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Marc SANGNIER
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Marc SANGNIER
(Paris, 3 avril 1873 -
Paris, 28 mai 1950)
Français.
Religieux et homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1894, se consacre à la publication d’un journal
philosophique, Le Sillon.
1903, organise des pèlerinages à Rome.
1910, lettre pontificale Notre charge apostolique par
laquelle le pape invite les " sillonistes " à se placer
désormais sous l’autorité du clergé.
1911, fonde un quotidien, La Démocratie.
1919, élu député aux élections législatives.
1929,
à l’origine de l’installation
de la première Auberge de la Jeunesse en France.
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Marc Sangnier est né
le 3 avril 1873, à Paris dans le VIIème arrondissement. Au
sein de ce milieu bourgeois, l’enfant reçoit une éducation profondément
chrétienne. Il entre en 1879 au Collège Stanislas et y effectue ses
humanités jusqu’en 1894. Brillant élève, Marc Sangnier obtient un
prix de philosophie en 1891 au Concours général. Titulaire du Baccalauréat,
il réussit ensuite en 1895 le concours d’entrée à l’École
Polytechnique avant d’obtenir une licence en Droit en 1898.
A cette époque, l’étudiant se consacre à la publication d’un
journal philosophique, Le Sillon, fondé en 1894 par son ami Paul
Renaudin. Il s’entoure ainsi d’une équipe de rédacteurs, ses
camarades du Collège Stanislas qui à l’origine formaient un petit
cercle poétique et littéraire. Marc Sangnier en fait un lieu de réflexion
politique baptisé La Crypte, dans l’esprit du " Ralliement
" des catholiques au régime républicain prôné par la pape Léon
XIII.
En 1899, Le Sillon devient l’organe d’un vaste mouvement d’éducation
populaire qui réunit la jeunesse ouvrière et les fils de notable. Ces
lieux d’étude et de discussion ont pour vocation de réconcilier les
classes laborieuses avec l’Église et la République. Ainsi, puisant
dans le vivier des patronages, Le Sillon s’appuie sur le
dynamisme des Cercles d’études catholiques qu’il fédère en 1905. En
1901, sont également créés des Instituts populaires qui donnent bientôt
des cours et des conférences publiques. Lors du congrès national de
1905, près de mille cercles venus de la France entière sont ainsi représentés.
Le succès de l’initiative de Marc Sangnier lui permet d’obtenir
l’appui de l’épiscopat français. En 1903 et en 1904, il organise des
pèlerinages à Rome, recevant à cette occasion la bénédiction du pape
Pie X. Sur le plan politique, Le Sillon garde tout de même ses
distances vis à vis des " ralliés ", comme Albert
de Mun, ou des ecclésiastiques engagés comme l’abbé Lemire. Le
mouvement se heurte cependant aux représentants de l’extrême gauche
marxiste, qui sèment le trouble à plusieurs reprises en 1903 dans des réunions
organisées par Le Sillon. Dans la presse parisienne, celui-ci est
également la cible L’Action française monarchiste de Charles
Maurras, à partir de 1906.
En 1905 et avec le vote de la loi de Séparation des
Églises et de l’État, Le Sillon essuie bientôt les
critiques des évêques français. Ceux-ci, traditionnellement hostiles à
l’autonomie des laïcs, s’inquiètent de l’indépendance d’esprit
des jeunes prêtres, sous l’influence du mouvement initié par Marc
Sangnier. Ceci aboutit à la publication, le 25 août 1910, de la lettre
pontificale Notre charge apostolique par laquelle le pape invite
les sillonistes à se placer désormais sous l’autorité du clergé.
Marc Sangnier se soumet alors à la volonté de Pie X et abandonne
l’action religieuse pour entrer en politique.
