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Richard WAGNER 

(Leipzig, 22 mai 1813 - Venise, 13 février 1883)



Allemand.

Compositeur.



par
Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1843, Le Vaisseau fantôme.
1845, Tannhäuser.
1850,
Lohengrin.
1865, au Hoftheater de Munich, première représentation de Tristan et Isolde.
1868, noue une amitié profonde avec Friedrich Nietzsche.
1872, s’installe à Bayreuth.
1876, le Festspielhaus est inauguré lors du premier festival wagnérien de Bayreuth, en présence de l’empereur Guillaume Ier, avec la Tétralogie, enfin achevée.
1882, Parsifal.

 






Richard Wagner naît le 22 mai 1813 à Leipzig. Son père légitime, Carl Friedrich Wagner, qui est greffier de police, décède quelques mois plus tard, des suites d’une épidémie de typhus qui écume la ville. Cependant, peut-être est-il le fils naturel de Ludwig Carl Geyer, acteur et peintre, que sa mère Johanna épouse dès le mois d’août 1814 ? Cadet des neufs enfants que comptera le couple, Richard Wagner est élève à la Kreuttschule de Dresde, avant de poursuivre ses études au sein de la Nikolaischule de Leipzig. L’enfant subit également l’influence de son oncle, Adolf Wagner, un fin lettré. Cet environnement familial favorise chez lui une inclination pour les arts. A Leipzig, Richard Wagner commence son apprentissage de la musique. Auprès de Friedrich Wieck, puis de Christian Gottlib Muller, musicien local et directeur de la Société Euterpe, il s’initie à l’harmonie. Theodor Weinlig, qui occupe le poste de directeur de l’école Saint-Thomas, lui enseigne ensuite la composition.

Ce dernier aide également Richard Wagner a édité ses premières œuvres. En 1828, il rédige Leubald et Adelaide, un drame inspiré de Goethe et de Shakespeare. Un autre livret, Les Fées, qui prend modèle sur la Donna Serpente, un conte de l’italien Carlo Gozzi, confirme en 1833 son goût pour la musique de scène. Celui-ci demeure cependant inédit. A l’époque en effet, Richard Wagner connaît de grandes difficultés financières, qu’accroissent son genre de vie dispendieux. Wagner est un artiste itinérant, qui trouve à s’engager dans diverses villes de province. A Würzburg en 1833, puis à Magdebourg l’année suivante, il est chef de chœur et répétiteur. Au cours de ces années, le musicien livre aussi quelques articles à la revue Neue Zeitchrift fur Musik, que dirige Robert Schumann.

Le 24 novembre 1836, Richard Wagner épouse l’actrice Minna Planer, qui a déjà une fille prénommée Nathalie. Il peut à présent subvenir aux besoins du ménage, après avoir été nommé directeur de l’opéra de Riga au mois d’août 1837. Deux années plus tard, toujours poursuivi par les créanciers, le compositeur gagne la France et Paris où il fait la connaissance de List et de Meyerbeer. Malgré la barrière de la langue, Richard Wagner écrit quelques articles pour la Revue musicale. Il assiste également aux représentations données à l’Opéra. L’audition de la Symphonie n°9 de Beethoven est pour lui une révélation et il va désormais chercher à s’émanciper de ses modèles. Le 7 avril 1842, le couple Wagner quitte Paris et s’installe à Dresde. Au théâtre de la ville, Rienzi est représentée. Le succès que rencontre l’œuvre auprès du public permet à Richard Wagner de se voir proposer peu après la direction de l’institution.



