La lettre d'infos


A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.

S'abonner à la lettre d'infos
 

 L'actualité
sur 19e.org

 
 

 A voir sur le Web

     Vous êtes ici :   Accueil   Biographies   S    >     Heinrich SCHLIEMANN                  Contact

 

Heinrich SCHLIEMANN 

(Neubuckow, 6 janvier 1822 - Naples , 25 décembre1890)



Allemand.


Historien.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1870, établi à Athènes.
1873, à Hissarlik, en Asie Mineure, découvre le " Trésor de Priam ".
1874, à Mycènes, met à jour le masque d'or, attribué à Agamemnon.


 






Heinrich Schliemann naît le 6 janvier 1822 à Neubuckow, une petite ville du Mecklembourg-Schwerin. Son père est pasteur dans la commune de Ankershagen, à l’Est de Hambourg. Il doit néanmoins quitter sa charge en 1831 en raison du scandale que cause son remariage, après le décès de son épouse. Couvert de dettes, Ernst Schliemann contraint son fils à abandonner ses études à la Relaschule de Neustrelitz. Le jeune homme s’emploie alors en tant que commis dans une épicerie à Fürstenberg. Heinrich Schliemann est ensuite garçon de bureau dans une maison de commerce.

Au cours de ces années, il occupe ses loisirs à l'apprentissage des langues étrangères : l'anglais, le français, le portugais et l'italien. Au mois de janvier 1846, Heinrich Schliemann est teneur de livres dans la maison Schroder d’Amsterdam, quant ses employeurs décident de l’envoyer en Russie, dans une de leurs succursales. A Saint-Pétersbourg, le jeune homme spécule également dans son propre intérêt et réalise ainsi quelques bénéfices. Âgé à présent de vingt-cinq ans, il décide enfin de s’installer à son compte.



A Moscou, ses affaires prospères. Schliemann fait le commerce des produits exotiques : indigo, thé, café... Au mois de juin 1851, ayant eu vent de la Ruée vers l’or, il ouvre un bureau d’achat et de revente de poudre d’or à Sacramento, en Californie. Lorsqu’il quitte New York l’année suivante, sa fortune est déjà estimée à plus de 400.000 dollars. Revenu à Saint-Pétersbourg, il épouse une dame en vue de la haute société locale, Ekaterina Petrovna Lyschin, le 12 octobre 1852. Le couple aura trois enfants. Avec la guerre de Crimée, le négociant se spécialise ensuite dans la fourniture de vivres aux armées, un commerce lucratif dans lequel il persévère aux États-Unis, lors de la guerre de Sécession. Entre temps, Heinrich Schliemann voyage en Europe et au Moyen-Orient en 1858 et 1859 puis effectue un tour du monde d’avril 1864 à mars 1866, séjournant en Inde, en Chine, au Japon et en Amérique. Il s’installe enfin à Paris, dans un hôtel particulier, au 6 de la Place Saint-Michel, et publie alors un premier ouvrage, La Chine et le Japon au temps présent, en 1867.

Au cours de ces années, Schliemann délaisse de plus en plus son épouse. Au mois d’octobre 1867, il est aux États-Unis afin d’investir une partie de sa fortune dans les compagnies de chemin de fer qui se créent. Deux années plus tard, l’homme d’affaires obtient d’ailleurs la nationalité américaine puis divorce de son épouse, le 30 juin 1869. A présent, Heinrich Schliemann songe à réaliser ses rêves de jeunesse : devenir archéologue, autrement dit chercheur de trésor. En 1866 déjà, il s’était inscrit à la Sorbonne, aux cours d’Émile Burnouf, spécialiste des langues orientales et des sciences de l’Antiquité. Dès 1868, Heinrich Schliemann est à Ithaque, la patrie d’Ulysse. Il relate ce voyage dans un second livre - Ithaque, le Péloponnèse, Troie, Recherches archéologiques - qui lui vaut le titre de docteur de l'Université de Rostock. En 1870, Schliemann, maintenant établi à Athènes, se remarie avec Sophia Kastromenos, une jeune fille de 17 ans. Celle-ci lui donnera deux enfants – Andromaque, née au mois de mai 1871, et Agamemnon, au mois de mars 1878.



La rencontre de Frank Calvert, le vice-consul des États-Unis aux Dardanelles, le 9 août 1868, décide de sa destination future. En effet, ce dernier persuade Heinrich Schliemann que les ruines de l’ancienne ville de Troie, détruite jadis par les Grecs, se trouve non loin d’Hissarlik, en Asie Mineure. Au mois d’avril 1870 et avec l’aide de huit ouvriers, il effectue de rapides sondages qui s’avèrent fructueux. Après l’achat du terrain et le recrutement de terrassiers, commencent alors les fouilles du site. Dès 1870, cent cinquante paysans des environs se relaient et éventrent la colline sous les ordres de Schliemann. C’est la première des sept campagnes de fouilles qu’effectuent l’archéologue à Hissarlik jusqu’en 1890. Celle-ci ont dans le monde entier un énorme retentissement. Sont mis en effet à jour des milliers d'objets anciens, que Schliemann identifie comme autant de vestiges de l’ancienne Troie. En venant à Hissarlik, le richissime américain pense en effet redonner vie au monde des héros d’Homère.

