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Adolphe THIERS
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Adolphe THIERS
(Marseille,
15 avril 1797 -
Saint-Germain-en-Laye,
3 septembre 1877)
Français.
Homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1824, Histoire de la Révolution.
1830, fonde Le National, l’organe de la lutte
contre le parti ultra et la réaction.
rédige la proclamation qui fait
appel à Louis-Philippe d’Orléans après les Trois glorieuses.
1831, élu député d’Aix.
1832, nommé Ministre des Travaux publics et de l'Intérieur.
1833, élu à l’Académie française.
1836, devient Président du Conseil.
1845, Histoire du Consulat et de l'Empire.
1848, élu à l'Assemblée constituante.
chef de file des conservateurs, le parti de l’Ordre.
1863, de nouveau élu député.
1864, prononce un discours au Corps législatif, réclamant
les " libertés nécessaires ".
1871, nommé " chef du Pouvoir Exécutif de la République
Française ".
à Paris, répression de la
Commune lors de la Semaine sanglante.
1872, le " Libérateur du Territoire ".
se rallie à la
République.
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Adolphe Thiers naît à Marseille, le 15
avril 1797, au sein d’une famille de la petite bourgeoisie locale.
L’octroie d’une bourse lui permet d’effectuer ses études au Lycée
de la ville. Le lycéen se fait alors remarquer en se voyant décerné un
prix par l'Académie d'Aix pour un éloge du grammairien Vauvenargues. Il
entre bientôt à la faculté de cette ville, voisine de la cité phocéenne,
et obtient une licence de droit qui lui permet d’être reçu avocat.
En 1821, en compagnie de son ami Auguste Mignet, Adolphe Thiers monte à
Paris. Le député libéral Jacques Antoine Manuel le présente à
Talleyrand puis l’introduit dans les milieux de l’opposition. Sur la
recommandation du banquier Jacques Lafitte, il entre au Constitutionnel
et devient un des journalistes en vue de la Restauration. Thiers
s’illustre également en rédigeant de 1824 à 1827 une Histoire de
la Révolution, un vaste manifeste publié en dix volumes.
En 1830 et grâce au financement de Lafitte, il fonde Le National,
dont le premier numéro paraît le 3 janvier. Le journal devient
l’organe de la lutte contre le parti ultra et la réaction, contre la
pratique du pouvoir de Charles X. Adolphe Thiers fait d’ailleurs de la résistance
aux ordonnances royales du 25 juillet 1830 qui limite la liberté de la
presse, rompant ainsi avec quinze années d’application de la Charte de
1814. Quelques jours plus tard, le 30 juillet suivant, il rédige
d’ailleurs la proclamation qui fait appel à Louis-Philippe d’Orléans
après les Trois glorieuses, ces journées révolutionnaires qui chassent
le dernier roi Bourbon du trône de France.
Élu député d’Aix le 5 juillet 1831 puis régulièrement réélu,
Adolphe Thiers siégera désormais à la Chambre des députés pendant la
Monarchie de Juillet. Le député accède également aux honneurs littéraires,
en étant élu le 20 juin 1833 à l’Académie française. Nommé
Ministre des Travaux publics et de l'Intérieur le 11 octobre 1832, au
sein du " ministère de tous les talents ", il obtient
l’arrestation de la duchesse de Berry, le 6 novembre suivant, mettant
ainsi fin à la chevauchée qui agite l’Ouest du pays. Désigné également
comme Ministre du Commerce le 25 décembre de la même année, Adolphe
Thiers agit afin d’assurer la pérennité du régime. Le 26 mars 1833,
le Ministre de l'Intérieur adresse une circulaire aux préfets, leur
demandant de dresser la liste des prisonniers, opposant à la Monarchie de
Juillet. Le 7 août 1834, un second texte vise à définir le statut de
prisonniers politiques, ceux-ci sont d’ailleurs incarcérés depuis 1831
à la prison parisienne de Sainte-Pélagie. Il se fait également
remarquer par la fermeté de la répression qui met fin aux insurrections
républicaines, aux émeutes qui se déroulent notamment à Lyon et à
Paris du 9 au 15 avril 1834. Dans la capitale cependant, en ce dernier
jour, tous les habitants de la rue Transnonain, d'où était parti un coup
de feu, sont massacrés par l'armée. Cet événement inspire un célèbre
dessin à Honoré Daumier.
