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Victor SCHOELCHER
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Victor
SCHŒLCHER
(Paris, 22 juillet 1804 - Houilles,
25 décembre 1893)
Français.
Homme politique.
par Jean-Marc
Goglin
Quelques dates :
1827, adhère au mouvement Aide-toi le ciel t’aidera,
fondé par François Guizot.
1842, Des colonies françaises, abolition immédiate de
l’esclavage.
1848, avec François Arago, ministre de la Marine et des
Colonies, rédigent le texte abolitionniste.
1849, élu député.
1851, combat sur les barricades le coup d’État bonapartiste
du 2 décembre.
1852, s’installe en Angleterre.
1875, nommé sénateur inamovible. 1949, ses cendres sont
transférées au Panthéon.
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Victor Schœlcher naît à
Paris le 22 juillet 1804, d’un père alsacien, fabricant de porcelaine
de luxe, et d’une mère parisienne. Il effectue de courtes études au
Lycée Louis-le-Grand avant de travailler, dès l’âge de quinze ans, à
la fabrique familiale, située Faubourg Saint-Denis. En 1828 d’ailleurs,
son père l’associe officiellement à l’entreprise.
Victor Schœlcher s’intéresse aussi à la vie politique de la
Restauration. Il adopte cependant les idées républicaines et adhère
bientôt au mouvement Aide-toi le ciel t’aidera, fondé en 1827 par
François Guizot et qui se destine à coordonner l’action des libéraux
pendant les élections législatives. Initié à la franc-maçonnerie, le
jeune homme fréquente également les milieux littéraires et artistiques
de la capitale. Il se lie à la jeunesse romantique en faisant la
connaissance de Victor Hugo, d’Alphonse de Lamartine, de George
Sand…
Amené à voyager pour commercialiser les porcelaines familiales, Victor
Schœlcher se rend, dans les années 1829-1830, aux Amériques et en
particulier à Cuba. Il découvre alors la dure réalité de l’esclavage
et décide de militer contre ce qu’il juge être une infamie.
Dès son retour, Schœlcher publie un premier article dans la revue Des
Noirs. Ce texte est une véritable prise de position contre
l’esclavage. Dès lors, il ne cesse d’écrire et collabore ainsi à la
plupart des journaux républicains parisiens, à La Réforme en
particulier. Au cours de ces années, Victor Schœlcher rédige également
de nombreux ouvrages consacrés à la cause abolitionniste : De
l’esclavage des noirs et de la législation coloniale en 1833, l’Abolition
de l’esclavage en 1839, Des colonies françaises, abolition immédiate
de l’esclavage, ouvrage consacré à la Guadeloupe et à la
Martinique, en 1842, Colonies étrangères et Haïti qui rend
compte en 1842-1843 des premiers effets de l’abolition de l’esclavage
dans les colonies britanniques ainsi qu’une Histoire de l’esclavage
pendant les deux dernières années en 1847. Dans ces textes, le modèle
de réorganisation sociale sans esclavage qu’il élabore est très
empreint des théories du socialisme utopique de son temps. Cependant, il
préfigure par bien des aspects l’évolution des sociétés antillaises
pendant la seconde moitié du siècle.
Au mois de septembre 1847, Victor Schœlcher se décide à entreprendre un
séjour au Sénégal dans le but de collecter des matériaux sur les
civilisations africaines mais aussi de visiter les lieux de la traite,
comme l’îlot de Gorée. A Paris à la même époque, les événements révolutionnaires
renversent la Monarchie de Juillet. Après l’abdication de
Louis-Philippe d’Orléans, l’avènement de la Seconde République décide
de son retour en France. Le 3 mars 1848, François
Arago, ministre de la Marine et des Colonies, l'invite à le rencontrer.
Ensemble, ils se persuadent de l'urgence de l’émancipation des esclaves
et rédigent le texte abolitionniste que le ministre fait signer le jour
même à ses collègues. Le lendemain, Schœlcher est nommé
sous-secrétaire d’État aux Colonies. Alors que l'opinion est
désormais massivement gagnée à la cause de l'antiesclavagisme, la
première décision du nouveau ministre est de former une commission,
qu'il préside personnellement, chargée d'élaborer la législation
abolitionniste. Le décret d’abolition de l’esclavage dans les
colonies françaises est alors promulgué par le Gouvernement provisoire,
le 27 avril 1848. Celle-ci est immédiate. De plus et à la différence
des mesures prises en 1794 par les Conventionnels, une indemnisation est
promise aux détenteurs d'esclaves pour la perte de ce qui est tout de
même considéré comme une propriété.