Au printemps 1873, il découvre ainsi le " Trésor de Priam ", contenant les bijoux de la " belle Hélène ". Heinrich Schliemann transfère discrètement l’ensemble à Athènes, ce qui provoque la colère des autorités turques. Un procès lui est intenté pour vol de biens nationaux. En mobilisant sa fortune, l’archéologue étouffe le scandale, non sans se voir interdit désormais l’entrée sur le territoire ottoman. En 1874, il publie à Leipzig un magnifique atlas, recensant ses découvertes. Fêté par le monde scientifique, Schliemann se multiplie ensuite en conférences, répondant ainsi à l’invitation des sociétés savantes. En Angleterre où son trésor est exposé au mois de décembre 1877 dans la capitale londonienne, il est ainsi reçu par Lord Talbot, en présence de William Gladstone, premier ministre de la Reine Victoria. L’archéologue devient d’ailleurs membre honoraire de la Société royale archéologique de Grande-Bretagne.

Au cours de ces années, la passion dévorante de l’archéologue le conduit également en Grèce, à Mycènes, où les époux Schliemann obtiennent du gouvernement grec l’autorisation de fouiller. Ce dernier exige néanmoins que l’ensemble des découvertes lui reviennent, un Conservateur des Antiquités devant surveiller les fouilles. Celles-ci débutent au mois de février 1874 et, deux années plus tard, Heinrich Schliemann voit sortir du cercle funéraire de la citadelle les premiers masques d'or, attribuant immédiatement le plus beau d’entre eux à Agamemnon. Il est en effet toujours convaincu de mettre à jour les vestiges de l’époque héroïque. Un congrès international réuni à Paris au mois de juillet 1889, suivi de deux conférences organisées à Hissarlik, seront nécessaires pour que l’archéologue reconnaisse son erreur dans la datation de ses trouvailles. Sur les conseils de Wilheelm Dorpfelld, fouilleur d’Olympie, il admet alors que loin d'être contemporaines de la date présumée de la chute de Troie, soit vers 1250 avant notre ère, elles sont antérieures d'un bon millénaire.



En 1880, Heinrich Schliemann s’installe dans la villa de style Renaissance qu’il s’est fait construire à Athènes, rue de l’Université (actuel Musée numismatique), par les soins de l'architecte Ernst Zille. Cet hôtel, l'Iliou Melathron ou maison d'Ilion, est décorée de mosaïques polychromes et de murs couverts de fresques à la gloire des chantiers de l’archéologue. Dans les années qui suivent, celui-ci effectue de nouvelles fouilles. Il est ainsi à Orchomène en Béotie, puis aux Thermopyles en 1883, à Marathon en 1884. La même année, Schliemann entame également des prospections à Tyrinthe. Le compte rendu de ses travaux est d’ailleurs publiés dans quatre ouvrages, entre 1878 et 1885.

Puis Heinrich Schliemann se rend de nouveau en Amérique centrale et à Cuba. En 1888, il visite l'Égypte en compagnie de son ami Rudolph Virchow, médecin et homme politique. Lui vient alors à l’esprit l’idée de mettre à jour le tombeau d’Alexandre, à Alexandrie. Celle-ci restera à l’état de projet. Deux années plus tard, l’archéologue cède au Volkersmuseum de Berlin l’ensemble de ce qu’il a baptisé autrefois le Trésor de Priam. Schliemann visite ces collections, exposées au public, le 13 décembre1890. Quelques jours plus tard, le 25 décembre, alors qu’il se trouve à Naples en villégiature, Heinrich Schliemann est foudroyé par une congestion cérébrale dans une rue de la ville. Il repose dans le mausolée de marbre, élevé en son honneur à l’entrée du cimetière principal d’Athènes.

Le personnage cependant est toujours l’objet de controverse. Mystificateur, il n’a pas hésité à assembler des objets, sans rapport entre eux, et qui avaient été découverts à des endroits différents. L’épisode de la découverte du fameux " Trésor de Priam ", qu’il raconte dans ses mémoires, est également révélateur de la volonté de mise en scène du découvreur. Seul sur le chantier, dans un trou menaçant de s’effondrer, Heinrich Schliemann déterre des objets précieux avec son couteau, les donnant au fur et à mesure de leur exhumation à son épouse Sophia, qui recueille l’ensemble dans un pli de sa robe… Ses méthodes de fouilles sont également contestées. A Hisarlik, de 1870 à 1873, l’archéologue ne s’embarrasse guère des couches supérieures du sol, qui ne l’intéressent que peu, et creuse plus avant afin de trouver les restes de la Troie légendaire. Ce matériau est perdu à tout jamais. A sa décharge, Schliemann est également un précurseur. Dans les domaines de la céramique et de la stratigraphie, de réelles préoccupations scientifiques lui permettent ainsi d’établir que reposent à Hissarlik les vestiges de plusieurs établissements qui se sont succédés dans le temps.