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Pierre WALDECK-ROUSSEAU
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Pierre WALDECK-ROUSSEAU
(Nantes, 2 décembre 1846 - Corbeil, 10 août 1904)
Français.
Homme politique.
par
Marc Nadaux
Quelques dates :
1879, élu député.
1881, nommé ministre de l’Intérieur.
1884, à l’origine de la loi relative à la liberté des
syndicats professionnels.
1894, élu sénateur de la Loire.
1899, à la présidence du Conseil, dans un gouvernement de "
Défense républicaine ".
organise la révision du procès
d'Alfred Dreyfus à Rennes.
1901, loi relative au contrat d’association.
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Pierre Marie René
Waldeck-Rousseau naît à Nantes le 2 décembre 1846. Son père, René
Valdec Rousseau, qui prit le nom de Waldeck-Rousseau, est un avocat
réputé. En 1848, il fait son entrée en politique et est élu député à l’Assemblée
constituante de la Seconde République. Dans sa ville, il devient ensuite
conseiller municipal avant d’effectuer un mandat de maire de 1870 à
1874. Membre de la Société des Droits de l'Homme, René Waldeck-Rousseau
est également président de la Caisse de secours mutuel de Nantes. Cet
ardent républicain, proscrit du Second Empire à la suite du coup d'État
du 2 décembre 1851, a une grande influence sur la maturation
intellectuelle et au delà sur la formation des convictions politiques de son fils Pierre.
Ce dernier effectue sa scolarité à Nantes avant de faire
son droit à la faculté de Poitiers. Après avoir présenté sa thèse à
Paris, l’étudiant embrasse la carrière d’avocat. Il prête serment
au barreau de Saint-Nazaire, le 24 avril 1869. Alors qu’il n’est
encore que simple stagiaire, Pierre Waldeck-Rousseau est nommé membre de la
commission municipale de la cité. La déchéance de l’Empire
est proclamée à Paris et il contribue ainsi au remplacement de l’ancienne
administration compromise sous le règne de Napoléon III. Suivant les
traces de son père, le jeune magistrat est un militant
actif. Élu secrétaire du Club démocratique local, il participe à la
rédaction du journal républicain L’Avenir, plaidant notamment en
faveur des associations inquiétées au cours des deux décennies
précédentes.
En 1873, Waldeck-Rousseau s’inscrit au barreau des avocats de Rennes.
Quelques années plus tard, après la démission du maréchal de Mac-Mahon
et la fin de l’Ordre moral, il est élu député de la première
circonscription de la ville au mois d’avril 1879, devançant de deux
voix son adversaire monarchiste ! Membre de la liste de l’Union
républicaine, Waldeck-Rousseau siège à l’Assemblée nationale sur les
bancs de la gauche, approuvant les orientations des Opportunistes. Remarqué pour sa grande éloquence, il devient le
rapporteur de la commission pour la réforme de la magistrature avant d’accéder
aux plus hautes responsabilités.
Âgé d’à peine 35 ans, Waldeck-Rousseau est en effet nommé ministre
de l’Intérieur du gouvernement Gambetta, un portefeuille qu’il occupe
de manière éphémère pendant onze semaines, du 14 novembre 1881 au 26
janvier 1882, date de la chute du " grand
ministère ". Waldeck-Rousseau est néanmoins reconduit dans ces
fonctions place Beauvau, prenant place parmi les membres du second cabinet Jules Ferry, du 23 février
1883 au 6 avril 1885. Il plaide alors en faveur de la liberté d’association,
toujours placée sous le régime répressif de l’article 291 du code
pénal. Le 11 février 1882, Waldeck-Rousseau dépose ainsi une
proposition de loi en ce sens, une initiative qu’il renouvelle au mois d’octobre
1883. La même année, il soutient également à la Chambre le projet de
loi relatif aux associations de prévoyance mutuelle et aux sociétés de
secours mutuels. Cette " charte de la mutualité " ne
sera cependant promulguée que bien plus tard, le 11 avril 1898. Malgré
l’opposition du Sénat, Pierre Waldeck-Rousseau est également à l’origine
de la loi relative à la liberté des syndicats professionnels, votée le
21 mars 1884. Toléré jusqu’à présent, le syndicalisme – autrement
dit les " associations professionnelles ouvrières et patronales
" – accède
à la légalité et donc à la reconnaissance sous la Troisième
République.
