, Léon Walras participe au congrès international de l'impôt réuni à Lausanne. Le compte-rendu de son exposé forme la matière d’un second ouvrage, une théorie critique de l'impôt. Souhaitant toujours vivre de sa plume, il entre au Journal des Économistes en 1859, puis à La Presse en 1860. A partir de 1862, l’économiste est employé au Secrétariat de la Compagnie des Chemins de fer du Nord. Dans les années qui suivent, Walras participe de façon active à l'action coopérative qui fleurit dans cette deuxième décennie du Second Empire. Il fait quelques leçons publiques, sur les opérations de la Caisse d'escompte notamment en mars 1866, étant lui-même membre de l’institution. De 1866 à 1868, Léon Walras contribue à la publication et à la rédaction du journal Le Travail, Revue du mouvement coopératif, avec son ami Léon Say. En 1868, toujours à Paris, il prononce une série de conférences, publiée plus tard sous le titre de Recherche de l'Idéal Social.



La même année cependant, la Caisse d'Escompte, dont il est un des administrateurs-délégués, est placée en liquidation. Walras s’emploie alors auprès du banquier Hollander, dix-neuf mois durant. C’est alors que le gouvernement du canton de Vaud, en Suisse, réorganise par une loi l'Académie de Lausanne, instituant une chaire d'économie politique à la Faculté de Droit. Léon Walras, qui a présenté sa candidature, est nommé, malgré la réputation qui le précède et qui tient à ses idées " avancées ". Au moment où en France la République est proclamée, il inaugure ainsi cette chaire, le 16 décembre 1870, à l’âge de trente-six ans. Commence alors une longue période de seize années consacrée à l’enseignement. Celui-ci s’organise autour de travaux et de cours d'économie théoriques, qui donnent lieu à la publication de quatre mémoires : Principes d'une théorie mathématique de l'échange (1873), Équations de l'échange (1875), Équations de la production et Équations de la capitalisation (1876). Léon Walras lie ainsi sa théorie de l'échange de deux marchandises, communiquée à l’Académie des Sciences morales et politiques de Paris dès l’été 1873, à une théorie générale de l'échange, qu’il prolonge par ses théories de la production, de la capitalisation, et de la monnaie. En constituant toute une théorie de l'équilibre économique, l’économiste donne à l'économie son statut de science et fonde par la même occasion l'Economie mathématique. De 1874 à 1877, il résume ses thèses novatrices dans les Eléments d'Economie Politique Pure. Cet ouvrage, dans lequel l’économiste tente de définir un modèle d'ensemble descriptif et explicatif des relations entre les différentes variables économiques grâce à la logique mathématique, lui confère une nouvelle notoriété.

Léon Walras se préoccupe ensuite de la question de la monnaie, ses travaux donnant lieu là encore à la publication de plusieurs mémoires : Théorie mathématique du bimétallisme (1876-82) ; Théorie mathématique du billet de banque (1879) ; D'une méthode de régularisation de la variation de valeur de la monnaie, Contribution à l'étude des variations des prix depuis la suspension de la frappe des écus d'argent (1885). L’ensemble est résumé dans un ouvrage, la Théorie de la monnaie, paru en 1886, dans lequel est développé " son système de monnaie d'or avec billon d'argent complémentaire et régulateur ". Léon Walras est à présent un économiste reconnu et dont les travaux font autorité. L'Institut international de statistique, dont le siège est à Rome, l’accueille dans ses rangs en 1887, la Société royale des Sciences de Liège, comme membre correspondant en 1887, et l’American Economic Association, en tant que membre honoraire en 1892.

La même année cependant, Léon Walras prend sa retraite, cédant sa chaire à Vilfredo Pareto, non sans avoir été nommé peu après professeur honoraire de l'Académie de Lausanne. L’économiste, toujours déterminé à faire progresser la recherche et la science économique, entreprend alors de revenir à ses premières inclinations. En 1896, il publie ses Etudes d'Economie Sociale, soit " la partie de la science de la richesse sociale qui traite de la répartition de cette richesse entre les individus et l'Etat et qui recourt au principe de la justice ". Celles-ci sont suivies en 1898 d’autres Etudes d’Economie Appliquée, traitant là plus particulièrement des problèmes pratiques liés à la production. Un jubilé, organisé en 1909, rend bientôt un hommage solennel à Léon Walras et à son œuvre de théoricien de l’économie politique. En France, à la même époque, au moment où aucune chaire d’Economie politique n’a encore été créée, son œuvre est boudée par l’université, comme par le monde politique…



Le 5 janvier 1910, Léon Walras - celui dont, plus tard, Joseph Schumpeter dira qu’il fut "  le plus grand des économistes " - décède à Clarens, en Suisse, où il s’était installé au mois de mai 1901.