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Anton TCHEKHOV
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Anton TCHEKHOV
(Taganrog,
17 janvier 1860 - Badenweiler,
2 juillet 1904)
Russe.
Ecrivain.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1886, dans l’équipe du plus grand quotidien
russe, Le Temps nouveau.
1887, Ivanov est représenté au théâtre Korch.
Scandale.
1888,
reçoit le prix
Pouchkine pour son recueil de contes, Dans le crépuscule.
1891, L’île de Sakhaline.
1896, Ma Vie est mutilée par la censure.
1895, Léon Tolstoï l'invite au cours de l'été dans sa
propriété d’Iasnaia Poliana.
1897, Oncle Vania.
1904, La Cerisaie.
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Anton
Pavlovitch Tchekhov naît le 17 janvier 1860 à Taganrog. Dans cette ville
de Crimée, qui est aussi un petit port sur la mer d’Azov, ses parents
tiennent une épicerie. Ce modeste commerce ayant fait faillite,
ceux-ci décident de gagner Moscou au mois d'avril 1876, espérant ainsi échapper aux poursuites
judiciaires. Le jeune Tchekhov, ce petit-fils de moujiks, les paysans serfs
attachés à la terre que possède leur maître, désormais seul à
Taganrog, y achève ses études au Lycée de la ville. En 1879 enfin, il
rejoint les siens qui vivent à présent dans le plus profond dénuement.
Tchekhov, qui bénéficie d'une bourse, s’inscrit à la faculté de médecine en 1879, une institution
qu’il fréquentera jusqu’en 1884.
Au cours de ces années cependant, l’étudiant fréquente également les
milieux artistiques et intellectuels de Moscou. Pour faire vivre les siens,
il collabore ainsi à diverses revues humoristiques, comme Le Réveil-Matin,
Le Spectateur… Dans les colonnes de l’une d’entre-elles, La
Libellule, est d’ailleurs publié le 9 mars 1880 son premier récit, Lettre
de Stepan Vladimirovitch, propriétaire de la région du Don, à son
savant voisin, le docteur Fredrich. Tchekhov s’essaie au théâtre,
sans grand succès. Il commence donc à exercer la médecine, à Moscou
l’hiver, dans les petites villes voisines de Voskresensk et de Zvenogorod
l’été.
Au mois de juin 1883, fort de ses expériences précédentes, le jeune auteur est engagé par la
revue Les Eclats de Saint Pétersbourg. Il est ainsi chargé d'une
rubrique, " Eclats de la vie moscovite ", qui fait le point des
potins de la capitale deux fois par mois. Au printemps suivant, est édité
son premier recueil de contes, intitulé Les Contes de Melpomène.
Dans l’entourage de l'écrivain Grigorovitch, il entre bientôt dans les
premiers jours de l'année 1886 dans l’équipe
du plus grand quotidien russe, Le Temps nouveau. Son directeur,
Souvorine, qui devient l’ami d’Anton Tchekhov, convainct celui-ci de persévérer
dans son art, en quittant toutefois le récit humoristique et ses
contraintes par trop rigides. Au mois de novembre 1887, un drame, Ivanov, est représenté
au théâtre Korch, qui suscite de vives réactions dans le public présent
comme dans le milieu de la critique littéraire. Avec ce scandale, l’écrivain
accède à la notoriété.
L’année suivante, le
8 octobre, il
reçoit le prix Pouchkine pour son recueil de contes, Dans le crépuscule.
Rédigé dans une forme plus longue, ceux-ci explorent à présent les angoisses du
quotidien du peuple russe, les méandres de la personne humaine. Citons La
Steppe, Lueur… Toujours intéressé par la représentation sur
scène de ses textes, Anton Tchekhov rédige quelques pièces de théâtre
au cours de ces années. L’une d’entre-elles, Le Sauvage, est jouée
au théâtre Abramova, sans grand succès. On s’interroge en effet dans
les rangs de l’assistance : pourquoi l’auteur ne s’intéresse
qu’aux petits soucis et autres détails de la vie quotidienne ? Où
sont donc les sentiments élevés et passionnels qui font la richesse
d’une existence ? Remanié par son auteur, elle deviendra, Oncle
Vania, publié en 1897, un texte où cette fois-ci tout espoir de
transformer la société russe a disparu. Tchekhov fait la rencontre d’une
écrivain, Lydia Avilova, en 1889, avec laquelle il se lie.
