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Flora TRISTAN 

(Paris, 7 avril 1803 - Bordeaux, 14 novembre 1844)


Française.

Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1828, obtient une séparation de biens d'avec son mari.
1835, Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères.
1837, demande le rétablissement du divorce dans le journal Le Bon Sens de Louis Blanc.
1840, Promenades dans Londres.
1842, Dédicace aux classes ouvrières.


 






Flora Tristan naît à Paris le 7 avril 1803. Son père, Mariano de Tristàn y Moscoso, est un noble péruvien et sa mère, Anne-Pierre Laisnay, une parisienne émigrée en Espagne pendant la Révolution. Colonel des dragons provinciaux d'Arequipa à la cour de Madrid, Mariano est bientôt détaché en France. La famille s’installe alors dans une villa cossue à Vaugirard. Cependant le décès de son mari, le 14 juin 1807, place sa mère dans une situation financière délicate.

Se pose le problème de la succession de Mariano, le mariage des deux époux n’étant pas régularisé, aggravée en ces temps où Napoléon et la France de l’Empire se lancent à la conquête de l’Espagne. Dans l'incapacité de faire valoir ses droits, Anne-Pierre Laisnay est contrainte de quitter la maison de Vaugirard, saisie par l'État français. Avec ses deux enfants, Flora et un frère cadet né au mois d’octobre 1807, elle s’installe alors aux environs de la capitale, à L'Hay-les-Roses puis à L'Isle-Adam. En 1818 enfin, la jeune femme se décide à loger à Paris, rue du Fouarre dans le quartier modeste de la place Maubert.

En 1821, Flora se marie avec le graveur André François Chazal, frère du peintre Antoine Chazal, dans l'atelier duquel elle était entrée en qualité d'ouvrière, décorant des étiquettes de flacon de parfum. La discorde s’installe rapidement au sein du jeune couple. Au mois de mars 1825, Flora Tristan, qui est enceinte d'Aline, son troisième enfant, s’enfuit du domicile conjugal. Elle obtient en 1828 une séparation de biens, la législation française ayant aboli le divorce en 1816 sur l’initiative de Louis de Bonald.



Au cours de ces années, Flora Tristan est contraint d’adopter une identité d'emprunt afin d'échapper aux poursuites de son ancien époux. En 1825, elle s’emploie auprès d’une riche anglaise en tant que dame de compagnie. Après deux séjours Outre-Manche en 1826 puis en 1831, le jeune femme se décide à placer sa fille dans une institution d'Angoulême. Elle s'embarque alors le 7 avril 1833 pour le Pérou afin de trouver en terre étrangère le calme, le confort matériel et la reconnaissance sociale.

Son oncle, don Pio de Tristan, qui la reçoit à Arequipa ne lui réserve cependant qu’un accueil froid, considérant Flora Tristan comme la fille naturelle de son frère défunt. Celle-ci s’occupe à prendre connaissance des lieux et des mœurs des habitants du Pérou, devenu indépendant. La jeune femme se scandalise ainsi à la vue des plantations sucrières de la côte Pacifique où des esclaves sont encore forcés au travail. Autodidacte et influencée par le saint-simonisme, Flora Tristan dénonce également la mainmise de l’Église et de la religion sur les esprits crédules tandis qu’à la tête du pouvoir règnent les rivalités d’intérêt. En 1837, ses réflexions à propos du Pérou sont publiées en France dans un ouvrage intitulé Pérégrinations d'une paria.



Entre temps en effet, Flora Tristan est de retour à Paris au mois de janvier 1835. S’inspirant de son expérience personnelle, elle rédige alors une brochure, Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères, par laquelle elle propose la création d'une association destinée à venir en aide aux femmes seules. Flora Tristan affirme également avec force la nécessité de l’instruction de la gente féminine. Prosper Enfantin, disciple de Saint-Simon avec lequel elle correspond, ne lui témoigne alors aucune sympathie, de même que le philosophe Charles Fourrier à qui elle propose ses services. Flora Tristan tente alors de faire entendre sa voix au sein des milieux littéraires et socialistes. Membre du cercle de La Gazette des femmes, elle fait bientôt la rencontre d’Eugénie Niboyet puis s’adresse, au mois de septembre 1836, à Victor Considérant, directeur du journal fouriériste La Phalange, dont elle dénonce l’apathie.