Il fonde bientôt un quotidien, La Démocratie, puis, en 1912, la
Ligue de la Jeune-République. Celle-ci s’emploie à défendre les
principes d’une IVème République dans le cadre d’un programme
novateur. En effet, dans un soucis de paix sociale, Marc Sangnier souhaite
mettre fin à l’anticléricalisme. Il dénonce également le principe de
la lutte des classes et l’utilisation de la violence comme moyen
d’expression politique. L’égalité civique pour les femmes, le
scrutin proportionnel ou le remplacement du Sénat par une chambre représentant
les intérêts économiques doivent permettre de rénover la démocratie.
Par de multiples articles livrés à La Démocratie, Marc Sangnier
ébauche également un véritable système avant-gardiste de législation
sociale.
Avec la déclaration de guerre à l’Allemagne, il est mobilisé dès le
mois d’août 1914. Avec le grade de lieutenant, Marc Sangnier sert alors
pendant dix-huit mois sur le front dans un régiment du génie. En 1916,
le gouvernement d’Aristide Briant lui donne bientôt l’occasion de
s’illustrer. L’officier est envoyé officieusement auprès du pape
Benoît XV. En 1918, il est ensuite chargé de l’organisation de "
conférences de propagande morale " auprès des soldats. Démobilisé
avec le grade de commandant, Marc Sangnier est distingué de la Croix de
guerre avant d’obtenir la Légion d’honneur.
Élu député aux élections législatives du 16 novembre 1919, il siège
alors au sein de la majorité du Bloc national à la Chambre " bleu
horizon ". Marc Sangnier reconstitue bientôt son mouvement Jeune-République
avec lequel il défend l’idée d’une véritable réconciliation
franco-allemande, indispensable selon lui à la pérennité de la paix.
Celle-ci nécessite cependant l’arbitrage de la S.D.N. dotée des moyens
lui permettant de maintenir l’ordre. Au nom de ces convictions, Marc
Sangnier condamne en 1923 l’occupation de la Ruhr par les troupes
militaires françaises décidée par le gouvernement de Raymond Poincaré.
Son pacifisme l’isole cependant à la Chambre des députés. Après un
échec en 1924 aux élections législatives, Marc Sangnier choisit en 1932
d’abandonner la vie politique.
Il se consacre alors pleinement à la cause pacifiste. Dés 1921 et
jusqu’en 1932, Marc Sangnier anime des Congrès démocratiques
internationaux pour la Paix. Celui qu’il réunit en 1926 dans son
domaine de Bierville, près d’Étampes, rassemble ainsi plus de cinq
mille personnes. Dans sa commune, il crée également un Foyer de la Paix,
lieu d’hébergement des exilés allemands et catalans. Marc Sangnier est
à l’origine de l’installation de la première Auberge de la Jeunesse
en France. Celle-ci, baptisée L’Épi d’Or, est construite en
1929. L’année suivante d’ailleurs est fondé à son initiative la
Ligue française pour les Auberges de la Jeunesse
Grâce à la création d’un nouveau périodique, L’Éveil des
Peuples, Marc Sangnier se donne bientôt les moyens de faire connaîtes
ses idées. Des personnalités en vue de l’époque, Pierre Cot et René
Cassin notamment, signent à l’occasion quelques articles dans le
journal. Comme la majorité des Français, Marc Sangnier est munichois en
1938, malgré l’abomination que représente à ses yeux le régime nazi.
Avec la défaite puis l’occupation, il met bientôt l’imprimerie de
son journal au service de la Résistance. Arrêté par la Gestapo, Marc
Sangnier est incarcéré pendant quelques semaines à la prison de
Fresnes.
A la Libération, il est élu député de Paris sous
l’étiquette du M.R.P. (Mouvement républicain populaire), un parti
politique démocrate chrétien dont il est président d’honneur. Marc
Sangnier décède le 28 mai 1950. Ses funérailles rassemblent alors à
Notre-Dame de Paris les représentants de tous les partis politiques qui
s’unissent pour rendre hommage à son œuvre.
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