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Eugène SCHNEIDER 

(Bidestroff, 1805 - Paris, 1875)


Français.

Entrepreneur.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

 
1836, achat des forges du Creusot.
1838, fabrique le premier exemplaire français de locomotive, la Gironde.
1841, installation du marteau-pilon.
1854,
membre du Conseil de régence de la Banque de France.
1855, élu député.
1867, nommé président du Corps législatif.
1836, achat des forges du Creusot.
1838, fabrique le premier exemplaire français de locomotive, la Gironde.
1841, installation du marteau-pilon.
1855, élu député.
1864, préside le Comité des Forges.
1867, nommé président du Corps législatif.


 






Eugène Schneider naît en 1805 à Bidestroff, dans le département de la Moselle. Il est issu d’une famille de petits notaires et de propriétaires terriens. Tout comme son frère aîné, Adolphe, Eugène est lié à la famille Seillière, également originaire de Lorraine. Adolphe est ainsi l’homme de confiance du négociant, banquier et manufacturier parisien. En 1830, celui-ci notamment le charge du ravitaillement de l’expédition militaire d’Alger. Eugène, quant à lui, est placé à la tête de la manufacture de laine de Longaux, près de Reims. En 1827, il se voit ensuite confier le destin des forges de Bazeines à Sedan, deux entreprises soutenues par le capital Seillière.

Au cours de ces années qui voient l’avènement de la Monarchie de Juillet et le triomphe des idées libérales, les deux frères effectuent des mariages brillants. Adolphe épouse Valérie Aignan, belle-fille de Boignes, maître de forges à Fourchambault tandis qu’Eugène s’unie à Constance Lemoine des Mares, dont la famille appartient à la haute finance protestante. Cette dernière amène en dot la somme énorme pour l’époque de 100.000 Francs !

Ces capitaux issus d’alliances familiales ainsi que des fonds venant de leur protecteur, François-Alexandre Seillière, permettent aux frères Schneider de créer une société en commandite – MM. Schneider Frères et Cie – d’un capital de 2.600.000 Francs et placée sous leur gérance. Celle-ci se destine à la gestion des forges du Creusot, achetées au mois de décembre 1836 aux anglais Manby et Wilson. Située en Saône-et-Loire, l’entreprise, créée à la fin du siècle précédant par la volonté du roi Louis XVI, est alors en faillite. Afin de se consacrer à ces nouvelles activités, Eugène Schneider cesse l’année suivante ses fonctions à Sedan.



Les deux frères se partagent alors les taches, en fonction de leurs compétences respectives : à Adolphe la partie commerciale, tandis qu’Eugène se charge des aspects techniques liés à la production. En compagnie du principal technicien des forges du Creusot, François Bourdon, ce dernier effectue en 1840 un séjour en Angleterre. Ce voyage d’étude l’amène à adopter des principes simples d’organisation du travail et donc de rationaliser le site. Eugène Schneider est ainsi convaincu que la qualité de fabrication dépend de l’efficience des outils employés, et celle-ci ne s’acquiert qu’en ayant recours au savoir-faire des grandes entreprises. Il fait ainsi de l’usine du Creusot l’une des plus modernes d’Europe. Alors que l’exploitation des mines de charbon sont progressivement abandonnées, l’utilisation du convertisseur Bessemer, inventé par le métallurgiste anglais en 1855, puis celle des fours Martin dès 1867 lui permettent d’obtenir des aciers de qualité. De même, l’outillage est sans cesse perfectionné. Au marteau-pilon, installé au Creusot en 1841, s’adjoignent bientôt des presses hydrauliques. Tout ceci assure le renom de la société Schneider qui diversifie sa production.

Au fil des années, l’usine s’agrandit avec la conquête de nouveaux marchés. L’industrialisation de la France de la Monarchie de Juillet favorise ainsi l’extension des activités des forges du Creusot. Le développement du réseau ferré, avec la loi sur les chemins de fer promulguée le 11 juin 1842, en soutien l’expansion. Des machines d’extraction et des laminoirs permettent ainsi la fabrication de rails et de locomotives. En 1838, le premier exemplaire français, la Gironde, sort ainsi des usines Schneider et est utilisé sur la ligne Paris-Versailles. Le Creusot représente bientôt 10 % de la fonte française. Quant aux coques métalliques destinées aux bateaux et aux machines à vapeur, Eugène Schneider choisit d’en installer la production à Chalon-sur-Saône sur un nouveau site. A partir de 1860, la fabrication d’armes, de canons en bronze notamment, figurent également parmi les spécialités de l’usine. Celle-ci se transforme, adoptant l’architecture métallique, un style que l’on retrouve à Paris à la gare d’Orléans (actuelle gare d’Austerlitz) construite par les établissements Schneider en 1869.