Reconduit dans ses fonctions en 1834, Adolphe Thiers devient Président du
Conseil le 22 février 1836, puis de nouveau du 1er mars au 28 octobre
1840. Il décide ainsi du retour des cendres de Napoléon Ier, dont la cérémonie
de translation aux Invalides a lieu le 15 décembre suivant alors que son
adversaire et rival, François Guizot, est à présent au pouvoir. Adolphe
Thiers subit en effet un grave échec diplomatique en soutenant le pacha
d’Égypte Méhémet Ali dans sa politique offensive contre le sultan
ottoman. Le 15 juillet 1840 en effet, le traité de Londres, qui réunit
les grandes puissances européennes, règle la question égyptienne, sans
que la France de la Monarchie de Juillet soit invité à ratifier ces
accords. Demeurant attaché à la dynastie des Orléans, Adolphe Thiers se
pose dans les années qui suivent comme le principal orateur à la Chambre
de l’opposition, s’attaquant sans relâche aux initiatives
diplomatiques de Guizot, Ministre des Affaires étrangères. Suivant les vœux
de Louis-Philippe, ce dernier s’emploie à ménager l’Angleterre de
Victoria, développant une politique extérieure faite de conciliation
afin de rendre à la France sa place au sein du Concert des Nations.
Poursuivant son œuvre d’historien, il publie en 1845 une Histoire du
Consulat et de l'Empire. Alors que Paris se couvre de barricades,
Louis-Philippe fait appel à Adolphe Thiers afin de sauver le régime, peu
après la démission de Guizot, le 23 février 1848. Mais il est déjà
trop tard. Le lendemain, un Gouvernement provisoire se forme, avec à sa tête
Alphonse de Lamartine, qui se déclare favorable à la République. Le 25
février d’ailleurs, la Seconde République est proclamée. Très
hostile aux républicains, radicaux et socialistes, Adolphe Thiers est élu
le 4 juin lors d’élections complémentaires à l'Assemblée
constituante. Sur les bancs du Palais-Bourbon, lors des réunions du
cercle de la rue de Poitiers, il s’impose parmi les députés
conservateurs. Au mois de septembre 1848, un opuscule intitulé De la
propriété en fait le porte-parole incontesté. Adolphe Thiers se décide ainsi au soutien lors des élections présidentielles
à Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de l’Empereur des Français à la
popularité montante. Il pense pouvoir diriger sans difficulté celui
qu’on juge alors comme un faible politique. Cependant, autour du nouveau
Président de la République, plébiscité le 10 décembre 1848, se forme
un parti de l’Élysée qui s’oppose bientôt au parti de l’Ordre
qu’anime Thiers. Celui-ci contribue à l’élaboration de la loi
Falloux, promulgué le 15 mars 1850, qui instaure la liberté de
l'enseignement. Il se montre également un des plus ardents défenseurs de
la loi électorale du 31 mai suivant, qui prive trois millions de Français
du droit de vote. A la tribune de l’Assemblée législative, Thiers
stigmatise ainsi la " vile multitude ", celle des
vagabonds qui n’est pas le peuple et qui a perdu par le passé toutes
les républiques.