Libéré à présent des habituels soucis matériels, l’existence du compositeur se révèle féconde en création artistique. Le 2 janvier 1843, est donné Le Vaisseau fantôme puis Tannhäuser deux années plus tard. Dans ces deux dernières œuvres, apparaissent les Leitmotiv, ces cours motifs musicaux qui sont liés à des personnages, des lieux, des ambiances… Placés dans l’orchestre ou dans le chant, ils permettent de montrer l’évolution du drame. Richard Wagner se prend également de passion pour les légendes nordiques, qu’il ne cesse de lire et qui l’inspire. En 1843, il est nommé maître de chapelle à la cour de Saxe. Comme partout en Europe entière, celle-ci est ébranlée par le Printemps des Peuples. Wagner y fait la connaissance de Mikhaïl Bakounine, le révolutionnaire russe. Et à ses cotés, le compositeur s’enflamme pour les idéaux révolutionnaires, participant à l’insurrection qui éclate, à Dresde, le 3 mai. Pendant cinq journées, celle-ci est maîtresse de la ville, avant que ne triomphe finalement la réaction. Les insurgés sont pourchassés et Wagner fuit à Weimar, d’où il gagne Zurich.

Là, le musicien bénéficie de l’aide financière d’Otto Wesedonk, un riche commerçant - dont il séduit l’épouse Mathilde -, et de Franz List. Ce dernier lui apporte une aide précieuse, qui lui permet de faire représenter ses œuvres à Weimar. Le 28 août 1850, a ainsi lieu la première de Lohengrin au Hoftheater. Entre 1851 et 1853, Richard Wagner publie à compte d’auteur les livrets des quatre opéras qui composent la tétralogie de L’Anneau du Nibelung. Le compositeur rédige également la partition de ces différentes œuvres : L’Or du Rhin de novembre 1853 à janvier 1854 ; la Walkyrie de décembre 1854 à mars 1856 ; Siegfried de septembre 1856 à juin 1857. Il s’interrompt ensuite, pour ne reprendre l’ensemble qu’en 1869. Le Crépuscule des dieux sera achevé en 1874. Entre temps, Wagner se consacre à la création de Tristan et Isolde. Le livret de l’œuvre lyrique est écrit pendant l’été 1857, la partition achevée deux années plus tard.

Le musicien ne parvient pas encore à vivre de ses droits d’auteur, même si à l’époque quelques-unes de ses œuvres sont jouées en France où il réside depuis le mois de septembre 1859. Suivant la volonté de l’Empereur Napoléon III, qui bénéficie des conseils insistants de la princesse Metternich, Tannhäuser est représentée le 13 mars 1861 à l’Opéra de Paris. C’est un véritable fiasco, soigneusement organisé par les détracteurs du compositeur allemand, les membres de l’influent Jocket club notamment. Les artistes en scène sont sifflés et injuriés par le public qui se déchaîne contre l’art du musicien. Isolé parmi les critiques, le poète Charles Baudelaire loue néanmoins le génie de Richard Wagner. Il lui avait d’ailleurs personnellement dit toute son admiration dans une lettre datée du 17 février 1860. Le compositeur quitte Paris au mois de février 1862 et reprend alors son existence itinérante, ce qui indispose sa femme Mina, de constitution fragile. C'est alors qu'à Stuttgart, Wagner reçoit peu après un message du nouveau roi de Bavière qui l’invite à sa cour.



Le 4 mai 1864, Richard Wagner est à Munich auprès de Louis II. Le jeune souverain, fasciné par sa musique, est bientôt disposé à jouer auprès de lui le rôle de mécène. Il lui accorde ainsi tout son soutien dans la mise en scène de ses projets artistiques. Dès le 10 juin 1865, a lieu au Hoftheater de Munich la première représentation de Tristan et Isolde. Dans cette dernière œuvre, le compositeur s’attache à libérer l’accord de la pression tonale, préfigurant en cela la naissance de l’atonalité. Dans les mois qui suivent, les créations de Wagner sont jouées dans les châteaux de Hohenschwangau et de Neuschwanstein. Le 10 décembre cependant, ce dernier doit quitter la cour à la demande de Louis II, pressé par ses ministres qui voient fondre le budget de l’État de Bavière.