A côté des forges, une véritable ville se créée au Creusot qui compte 2.500 habitants en 1836, 6.000 en 1846 et 25.000 en 1875. Pour faire face à cet afflux d’arrivants, la société Schneider doit prendre en charge le logement de son personnel. Aux bâtiments individuels construits en 1825 à la Combes-des-Mineurs sont préférés des logements collectifs. Enfin à ces " casernes " succéderont en 1865 des cités faites de maison individuelles et traditionnelles. Sous le second Empire cependant, l’agglomération s’étend au rythme du marché foncier, hors de l’intervention de l’entreprise, celle-ci se consacrant à l’installation d’équipements collectifs. Dès 1837 en effet, une " école communale et industrielle " est construite au Creusot, inaugurant la politique paternaliste de la famille Schneider. En scolarisant les enfants de leur personnel, il s’agit ainsi de fixer une main d’œuvre qualifiée et à l’époque très mouvante. En 1863, c’est une infirmerie-hôpital qui est également construite au Creusot. A la mort de son frère Adolphe en 1845, Eugène Schneider devient le seul directeur des forges du Creusot. Il se considère ainsi comme le chef de cette communauté qu’il mène d’une main de fer et à la direction de laquelle est très tôt associée son fils Henri. Prend donc naissance la dynastie des Schneider, qui réside à partir de 1860 au château de la Verrerie, l’ancienne cristallerie de la Reine Marie-Antoinette. En 1855, une pétition signé par 5.000 habitants du Creusot propose d’ailleurs de débaptiser la ville et de lui donner le nom de Schneiderville.



A cette époque, Eugène Schneider entre en politique. Il doit lutter contre les notables locaux afin de reprendre les deux mandats occupés par son frère aîné. Alors que le maître du Creusot devient conseiller général et député, la municipalité est attribué à Lemonnier, directeur de l’usine… Ministre de l’Agriculture et du Commerce du mois de mars au mois de mai 1851, Eugène Schneider soutient le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte. Le Creusot est d’ailleurs officiellement honoré lors de l’Exposition universelle, organisé par Frédéric Le Play, qui se déroule à Paris du mois de mai au mois de novembre 1855. Lors des élections législatives qui se déroulent au mois de juin 1863, Eugène Schneider, le candidat officiel, est triomphalement réélu. Dans sa circonscription d’Autun, il obtient ainsi 21.049 voix sur 21.610 votants, et au Creusot 3.706 voix sur 3.707 votants…

Celui qui, de notoriété publique, est un familier de l’empereur Napoléon III accède au plus haute responsabilité sous le Second Empire. Participant dans la capitale à la " fête impériale ", il a ainsi sa loge à l’opéra et son hôtel particulier, au 7 de la rue Boudreau. L’hôtel de Lassay, qu’ Eugène Schneider décore en collectionnant les toiles des maîtres flamands, est le lieu de réceptions fastueuses qui lui permettent d’entretenir des liens étroits avec le monde politique, ceux-ci afin de mieux faire fructifier ses affaires. Au mois d'avril 1867, Eugène Schneider est d’ailleurs nommé président du Corps législatif, qu’il présidera jusqu’en 1870, étant même élu par ses pairs le 1er décembre 1869. La défaite de Sedan puis la proclamation de la République l’oblige alors à s’exiler quelques jours en Angleterre, tandis qu’au Creusot la grève éclate.

Tout comme ces différents mandats, Eugène Schneider s’immisce dans toutes instances de décision économique. En 1843, il entre à la Chambre de commerce de Chalon-sur-Saône puis, à partir de 1848, participe au Conseil général de l’agriculture, du commerce et des manufactures. De plus en plus impliqué dans les instances nationales, Eugène Schneider devient membre en 1854 du Conseil de régence de la Banque de France, une fonction qu’il occupera jusqu’à sa mort. Tout ceci aide au développement de l’entreprise, de même que le statut d’administrateur du chemin de fer P.L.M. Actionnaire de la société d’exploitation du bassin houiller de Decazeville, le patron du Creusot préside également le Comité des Forges, qui réunit les entrepreneurs de la sidérurgie. Celui-ci est créé le 15 février 1864 à son initiative, afin d’établir une politique concertée des prix et des marchés.



Eugène Schneider décède à Paris en 1875. Quelques années plus tard, en 1879, le monument à Eugène Ier, situé place Schneider, est inauguré par Ferdinand de Lesseps grâce à une souscription qui réunit plusieurs milliers d’adhérents.