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Eugène SUE 

(Paris, 26 janvier 1804 - Annecy-le-vieux, 3 août 1857)


Français.

Ecrivain.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1833, un des membres fondateurs du Jockey Club.
1842, Les Mystères de Paris paraît dans Le Journal des Débats.
1844, Le Juif errant.
1849, Les Mystères du peuple.
1852, s’exile volontairement après le coup d’Etat de Napoléon III.


 






Eugène Sue naît le 26 janvier 1804 à Paris. Son père, Jean-Joseph Sue, est chirurgien de la Garde. Sa marraine n’est autre que l’Impératrice Joséphine, son parrain, Eugène de Beauharnais, frère de celle-ci. L’adolescent effectue ses études au Lycée Condorcet, une période riche de frasques. Elève médiocre, son père intervient bientôt et le contraint en 1823, année de l’expédition française en Espagne, à s’engager dans la marine. Chirurgien à bord des navires de la Royale, il voyage sur les mers du globe, en Grèce, aux Antilles … ce qui alimentera plus tard l’inspiration du romancier.

De retour à Paris, en 1829, c’est vers une toute autre voie qu’il se dirige, la peinture, devenant l’élève de Théodore Gudin, premier peintre officiel de la Marine. L’année suivante, après le décès de son père, le jeune homme, qui bénéficie de son héritage, vit à présent dans l’aisance. Le Beau Sue joue alors à l’élégant, au dandy, dans les soirées du Tout-Paris, les réunions du Jockey Club, dont il est un des membres fondateurs en 1833. Cependant, Eugène Sue dilapide rapidement la fortune paternelle, ce qui le contraint à trouver de nouvelles sources de revenu. Il se tourne alors résolument vers l’écriture – dettes obligent - , ayant déjà par le passé rédigé en dilettante et publié quelques textes, les Lettres de l'homme mouche, dans divers journaux parisiens, de courtes comédies vaudevilles.

Kernok le pirate, son premier roman, paraît en 1830 en feuilletons dans La Mode. Son héros est un aventurier féroce, qui écume les mers. Bien servi également par son expériences de marin, Eugène Sue s’inspire des œuvres de Fenimore Cooper ou de Lord Byron, un romantisme noir à la mode à l’époque. Un premier succès le conduit à persévérer, à multiplier les romans maritimes et d’aventures. El Gitano, Atar-Gull, La Salamandre, La Vigie de Koat-Vën … Six autres productions suivront - jusqu’en 1833 ! – qui se nourrissent des stéréotypes de l’anti-héros, qu’agrémentent des thèmes propres au roman de voyages : un naufrage, les descriptions de contrées exotiques … tout comme des scènes de cannibalisme. Mais la veine tend à s’épuiser, comme en témoigne l’échec de son Histoire de la marine française (sous Louis XIV), publiée entre 1835 et 1837.

Un changement de registre s’impose alors de lui-même à l’écrivain prolixe. Ce dernier, fort de son succès dans le monde, publie quelques romans de mœurs ; Arthur, journal d'un inconnu et Le Marquis de Létorière ou L'Art de plaire en 1838, Mathilde ou Les Mémoires d'une jeune femme en 1841. L’auteur prétend montrer à son public les perversités du monde. Dans le sillage d’Alexandre Dumas et de quelques autres, l’anglais William Harrisson Ainsworth, Eugène Sue inscrit aussi désormais ses récits d’aventures dans un cadre historique plus stricte. Quelques romans gothiques - Latréaumont en 1837, Jean Cavalier ou Les Fanatiques des Cévennes en 1840, Le Commandeur de Malte en 1841. Encore une fois, après avoir multiplié les productions, plus d’une trentaine, tous genres confondus, Eugène Sue doit faire évoluer son œuvre.



A cette époque d’ailleurs, l’écrivain amorce un tournant idéologique. Celui qui fréquente les salons légitimistes, va désormais donner à ses oeuvres une connotation plus sociale. Ainsi en est t-il de son grand œuvre, Les Mystères de Paris, qui paraît entre juin 1842 et octobre 1843 dans Le Journal des Débats. S’inspirant notamment d’Honoré de Balzac, ce roman social se construit autour de la plongée de son héros, le bourgeois Rodolphe de Gerolstein, dans les bas-fonds de la capitale. Se dévoile ainsi au lecteur toute une face cachée de la société, ignorée jusqu’alors, qui a son existence propre, un monde inversé. Cette vision fantasmatique de la ville, qui inaugure la vogue des « mystères urbains », aura une grande influence a posteriori, proportionnelle à son immense succès. Au delà de la portée nouvelle des Mystères de Paris, Eugène Sue maîtrise les ressorts du roman-feuilleton, nouveau mode de diffusion de l’œuvre romanesque.

Désormais investie d’une gloire littéraire, Sue exploitera dans les années qui ce nouveau filon qui s’offre à lui. Paraissent ainsi Le Juif errant dans le journal Le Constitutionnel entre juin 1844 et juillet 1845 – autre grand succès -, Martin l’enfant trouvé à partir de l’année suivante, puis Les Sept Péchés capitaux dès 1847, enfin Les Mystères du peuple à partir de 1849. L’affrontement social s’étoffe alors et prend une dimension séculaire et mythique. D’autant plus que, toujours suivant le modèle balzacien de la Comédie humaine, Eugène Sue réutilise certains de ses personnages et les intègre à l’intrigue nouvelle. Comme nombre de ses contemporains, l’écrivain s’exile volontairement après le coup d’Etat de Napoléon III, au mois de décembre 1851. D’abord en Belgique, puis en Suisse, il continue d’écrire : Les Enfants de l’amour en 1850, La Bonne Aventure en 1851, Fernand Duplessis en 1853, La famille Jouffroy en1854 …

Sue court à présent après les éditeurs. C’est que le ton employé, son style a vieilli, rendu obsolète par quelques nouveaux concurrents comme Ponson du Terrail et les aventures de son Rocambole, Paul Féval et ses romans historiques, Le Bossu et les autres. Ces deux derniers auteurs sont à présent les maîtres de la littérature populaire du Second Empire. Le nouveau régime met d’ailleurs des obstacles à la diffusion des Mystères du Peuple. Celle-ci est assurée sous forme de courrier postal, après une ventes des exemplaires par souscription, ce qui n’empêche nullement les autorités d’en interrompre la publication, d’en saisir 60.000 exemplaires ... Eugène Sue décède à Annecy-le-vieux, en Haute-Savoie, le 3 août 1857.