En 1866, son épouse Minna Planer décède. Il se console bientôt dans les bras de Cosima von Bullow, l’épouse du chef d’orchestre bavarois. Celle-ci rejoint Wagner à Tribschen, sur les rives du lac de Lucerne, où il s’est installé depuis le mois d’avril 1866 et l’épouse le 25 août 1870, après avoir enfin obtenu le divorce d’avec son mari l’année précédente. Le couple aura trois enfants : Isolde née en 1865, Eva deux années plus tard et enfin Siegfried le 6 juin 1869. A cette époque, Richard Wagner compose Les Maîtres chanteurs de Nuremberg.

Le compositeur noue également une amitié profonde avec Friedrich Nietzsche, le jeune philosophe qu’il a rencontré pour la première fois le 8 novembre 1868 à Leipzig. Devenu l’intime du couple Wagner, ce dernier voit en lui l’artiste accompli, seul capable de créer un art nouveau d’où l’amour, ce sentiment "  trop chargé de faiblesse ", serait exclue. Une passion commune pour la pensée d’Arthur Schopenhauer les rapproche également. Nietzsche rédige en l’honneur du compositeur un ouvrage apologétique, Wagner à Bayreuth, qui paraît au mois de juillet 1876. A cette époque cependant, le musicien et le philosophe ont cessé de se fréquenter. La pensée de Nietzsche a en effet évolué et les errements métaphysiques de Wagner ont séparé les deux illustres représentants de la culture allemande, qui sont à présent devenus des frères ennemis.



Au printemps 1872, Richard Wagner s’est installé à Bayreuth. Il ne songe plus alors qu’à l’édification d’un théâtre à l’échelle de ses ambitions. L’argent collectée par les associations de soutien qui se sont créées est néanmoins insuffisant pour élever la construction et les décors. Louis II de Bavière subvient alors aux besoins de Wagner et lui accorde un don de 75.000 marks, une somme colossale... Le 22 mai 1872, la première pierre de l’amphithéâtre est posée, tandis qu’à la Margrave une fête est donnée pour immortaliser l’événement. Richard Wagner dirige pour l’occasion la Neuvième Symphonie de Beethoven, une tradition qui se perpétuera à Bayreuth jusqu'à nos jours.

Quelques mois plus tard, pendant l’été 1875, les répétitions de la Tétralogie, enfin achevée, commencent. Le Festspielhaus est inauguré lors du premier festival wagnérien de Bayreuth, qui a lieu du 13 au 26 août 1876 en présence de l’empereur Guillaume Ier et des grandes personnalités de l’Allemagne wilhemienne. Richard Wagner est au fait de sa gloire et son œuvre enfin reconnue. Chacun s’accorde en effet à voir en Wagner le génie de son temps. Cependant, le spectacle est un échec financier, le compositeur ayant certainement péché par le gigantisme de la mise en scène. Au Festspielhaus, celle-ci est parfaitement bien servie par la disposition des lieux. La salle est dans l’obscurité et une fosse dissimule l’orchestre et son chef au public. Celui-ci n’a donc d’yeux que pour la scène et l’œuvre du maître que l’on représente.

Richard Wagner se consacre ensuite à la création de Parsifal. La rédaction du livret est achevée au cours de l’année 1877. La partition nécessite cependant cinq longues années de travail. La première a lieu le 26 juillet 1882, lors du deuxième festival de Bayreuth. Afin de prendre du repos, le compositeur s’installe au mois d’août suivant à Venise, au palais Vendramin. Une derrière attaque cardiaque lui est cependant fatale. Richard Wagner décède le 13 février 1883. Le compositeur est enterré à Bayreuth, le 18 février suivant, une ville qui est désormais associée à son nom et à sa musique. Au cours du siècle et sous son influence, l'opéra s'est profondément transformée. Wagner en a fait un drame musical, où se mêlent à la musique les arts plastiques et la psychologie.