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Claude-Henri de Rouvroy, 
comte de
SAINT-SIMON

(Paris, 17 octobre 1760 - Paris, 19 mai 1825)


Français.

Philosophe.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :


1814, De la réorganisation de la société européenne ou De la nécessité et des moyens de rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps politique, en conservant à chacun sa nationalité.
 1820, L’Organisation.

 






Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon naît à Paris, le 17 octobre 1760. Petit cousin du duc de Saint-Simon, le mémorialiste du règne de Louis XIV, il est issu d'une famille aristocratique qui vit des faveurs royales. Le jeune homme montre très tôt ses convictions athées, il refuse ainsi de faire sa première communion. Saint-Simon, comme nombre de ses ancêtres, s’engage dans l’armée du roi en 1777. L’officier participe d’ailleurs outre-Atlantique à la guerre d'Indépendance des États-Unis d’Amérique. Présent à la bataille de Yorktown en 1781, il est ensuite fait prisonnier par les troupes anglaises. De retour en France en 1783 avec la signature du traité de Versailles qui met fin aux hostilités, Saint-Simon est bientôt mis en congé. Pendant les années qui suivent, il s’attache alors à parcourir l’Europe.

Rentré en France après les événements de l’été 1789, l’aristocrate répudie sa noblesse. Il fréquente alors les sociétés populaires qui fleurissent dans la capitale parisienne. Cependant Saint-Simon est arrêté au mois de novembre 1793 puis placé en détention à la prison de Sainte-Pélagie pendant la Terreur. Il est cependant libéré peu après le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) et la chute de Robespierre. Saint-Simon se met alors au service du Directoire et remplie ainsi diverses missions secrètes.



Les profits engendrés par les spéculations qu’il effectue sur la vente des biens nationaux lui permettent bientôt de fonder une entreprise de transports. L’entrepreneur se marie au mois d’août 1801 à une demoiselle de Champgrand. Les deux époux divorcent cependant l’année suivante. Poursuivant alors son existence faite de débauche et d’excès, Saint-Simon montre son empressement à Madame de Staël et lui demande sa main. Celle-ci se refuse cependant à lui. En 1805, l’entrepreneur fait faillite. Ruiné, le comte de Saint-Simon vit grâce à l’aide que lui octroie sa famille ce qui lui assure une modeste pension. Il connaît cependant la gêne et s’emploie à partir de 1807 au Mont-de-Piété en tant que copiste.

A cette époque, Saint-Simon qui s’applique à réfléchir au devenir de la société songe également à vivre de sa plume. En 1803, dans une Lettre d'un habitant de Genève à ses contemporains, il défend l’idée d’un monde placé sous le gouvernement des élites nouvelles. En homme des Lumières, Saint-Simon pense ainsi que les affaires publiques doivent désormais être confiées aux scientifiques, aux artistes et aux entrepreneurs. Quelques années plus tard, en 1808, il publie une Introduction aux travaux scientifiques du XIXème siècle. Le penseur se fait également le porte-parole d’une nouvelle science, la physique sociale, dans deux de ses ouvrages, Mémoire sur la science de l'homme et Théorie de la gravitation universelle, rédigés en 1813.



Avec la chute de Napoléon Ier et la Restauration, Saint-Simon se préoccupe également de l’organisation des pouvoirs politiques dans l’Europe du Congrès de Vienne. En 1814, son exposé intitulé De la réorganisation de la société européenne ou De la nécessité et des moyens de rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps politique, en conservant à chacun sa nationalité se montre favorable à la paix qui ne peut durer selon son auteur que grâce à l’instauration d’un parlement européen. Le philosophe prend également part à la vie politique sous le règne de Louis XVIII. Réagissant à l’activisme du parti ultra, Saint-Simon rédige pour le journal Le Censeur un article par lequel il décrit la nécessité de la création d’un véritable parti libéral d'opposition.

Le penseur se cantonne cependant par la suite à ses préoccupations économiques. En 1816 et grâce à l’aide de la haute banque parisienne, il lance une revue, L'Industrie ou Discussions politiques, morales et philosophiques, dans l’intérêt de tous les hommes livrés à des travaux utiles et indépendants. Pour mener à bien cette entreprise éditoriale, Saint-Simon reçoit alors l’aide de ses secrétaires, Augustin Thierry puis Auguste Comte dont il fait la rencontre en 1817. Au cours des années qui suivent, le philosophe oppose ainsi dans ses articles et en ayant recours à un langage imagé les abeilles aux frelons, autrement dit la bourgeoisie des rentiers aux aristocrates oisifs. Un nouveau périodique, Le Politique, voit également le jour en 1819.

L’année suivante, Saint-Simon publie une brochure intitulée L’Organisation. Celle-ci est en fait une éloge des producteurs qui enrichissent la pays grâce à leur entreprise et à leur dynamisme, tandis que les princes et les gouvernants sont maintenant jugés inutiles. Il décrit également un nouveau mode de fonctionnement des institutions politiques. Celles-ci ont vocation selon Saint-Simon à se préoccuper exclusivement de l’économie et des activités humaines, le pouvoir se partageant en une Chambre d'invention, une Chambre d'examen et une Chambre d'exécution. L’auteur est bientôt poursuivit par les tribunaux. On l’accuse de subversion de l’opinion. Cité en cour d’Assises, le philosophe est cependant acquitté, ses théories étant considérées comme peu sérieuses.



De 1820 à 1822, celui-ci publie différents volumes qui sont autant d’éléments d’un Système industriel. Celui-ci repose sur la personne centrale du roi, en qui il voit dans un avenir proche un " monarque national et industriel ". Pendant ces années, Saint-Simon connaît à présent la misère. Après une tentative de suicide en 1823, il fait la rencontre d’Olinde Rodrigues qui devient son disciple et subvient à ses besoins. Ce dernier lui offre également la possibilité d’éditer quatre cahiers d’un Catéchisme des industriels.

Sur le plan politique, le philosophe s'éloigne des idées professées par les représentants du courant libéral, de celles de Benjamin Constant notamment. En effet, le libéralisme de Saint-Simon est empreint de préoccupations sociales. En 1825, il annonce ainsi l’avènement d’un Nouveau christianisme. Dans ce dernier ouvrage empreint de fraternité humaine, le philosophe accorde d’avantage d’intérêt pour les classes laborieuses.

Saint-Simon décède le 19 mai 1825. Peu lues de son vivant, ses œuvres s’enrichissent de l’interprétation et des développements qu’en font ses disciples, Armand Bazard et Barthélemy Prosper Enfantin. La pensée de Saint Simon inspirera ainsi au cours du siècle nombre d’ingénieurs polytechniciens, de savants ou de financiers.