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Erik SATIE 

(Honfleur, 17 mai 1866 - Paris, 1er juillet 1925)
 



Français.


Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1888, Trois Gymnopédies.
1917, Parade.

 






Alfred Erik Leslie-Satie est né à Honfleur le 17 mai 1866. Son père, est un courtier maritime qui a épousé une écossaise quelques années auparavant. L'enfant est baptisé dans la religion anglicane. En 1870, les Satie s'établissent à Paris, où sa mère décède deux années plus tard. Erik Satie est bientôt de retour à Honfleur et placé chez ses grands-parents. Dans ce petit port normand, il prend ses premières leçons de musique. Son professeur, l’organiste Vinot, est un ancien élève de l’école Niedermayer, qui lui donne le goût de la musique médiévale. En 1878, un drame familial, le décès accidentel de sa grand-mère, décide de son rappel à Paris. Son père, qui s’est remarié entre temps, confie alors l’éducation musicale de son fils à sa nouvelle épouse, professeur de piano. Erik Satie fait ensuite son entrée au Conservatoire de Paris, les cours de piano, de solfèges mais également d’écriture lui étant dispensés par Albert Lavignac. Cependant Satie s’attache d’avantage à organiser des chahuts au sein de l’institution. Il en est renvoyé sans avoir pu passer son diplôme.

Le musicien effectue alors son service militaire au 33ème régiment d’infanterie d’Arras, une nouvelle vie qui ne convient guère à son caractère farouchement indépendant. Après s’être exposé la nuit, torse nu, Erik Satie contracte une pleurésie qui lui permet de revenir à Paris. Installé à Montmartre, il trouve alors à s’employer comme "tapeur à gages" dans différents cabarets de la Butte, au Chat Noir de Rodolphe Salis puis à l’auberge du Clou à partir de 1891. Dans l'établissement, Satie accompagne pendant quelques temps la chanteuse Paulette Darty. Au cours de ces nuits agitées, il fait également connaissance avec quelques éminents membres de la bohème parisienne : Aristide Bruant, Claude Debussy, Roland Dorgelès, Suzanne Valandon et son fils Utrillo …

Le poète Contamine de la Tour le fait entrer au sein de la secte des Rose-Croix, placée sous l’autorité du mage Joseph Péladan, dit Sâr. Le musicien anime d’ailleurs par ses mélodies les réunions de la société rosicrucienne… De cette époque datent ses premières œuvres : les Ogives en 1886, les Sarabandes l’année suivante et surtout les Trois Gymnopédies en 1888. Celles-ci sont marquées par cette ambiance mystique dans laquelle vit l’artiste. Il en sera de même avec les Six Gnosiennes, composées entre 1890 et 1897. Alors qu’il rompt avec Péladan, Satie fonde l’Église métropolitaine d’art de Jésus conducteur (!), dont il sera le seul adepte et l'unique rédacteur du bulletin paroissial. En 1894, il rédige le Prélude de la porte héroïque du ciel.



Deux années de silence décident d’une nouvelle orientation de sa sensibilité. Les deux recueils de Pièces froides en 1897 puis Jack in the Box deux années plus tard, tous deux destinés au cabaret ou au music-hall, sont davantage chargés d’humour. Le compositeur accompagne à l’occasion le chansonnier Vincent Hyspa ou rédige des valses pour la chanteuse Paulette Darty, de " rudes saloperies " selon son expression. Erik Satie gagne maigrement sa vie. Il traverse une profonde crise morale que n’arrange pas le succès de son ami Claude Debussy. Reclus dans sa chambre d’Arcueil, le rosicrucien repenti vit à présent isolé au milieu de ses pianos et de sa collection de parapluies.

Après les Trois morceaux en forme de poire, Satie se décide enfin à reprendre son apprentissage de la musique. A partir de 1905, le musicien fréquente ainsi la classe d’Albert Roussel à la Schola cantorum. Il obtiendra un diplôme de contrepoint après trois années d’assiduité au sein de l’institution. Dans les années qui suivent, sont publiées quelques-unes de ses œuvres, mais l’ensemble est dépourvu de profondeur musicale. Elles se démarquent cependant par l’humour des textes qui les accompagnent. Ainsi en est-il des Aperçus désagréables, des quatre pièces intitulées En habit de cheval, des Préludes flaques, des Descriptions automatiques ou des Embryons desséchés rédigés entre 1912 et 1915.



Connu d’un petit cercle d’initiés, le compositeur se fait bientôt apprécier d’un public plus large, avide maintenant d’anticonformisme. La représentation de Parade, le 18 mai 1917, à la salle du Châtelet contribue à asseoir cette nouvelle notoriété. Choisie par les Ballets russes de Dahgilev, la pièce est jouée par le chef Ernest Ansermet. Participent à l’entreprise aux côtés de Satie quelques-uns des artistes en vue du moment. Le peintre Pablo Picasso signe les décors, le poète Guillaume Apollinaire le programme, Jean Cocteau l’argument, le chorégraphe Léonide Massine le ballet. Le scandale que représente l’utilisation incongrue de bouteilles accordées à l’eau, d’un revolver, d’une machine à écrire ou d’une roue de loterie aux côtés de l’orchestre lui assure alors la célébrité.

Érik Satie est élevé à la hauteur d’un chef d’école au même titre que Debussy par le groupe des Nouveaux Jeunes qui se constitue alors. Il poursuit dans la voie du succès avec Socrate au mois de janvier 1920. Pourtant cette cantate scénique n’est autre que la mise en scène de la lecture de textes platoniciens sur une mélodie de circonstance. Quelques années plus tard, au mois de décembre 1924, est créée l’ultime œuvre d’Erik Satie au Théâtre des Champ-Elysées. Ce ballet instantanéiste, baptisé Relâche, est mis en scène par les Ballets suédois de Rolf de Maré sur un argument de Francis Picabia. Pendant la représentation, les spectateurs sceptiques purent également voir un film dada, Entr’acte, signé René Clair.



Erik Satie décède le 1er juillet 1925 à l’hôpital Saint-Joseph.