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Max STIRNER
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Johann Kaspar Schmidt
dit ,
Max STIRNER
(Bayreuth, 25 octobre 1806
- Berlin, 25 juin
1856)
Allemand.
Philosophe.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1844, L'Unique et sa propriété.
1856, décède à Berlin. Sur les registres officiels : " Ni
mère, ni femme, ni enfants ".
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Johann Kaspar
Schmidt naît le 25 octobre 1806 à Bayreuth, dans le royaume de Bavière.
Il est le fils d’un modeste fabriquant de flûtes, qui décède de
manière précoce quelques jours plus tard. En 1809, sa mère se remarie
avec un pharmacien et s’installe en sa compagnie à Kulm, en Prusse
orientale. Elle sombrera peu à peu dans la folie. L’année suivante, l’enfant
est confié à de proches parents de Bayreuth. Pendant sept années, il
effectue ses études secondaires au Lycée de la ville puis, selon l’usage,
fréquente successivement plusieurs universités. De 1826 à 1828, il est
ainsi à l'académie de Berlin, suivant avec intérêt les cours de
philologie et de théologie avant de se rendre à Erlangen, un trimestre
durant. L’année suivante est consacrée à un voyage par lequel Johann
Kaspar Schmidt découvre l'Allemagne. De retour à Bayreuth, il reprend
ensuite ses
études à l’université de Konigsberg. A Berlin, au mois d’octobre
1833, Johann Schmidt, qui se destine à la carrière d’enseignant,
échoue cependant à l’examen pro facultas docendi.
Après une année de formation pédagogique, il renonce enfin au doctorat
et trouve néanmoins à s’employer en 1839 dans une institution privée
pour jeunes filles. Johann Kaspar Schmidt mène une existence d’intellectuel
solitaire. Marié en 1837, il se retrouve veuf six mois plus tard. A
partir de 1840, le soir, après ses cours, il fréquente une taverne
berlinoise où se réunit le cercle des
" Affranchis ", composé de journalistes et d’écrivains
radicaux. Il y côtoie notamment Bruno Bauer ainsi que d’autres jeunes
hégéliens, et y rencontre sa future épouse, Maria Dänhardt, avec
laquelle il se remarie en 1843. A cette époque, celui qui fait sourire
ses amis par son calme et sa timidité gagne le surnom de
" Stirner ", en raison de son large front, stirn
en allemand. C’est sous ce pseudonyme qu’il publie quelques articles
de philosophie sociale dans La Gazette Rhénane fondée animée par
Karl Marx : Le Faux principe de notre éducation, ou Humanisme et
Réalisme au mois d’avril 1842, L’Art et la Religion au
mois de juin suivant. Enfin De l’Amour dans l’État est édité
par le Berliner Monatschrifft en 1844.
Au mois de décembre 1844 enfin, paraît son maître livre intitulé L'Unique
et sa propriété. Ce texte de combat lui vaut quelques vers malicieux
de Friedrich Engels – " Regardez Stirner, le paisible ennemi
de toutes contraintes… ". Il est surtout à l’origine d’un
grand scandale dans les milieux intellectuels, qui rejettent bientôt son
auteur, achevant de le couper de toutes relations sociales. Alors que L’Unique
est interdit un temps par la censure, puis finalement autorisé car jugé
" trop absurde pour pouvoir être dangereux ", Stirner perd son
poste de professeur. Car ce livre, sorte de journal de la pensée de son
auteur, est un véritable écrit de combat. Max Stirner effectue ainsi l’apologie
du Moi individuel. Il dénonce toutes formes d’aliénation qui peuvent
entraver sa soif de liberté et d'absolu. La religion, l’État et le
droit, tout comme la société, émanent de l’Unique, autrement dit de l’individu.
Celui-ci doit se les réapproprier. Stirner prêche la révolte
intérieure, source d’originalité, et l’association volontaire de
chacun. Tout ceci passe néanmoins par la prise de conscience du Moi
profond, celui qui se distingue de toutes références communes.
L'Unique et sa
propriété, un des textes fondateurs de l’anarchisme,
tombe rapidement dans l’oubli et ne sera redécouvert que tardivement
avec la fin du siècle. Max Stirner vit à présent dans la
misère. Son éditeur, Wigand, lui confie alors quelques traductions. Il
publie en allemand à partir de 1846 le Dictionnaire d’économie
politique de Jean-Baptiste Say ou les Recherches sur la nature et
les causes de la richesse des nations d’Adam Smith. La même année,
Stirner tente également de monter une affaire commerciale, une laiterie,
en utilisant la dot de sa femme. Celle-ci fait rapidement faillite et
achève de le ruiner. Séparé d’avec Maria Dänhardt, Max Stirner
collabore encore à une Histoire de la réaction en 1852, lui qui n’a
pris aucune part aux événements du Printemps des Peuples en 1848.
Poursuivi par ses créanciers, il séjourne par deux fois en prison en
1853. Max Stirner décède à Berlin le 25 juin 1856, à son logement du
19, Philippstrasse, à l’âge de quarante-neuf ans. A son propos, l'État civil note
alors de manière laconique sur les registres officiels : " Ni mère, ni femme, ni enfants
".
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