Au printemps de l’année suivante, il entreprend un long voyage qui le mène
jusqu’à l’île asiatique de Sakhaline. Tchekhov prend ainsi la mesure
de la misère de ces forçats que le pouvoir autocratique du tsar a relégué
dans la lointaine Sibérie. Des récits de cette expérience, L’île de
Sakhaline, publié en 1891, puis En déportation, l’année
suivante, permettront d’améliorer le sort de ces rebuts de la société
russe. En 1892, l’écrivain, qui fut autrefois médecin, participe à la
lutte contre la terrible famine qui sévit dans les provinces de Nijni et
Voronèje, en Ukraine. Ayant fait
l’acquisition d’une propriété, baptisée " Mélikhovo ", à proximité de Moscou,
Tchekhov continue d’apporter de l’aide à ses contemporains, soignant
gratuitement les paysans des environs, notamment quand ceux-ci, en 1893,
sont touchés par l’épidémie de choléra qui sévit dans la province de
Serpoukhov, Russie méridionale.
Au cours de ces années, les dernières du règne d‘Alexandre II, il
effectue deux longs séjours à l’étranger. En 1891, après
avoir visité la capitale viennoise, il parcourt l’Italie – Venise,
Florence, puis Rome – avant de venir à Paris. Là, l'écrivain participe
à la manifestation du 1er Mai qui dégénère et est malmené par les force
de l'ordre françaises. Il renouvelera ce périple trois années plus tard. Avec Le Duel et Salle 6,
Tchekhov fait de nouveau la preuve de ses talents de conteur. L’écrivain,
qui en 1893 a une liaison amoureuse avec Lika Mizinova, est cependant
l’objet d’une surveillance de la police tsariste. Ses opinions trop
avancées l’ont d’ailleurs conduit à rompre avec son ami, l’influent
Souvorine.
En 1896, sa nouvelle œuvre,
Ma Vie, est mutilée par la censure. Anton Tchekhov doit ensuite
affronter l’échec retentissant de sa pièce de théâtre, La Mouette,
représentée le 17 octobre de la même année à Saint Pétersbourg. Il
quite la salle au milieu du deuxième et acte et attendra deux longues années et la création du Théâtre d’Art de
Moscou, par Stanislavski et Nemirovicth-Dantchenko, pour voir son œuvre
acclamée et réhabilitée. Entre temps, l’écrivain russe s’est de
nouveau rendu en France, se passionnant pour l’Affaire Dreyfus et ses
vicissitudes, le rôle nouveau que joue la presse d’opinion au sein des
populations, l’apparition des intellectuels dans le champ politique. A son
retour, souffrant de plus en plus de la tuberculose, il doit vendre son
domaine au mois d'août 1899, quitter Moscou, et gagner des climats plus appropriés à son mal,
soit la station balnéaire de Yalta en Crimée.
Là, Tchekhov reçoit la visite d’un de ses pairs, Maxime Gorki,
qui lui voue une profonde admiration. La même année, le 26 octobre 1899, a lieu
la première d’Oncle Vania, toujours au Théâtre d’Art. Ce soir
là, Olga Knipper interprète le rôle d’Héléna Andréevan. Elle
deviendra la compagne de l’écrivain, son épouse le 25 mai
1901. Ils vivront cependant le plus souvent éloignés l’un de l’autre, l’actrice
poursuivant sa carrière à Moscou, l’écrivain devant lui demeurer dans
sa " tiède Sibérie ". Celui-ci fait également paraître La
Dame au petit chien, puis Dans le ravin. Dans ce dernier récit,
il dresse un portrait particulièrement sombre des campagnes russes,
quarante années après l’abolition du servage. Le 8 janvier 1900, Tchekhov est élu
académicien d’honneur de la section Belles-Lettres de la prestigieuse
Académie des sciences.
En Crimée, il fréquente avec assiduité Léon Tolstoï, qui l’avait
invité au cours de l'été 1895 dans sa propriété d’Iasnaia Poliana. S’il n’adhère
que peu aux idéaux du grand écrivain, Tchekhov révère ce héros
national, qui jouit en
ces années d’une extrême popularité au sein du peuple russe. Le 25
août 1902,
il démissionne avec fracas de l’Académie, son ami Gorki n’y ayant pas
été admis, suivant l’ordre du tzar Nicolas II. Alors que sa santé se
détériore, Tchekhov rédige ses
dernières œuvres : Les Trois Sœurs, L’Evêque, La
Fiancée, La Cerisaie… Cette dernière, qui montre l’apathie des
notabilités traditionnelles, est représentée pour la première fois au Théâtre
d’Art, le 17 janvier 1904. C'est un véritable triomphe. Alors qu’éclate la guerre russo-japonaise,
l’écrivain songe un temps à gagner le front, afin d’aider les
combattants en sa qualité de médecin.
En compagnie de son épouse
Olga Knipper, il part pour Berlin au mois de juin 1904. Anton Tchekhov décède
lors de ce voyage en Allemagne, à Badenweiler, dans la forêt Noire, le 2 juillet suivant. Il est
enterré à Moscou, quelques jours plus tard, au cimetière du monastère de
Novodevitchi.
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