Après la promulgation de la Constitution, le
4 novembre suivant, Victor Schœlcher se présente aux élections législatives,
organisées le 13 mai 1849. Élu au suffrage universel dans les trois
colonies françaises des Antilles et de la Guyane, il choisit alors de
représenter la Martinique et siège avec la Montagne afin de défendre
son oeuvre. Dans l’île, les populations sont frappés depuis le début
du siècle par la crise de l’économie sucrière tandis que la
suppression de l’esclavage est à l’origine d’un bouleversement des
rapports sociaux. Sévit aussi la réaction, les gouverneurs qui se succèdent
se mettant au service des planteurs blancs pour réprimer la presse républicaine.
Aussi Schœlcher se décide donc à fonder son propre journal, Le Progrès,
qui paraît pour la première fois en Guadeloupe au mois de juin 1849. Il
publie également à Paris une série d’ouvrages relatant les événements
politiques antillais.
Fidèle à ses convictions politiques, le député prône la réorganisation
de la société par l’instruction gratuite et obligatoire, par
l’exercice du suffrage universel. Cependant le "schœlcherisme"
est redouté à la fois par les colons, qui craignent la perte de leurs
biens et de leur influence politique face à la supériorité numérique
des anciens esclaves devenus "nouveaux citoyens", et par les
autorités gouvernementales, qui voient en lui l’inspirateur des
troubles politiques que connaît la Guadeloupe à la même époque. Schœlcher
prend d’ailleurs part à la polémique qui suit le procès de Marie-Léonard
Sénécal, indépendantiste guadeloupéen, condamné au bagne de Cayenne
pour incitation à la révolte. Il proteste alors contre cette
condamnation. Pourtant, Victor Schœlcher défend également les mesures
qui lui semblent être les plus aptes à assurer la prospérité des
colonies et des colons.
Républicain convaincu, Schœlcher combat sur les barricades le coup d’État
du 2 décembre 1851 en compagnie d’une poignée de députés de l’Assemblée
nationale. Il quitte ensuite le territoire français et se réfugie en
Belgique avant de s’installer en Angleterre en 1852. Victor Schœlcher
demeurera dix-huit années dans la capitale londonienne, à Chelsea puis
à Twickenham, où il se livre, dans plusieurs ouvrages, à de virulentes
attaques contre le gouvernement du Second Empire. En 1859, il refuse
l’amnistie des proscrits proposée par l’Empereur Napoléon
III. Quelques années plus tôt, en 1857, le mélomane publie une Vie
de Haendel. Au cours de ces années, il se passionne d’ailleurs pour
ce compositeur, collectionnant les portraits et les manuscrits le
concernant.
Victor Schœlcher rentre en France au mois d’août 1870, alors que la
guerre est bientôt déclarée contre la Prusse. Après la déchéance du
Second Empire et la proclamation de la République,
il est nommé colonel d’État-major puis général à la tête d’une légion
d’artillerie de la Garde nationale. Pendant le siège de Paris, Schœlcher
occupe les fonctions de vice-président de la Commission des barricades.
Durant la Commune de Paris, il se range aux côtés de conciliateurs et
est élu, le 8 février 1871, représentant du peuple de Paris.
Réélu député de la Martinique au mois d’avril suivant, il se
consacre alors au développement économique des Antilles. En 1874, Victor
Schœlcher devient le président de la Société de secours mutuel des Créoles.
L’année suivante, il est nommé sénateur inamovible de la Martinique
puis membre du Conseil supérieur des colonies. Schœlcher continue également
d’écrire. Au cours de ces années, il publie plusieurs ouvrages sur la
législation du travail aux Antilles, sa Polémique coloniale,
recueils de ses derniers articles, des études sur l’esclavage aux États-Unis,
au Brésil et au Sénégal, et une Vie de Toussaint Louverture en
1889.
Adhérant à la Société pour l’amélioration du sort des femmes,
Victor Schœlcher œuvre également pour imposer la République et la laïcité.
En 1881, il préside ainsi, avec Maria Deraismes, un congrès anticlérical.
Homme de cœur et des grandes causes, Victor Schœlcher lutte pour
l’abolition de la peine de mort. En 1882 et à la demande du Sénat, il
se rendra également à Londres afin d’enquêter sur les hospices et
asiles de nuit pour les enfants abandonnés.
Victor Schœlcher décède le 25 décembre 1893, à Houilles, dans sa
demeure située 24, rue d’Argenteuil. Inhumé au cimetière
du Père-Lachaise, ses cendres, ainsi que celles de son père, sont transférées
au Panthéon le 20 mai 1949.
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