L’agitatrice parvient à faire imprimer le 30 décembre 1837 dans le journal Le Bon Sens de Louis Blanc une pétition en faveur du rétablissement du divorce. Dans Le Journal du peuple de Michel Dupoty le 16 décembre 1838, un autre texte de ses textes réclame l'abolition de la peine de mort. Sur la recommandation de Charles-Augustin Sainte-Beuve, L'Artiste, Le Voleur et enfin La Revue de Paris ouvrent enfin leurs colonnes aux articles de Flora Tristan. En 1837 est également publié son roman intitulé Pérégrinations.

C’est alors que son mari, le 10 septembre 1838, tente de l’abattre au sortir de chez elle en lui déchargeant son pistolet en pleine poitrine. Prenant aussitôt la fuite et alors que Flora Tristan est sur son lit de convalescence, celui-ci enlève peu après son troisième enfant, Aline, âgée de dix ans. L’affaire amène, quelques années plus tard, en 1838, un jugement de séparation de corps. Le 1er février 1839, Chazal est enfin condamné à vingt ans de travaux forcés par la cour d'assises de la Seine. La jeune femme recouvre alors la jouissance de son nom.



A la suite d'un nouveau séjour à Londres, Flora Tristan poursuit la rédaction de son enquête sur l'Angleterre, première puissance économique du continent, où l’industrialisation bouleverse la société depuis le siècle passé. Celle-ci est publiée le 16 mai 1840 sous le titre de Promenades dans Londres. Réédité en novembre 1842, l’ouvrage s’accompagne maintenant d'une Dédicace aux classes ouvrières. L’année suivante, Flora Tristan récidive avec L’Union ouvrière. Cette petite brochure, éditée par souscription au mois de mai 1843 et destinée au peuple des ateliers, est en fait une véritable déclaration de guerre contre la société bourgeoise. Réclamant d’avantage de droit pour le monde ouvrier et récusant l’usage de la violence, Flora Tristan en appel à une union des classes laborieuses en s’inspirant notamment de la pensée d’Agricol Perdiguier, Avignonnais la Vertu, et de son Livre du compagnonnage publié en 1839.

Désireuse de propager ses idées, celle qui est maintenant devenue une personnalité du monde socialiste se décide alors à entreprendre un tour de France. S'appuyant sur les sociétés de compagnonnage, sur le réseau fouriériste des abonnés à La Démocratie pacifique et sur les loges maçonniques, elle demande alors l’appui d’hommes politiques en vue comme Alphonse de Lamartine ou Victor Schœlcher, d’écrivains comme Eugène Sue, Pierre-Jean de Béranger, Victor Hugo ou George Sand ou d’hommes de religion comme Félicité de Lamennais, tous traditionnellement attachés à la cause du peuple. Après une série de conférences données à Bordeaux du 15 au 20 septembre 1843, Flora Tristan prend le chemin du départ le 12 avril 1844.

Ce voyage la conduit dans les grandes villes industrieuses de la France de la Monarchie de Juillet : Lyon, Marseille, Montpellier et Toulouse … C’est aussi l’occasion pour elle de rédiger une vaste enquête s’apparentant à un état du monde ouvrier selon les villes, les professions ou le sexe, faits et chiffres à l'appui. Flora Tristan prévoyait de publier cette documentation sous le titre de Tour de France. Celui-ci est cependant brutalement interrompu par son décès à Bordeaux le 14 novembre 1844. Une souscription publique est alors ouverte dans la ville et une colonne brisée est érigée le 22 octobre 1848 au cimetière de Bordeaux rappelant son action militante. Sur le piédestal est en effet inscrit : " A la mémoire de Madame Flora Tristan, auteur de l'Union Ouvrière, Les Travailleurs reconnaissants, Liberté, égalité, Fraternité, Solidarité".