La lettre d'infos


A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.

S'abonner à la lettre d'infos
 

 L'actualité
sur 19e.org

 
 

 A voir sur le Web

     Vous êtes ici :   Accueil   Biographies   S    >     SARDA-GARRIGA                         Contact

 

Joseph Napoléon Sébastien SARDA
, dit

SARDA-GARRIGA 

(Blanes, 18 décembre 1808 -
Heudreuville, 8 septembre 1877)


Français.

Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1848,
Commissaire général de la République à La Réunion.
         promulgue le décret d’abolition de l'esclavage dans l'île.
1851, Commissaire général de la Guyane.

 






Joseph Napoléon Sébastien Sarda naît le 18 décembre 1808 à Blanes, un hameau qui dépend de la commune de Pezillas-la-Rivière, dans le département des Pyrénées-Orientales. Il est le fils de Gauderi Sarda, un métayer, et de Marie Garrigue. Aussi quelques années plus tard, adopte t-il le surnom de Sarda-Garriga. Sa famille est de modeste extraction mais l’enfant a tout de même pour parrain Joseph Bonaparte, roi d’Espagne et frère de l’Empereur.

Sous la Monarchie de Juillet, le jeune homme fait carrière dans l’administration des Finances où il se distingue en professant des idées républicaines. Cette carrière prometteuse au service de l’État lui permet de faire un beau mariage. En 1841 en effet, il épouse Ève Louise Poncelet de Mauvoir, veuve du vicomte de Lodin. Le couple aura un enfant.

L’avènement de la Seconde République offre au fonctionnaire l’opportunité d’obtenir une promotion rapide. En 1848, il est ainsi nommé receveur général des Finances. Puis le savant François Arago, nouveau ministre de la Marine et des Colonies, sur la proposition de son frère Etienne, fait appel à lui pour remplacer à la Réunion le Gouverneur Graëb et désigne Sarda-Garriga Commissaire général de la République.



En 1848, La Réunion n’a connaissance des événements de Paris qu’avec plusieurs semaines de décalages. Le 24 mai, on apprend ainsi que la République est proclamée puis, le 16 juillet, se répand la nouvelle que l’esclavage est aboli, à l’initiative de François Arago, et de Victor Schœlcher. Le lendemain, une Assemblée des propriétaires du Nord de l’île réunie à St Denis, saisis d’inquiétude à l’annonce de cette mesure, déclare accepter l’émancipation moyennant " la défense de tous les intérêts légitimes du pays " et s’engage à " chercher
les moyens de maintenir l’ordre et le travail ". Parmi les planteurs se dégage ainsi une majorité pour affirmer ses sentiments de soumission aux décisions métropolitaines. Il s’agit également d’obtenir du représentant de la Seconde République un ajournement de l'application des décrets permettant le bon déroulement de la campagne sucrière qui approche.

C’est dans ce contexte que, le 13 octobre, le Commissaire du gouvernement de la République arrive à la Réunion. Sarda Garriga fait immédiatement preuve de fermeté vis-à-vis des planteurs. Il reçoit les représentants désignés de leur Assemblée mais refuse tout ajournement du décret d’abolition. Sarda Garriga promulgue celui-ci le 19 octobre 1848, mais fixe au 20 décembre la date de l’émancipation des esclaves. Le 22 octobre, les membres de l’Assemblée se séparent, sans manifester de résistance vis à vis de la nouvelle autorité, mais inquiet devant la perspective de la perte de leurs biens. Le Commissaire de la République doit à présent s'occuper du maintien de l'activité économique. C’est dans ce but qu’il a mis l’accent, dès son arrivée à La Réunion, sur le devoir du travail. Le 24 octobre suivant, Sarda Garriga, recevant cette fois-ci une délégation d’esclaves, rend obligatoire pour tout affranchi la possession d’un contrat de travail pour le 20 décembre. Cette dernière mesure est peu populaire, ne s’agit-il pas pour les autorités de pérenniser par ce moyen le travail forcé ?



De la mi-novembre à la mi-décembre, le Commissaire général de la République entreprend alors une tournée dans l’île, en vue de rassurer maîtres et esclaves. Sarda Garriga convainc les uns de la nécessité des engagements et promet aux autres une indemnité pour la perte de leurs biens. Enfin il s’emploie à exhorter la population au calme et au travail. Le 20 décembre 1848, comme il était annoncé, le Commissaire du Gouvernement provisoire de la République proclame officiellement l’abolition de l’esclavage à la Réunion. 60 318 habitants de La Réunion, sur les 108 829 que compte l’île en 1847, découvrent la liberté. Cette journée cependant est des plus calmes. Quelques messes solennelles, des cortèges et des danses manifestent la joie des affranchis qui fêtent l’événement. Le lendemain, tous les Réunionnais sont au travail.

Aussi Sarda Garriga a réussi sa mission : mettre fin à l’esclavage sans déclencher dans l’île la guerre civile. Blancs et Noirs sont à présent placés sur le même pied d’égalité, une égalité toute théorique cependant. Sur l’exemple des " petits blancs ", les anciens engagés, nombreux sont les affranchis qui forment le projet de s’installer dans quelque coin retiré des " Hauts " dès l’acquisition d’un morceau de terre avec leurs maigres économies. Mais la majorité d’entre eux, après avoir quitté l’ancien maître, demeure à la périphérie des villes, où les conditions de vie sont difficiles. Néanmoins, l’année 1848 et l’émancipation ouvrent la voie au métissage de la population à La Réunion. Dans les années qui suivent, de nombreuses unions mixtes sont légitimées.



Le 17 février 1849, Sarda-Garriga épouse en secondes noces Mme
Clément, veuve du directeur des Monnaies de Paris. Dans la capitale, le personnel politique s’est renouvelé et la Seconde République prend désormais un tour conservateur. Louis-Napoléon Bonaparte, fraîchement élu Président, gouverne à présent avec l’appui des membres du parti de l’Ordre. Relevé de ses fonctions, Sarda-Garriga quitte la Réunion le 12 mai 1850 et gagne Paris.

Il demeure alors sans emploi et dans une apparente disgrâce pendant une année. Au mois de décembre 1851, fort de son expérience dans les lointaines colonies, Sarda-Garriga est désigné comme Commissaire général de la Guyane. Opposé cependant à la politique de l’Empereur Napoléon III, il rentre bientôt en France au début de l’année 1853. La carrière du fonctionnaire s’achève ainsi. Sarda-Garriga se retire dans sa propriété de Heudreuville, dans l’Eure, où il vit maintenant dans le dénuement jusqu’à sa mort, le 8 septembre 1877.