Le 2 décembre 1851 lors du coup d’État, Adolphe Thiers est banni
l’espace de quelques mois. Il se réfugie en Suisse. A son retour en
France, l’Empire est proclamé. Thiers se retire alors de vie politique,
se consacrant à ses travaux historiques, avant d'être de nouveau élu
député,
le 30 mai 1863. Au Corps législatif, le duc de Morny, son président qui
se souvient de son passé d'Orléaniste, s'exclame alors du haut de la
tribune : " les suffrages du peuple ont replacé parmi nous
d'anciennes illustrations parlementaires ; j'ose dire que, pour ma part,
je m'en réjoui ". Thiers cependant devient un des principaux acteurs de l'opposition à
l'Empire. Le 11 janvier 1864, il prononce un discours au
Corps législatif, réclamant les " libertés nécessaires ",
qui connaît un grand retentissement. Prenant de
nouveau la parole devant les parlementaires, le 3 mai 1866, Adolphe Thiers
critique la politique étrangère de l'Empereur qui, dans sa volonté de
remettre en cause les frontières issues du congrès de Vienne, favorise
la montée en puissance de la Prusse. Là encore, ses paroles sonne
juste et font impression. Dans les années qui suivent, l’Empire
se libéralise et un Tiers Parti, regroupant les républicains ralliés à
Napoléon III, arrive bientôt au pouvoir en la personne d’Émile
Ollivier. Nommé chef du gouvernement au mois de janvier 1870, celui-ci
assume la responsabilité de la déclaration de guerre face à la Prusse,
le 19 juillet suivant. S’il se montre opposé au conflit, en refusant de
voter les crédits militaires, l’évolution de celui-ci redonne à
Adolphe Thiers, maintenant âgé de soixante-treize ans, un rôle
politique de premier plan.
Le 3 septembre 1870, la défaite de Sedan est connue à Paris. Le
lendemain, à la proclamation de l'abolition de l'Empire succède
l'instauration de la République. Adolphe Thiers se voit alors confié par
le Gouvernement de Défense nationale, qui s’est formé sous l’égide
de Jules Favre, de Jules Ferry et de Léon Gambetta, une mission
diplomatique d’importance. Dans les semaines qui suivent, tandis que les
combats se poursuivent, il parcourt ainsi l'Europe afin d’intéresser
les nations étrangères au sort de la France vaincue. Adolphe Thiers
n'obtient cependant que des témoignages de sympathie… Élu dans
vingt-six départements à l’Assemblée nationale le 8 février 1871,
Thiers est nommé " chef du Pouvoir Exécutif de la République Française
" quelques jours plus tard. Il poursuit à ce titre les négociations
avec la Prusse vainqueur qui aboutissent à la signature du Traité de
Francfort, le 10 mai 1871, et mettent un terme aux hostilités.
Le retour des prisonniers permet alors à Adolphe Thiers de constituer une
armée forte de 130.000 hommes. Le 21 mai suivant, ces troupes entrent
dans Paris. Commencent alors la reconquête de la capitale et la répression
du mouvement communard, la Semaine sanglante. Celle-ci rallie d’ailleurs
une partie de l’opinion conservatrice à la République. Par la loi
Rivet, promulgué le 31 août 1871, Adolphe Thiers devient le premier Président
de la Troisième République. Au cours des mois qui suivent, il se
consacre à la réorganisation de l’administration et à la libération
du territoire, toujours occupé par les armées ennemies. Peu après la
levée de deux emprunts, le versement anticipé de l’indemnité de cinq
milliards de Francs or due aux Allemands permet la signature d'une
convention précisant les modalités d'évacuation, le 29 juin 1872. Grâce
à ce succès, Thiers gagne le surnom de " Libérateur du
Territoire ".
Le 10 mars 1871, avec le Pacte de Bordeaux, Adolphe Thiers s’était
entendu avec l’Assemblée conservatrice afin de différer la décision définitive
sur le régime. Évoluant dans ses convictions, la République obtient peu
à peu son assentiment. Le manifeste du comte de Chambord empêche
d’ailleurs par son intransigeance toute restauration monarchique. Le 13
novembre 1872, le chef de l’exécutif annonce officiellement son opinion
dans un message adressé aux Chambres. Ce ralliement le met alors en
difficulté face à un Parlement à majorité monarchique. Le 24 mai 1873,
Paul-Louis Target et son groupe de députés provoquent la mise en minorité
du gouvernement de Jules Dufaure et la démission d'Adolphe Thiers. Avec
l’arrivée au pouvoir du maréchal de Mac-Mahon et le début de l’Ordre
moral, il se consacre à présent à animer le parti républicain. Le 16
mars 1877, Thiers reçoit le titre de " Libérateur du territoire
", lors d'une cérémonie organisée à Versailles.
Adolphe Thiers décède le 3 septembre 1877 à Saint-Germain-en-Laye.
Quelques jours plus tard, ses obsèques donnent lieu à une manifestation
contre le pouvoir.
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