Avec la chute du gouvernement Ferry, le 30 mars 1885, Pierre
Waldeck-Rousseau s’éloigne pendant quelques temps de la vie politique
nationale. De retour dans son pays natal, il se marie et s’attache à agrandir
le domaine familial de Vilhouin. En 1886, Waldeck-Rousseau s’inscrit
au barreau de Paris et reprend ses activités d’avocat à partir de
1889. Il défend notamment l’écrivain Émile Zola dans son procès
contre l’entrepreneur Henri Bourgeois puis l’ingénieur Gustave Eiffel
en 1893 dans l’affaire de Panama, se spécialisant dans les affaires
financières de justice et faisant de son cabinet l'un des plus réputés
de la capitale. Dans un contexte qui ne lui est plus favorable désormais,
l'ancien ministre s’abstient de se représenter aux
élections législatives en 1889. Il ne se consacre d'ailleurs plus à aucun mandat politique dans les années qui suivent. Ce n’est qu’en
1894, année où il est élu sénateur de la Loire au mois d’octobre,
que Pierre Waldeck-Rousseau renoue avec la vie parlementaire. Il se
présente bientôt comme candidat à la présidence de la République
en 1895
Alors qu’éclate l’affaire Dreyfus, Waldeck-Rousseau occupe de nouveau
un rôle de premier plan. Étranger aux récents scandales
politico-financiers qui ont éclaboussé la classe politique ainsi qu’au
boulangisme, il contribue à la reconstitution d’un bloc républicain. Pierre
Waldeck-Rousseau est ensuite appelé à la présidence du Conseil, cumulant ses
nouvelles fonctions de chef de gouvernement avec les portefeuilles de
ministre de l’Intérieur et des Cultes. Investi le 26 juin 1899, ce gouvernement de "
Défense républicaine " comprend dans ses rangs, outre des
républicains progressistes et des radicaux, le général Galliffet,
pourfendeur du mouvement communard en 1871, ainsi que le premier ministre
socialiste de la Troisième République, Alexandre Millerand ! La
cohésion de cette équipe dirigeante pour le moins hétéroclite ne
repose donc que sur la forte personnalité de son initiateur.
La première
tache que se fixe Waldeck-Rousseau est de mettre un terme à l’affaire
Dreyfus qui divise le pays. Il organise ainsi la révision du procès de l’officier,
une procédure qui échoue lors du tumulte de Rennes avant que ne soit
signée la grâce du " traître " par le Président de
la République, Émile Loubet. Au même moment, le Président du Conseil agit avec
fermeté avec les
agitateurs nationalistes qui ont occupés la rue pendant les années
précédentes et contre lesquels sont engagées des poursuites judiciaires. Paul Déroulède, le président de la vieille
Ligue des Patriotes, est ainsi condamné le 4 janvier 1900 par le Sénat
constitué en Haute Cour de justice à dix années de bannissement.
Pierre Waldeck-Rousseau appuie les initiatives de son ministre du
Commerce. Peu après la création d’une Direction du Travail, est
promulguée le 30 mars 1900 une loi sur le travail des femmes et des
enfants, suivie le 30 septembre d’une loi qui abaisse à onze heures la
durée du travail journalier. Le 14 novembre 1899, Waldeck-Rousseau
dépose à la Chambre des députés le projet de loi relatif au contrat d’association
qui lui tient tend à cœur. Les débats parlementaires, qui durent du 14
janvier au 24 juin 1901, sont passionnés. Certains députés craignent
ainsi les coalitions ouvrières ou internationales tandis que d’autres
redoutent plus encore les congrégations religieuses, soupçonnées d’anti-républicanisme.
Enfin la loi relative au contrat d’association est adoptée par le
Sénat le 22 juin 1901, votée par la Chambre des députés le 28 juin,
promulguée le 1er juillet, sous la signature d’Émile Loubet,
président de la République et Waldeck-Rousseau, président du Conseil,
et publiée le 2 juillet 1901 au Journal Officiel.
Alors que les élections législatives du mois de mai 1902 sont pour le
chef du gouvernement et le Bloc des gauches un succès, Pierre
Waldeck-Rousseau, souffrant, démissionne le 3 juin suivant. C’est Émile
Combes qui lui succède quelques jours plus tard à la présidence du
Conseil et applique les dispositions de la loi relatives aux
congrégations - qui leur imposent de présenter une demande d’autorisation
dans un délai de trois mois - avec un sectarisme que son prédécesseur
critiquera lors d’un retentissant discours au Sénat.
Pierre Waldeck-Rousseau décède le 10 août 1904 à Corbeil (Seine-et-Oise) d'un cancer du pancréas.
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