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Pierre-Paul ROYER-COLLARD
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Pierre-Paul
ROYER-COLLARD
(Sompuis,
21 juin 1763 - Châteauvieux,
4 septembre 1845)
Français.
Homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1789, élu de la section de l’Ile Saint-Louis.
1790, secrétaire-adjoint de la Commune de Paris.
1793, fuit la capitale pendant la Terreur jacobine..
1797, élu au Conseil des Cinq-Cents.
se prononce pour la liberté des
Cultes.
1811, rallié à l'Empire, nommé professeur d’histoire de la
philosophie moderne à la Faculté de Paris.
1815, préside la Commission d'Instruction publique et entame
la réforme de l'Université.
1817, à la
Chambre, se pose en
chef du parti des " Doctrinaire ", qui refusent les excès
des Ultras.
1827, entre à l'Académie française. 1830, présente
Charles X la fameuse Adresse des 221, qui dénonce sa
pratique autoritaire du pouvoir.
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Pierre-Paul
Royer-Collard naît à Sompuis, près de Vitry-le-François, dans le
département de la Marne, le 21 juin 1763. Ses parents sont des
laboureurs, des propriétaires terriens aisés. L’enfant grandit sous
l'influence d'une mère, Angélique Collard, à la piété austère,
profondément catholique et de sensibilité janséniste. A l’âge de
douze ans, il est envoyé auprès de son oncle, frère de la Doctrine
chrétienne et directeur du collège de Clermont. Au sein de l’institution,
l’adolescent effectue des études brillantes, avant d’entrer au
collège de St Omer, où il s’intéresse alors aux mathématiques.
Après avoir fait son droit, Royer-Collard devient avocat. Inscrit au
Paris, il plaide devant le Parlement, organe d’opposition à l’absolutisme
royal.
Comme beaucoup de
membre de cette élite intellectuelle, le magistrat est d’ailleurs
séduit par les idées réformatrices qui circulent au printemps 1789.
Plus tard, les premiers événements de la Révolution enthousiasme
Royer-Collard. Élu de la section de l’Ile Saint-Louis, il devient en
1790 secrétaire-adjoint de la Commune de Paris. Libéral, et cependant,
déçu par les excès commis dans la rue, Royer-Collard désapprouve la
journée du 10 août 1792, qui voit le palais des Tuileries pris d’assaut
par les Sans-Culottes et la royauté abolie. Se rapprochant à présent
des Girondins, il sent venir le danger, après la journée d’insurrection
du 31 mai 1793, et fuit alors la capitale pendant la Terreur jacobine.
Après avoir
passé quelques années dans sa retraite de Sompuis, Pierre-Paul
Royer-Collard est élu au Conseil des Cinq-Cents en 1797. Sous le
Directoire, le député de Vitry-le-François siège aux cotés de son ami
Camille Jordan et plaide inlassablement en faveur du retour des émigrés,
en faveur des prêtres réfractaires. Alors que le nouveau régime
républicain tente d’imposer une religion civique à l’ensemble des
Français, il se prononce dans la séance du 26 Messidor an V pour la
liberté des Cultes. Un discours remarqué. Ayant achevé sa réflexion
personnelle quant aux bouleversements politiques et sociaux de ces
dernières années, Royer-Collard a désormais acquis la conviction que
seule une monarchie constitutionnelle est seule capable de donner aux
institutions la stabilité nécessaire au bon gouvernement, tout en
préservant les conquêtes de 1789. Après le coup de force républicain
du 18 Fructidor (4 septembre 1797), qui casse son élection à
Vitry-le-François, il est exclu de l’assemblée. Dès lors,
Royer-Collard se rapproche du comte de Provence, frère du roi défunt, en
exil. Il entre, en 1799 au conseil royal secret, un comité de
sympathisants royalistes qui intrigue pour le retour au pouvoir du
prétendant, indépendamment du parti de son frère, le comte d’Artois.
Le 20 octobre
1800, Pierre-Paul Royer-Collard épouse à la mairie de Montreuil
Augustine de Forges de Chateaubrun, une jeune aristocrate âgée
vingt-huit ans. Voyant la solidité du pouvoir en place depuis le coup d’État
du 18 Brumaire, il se rallie à la cause du Premier Consul. Grâce à l’appui
de Louis de Fontanes, devenu Grand Maître de l’Université en 1808, l’Empereur
Napoléon Ier le distingue en le nommant en 1811 professeur d’histoire de
la philosophie moderne à la Faculté de Paris. En Sorbonne, du haut de sa chaire,
Royer-Collard initie pendant les années qui suivent ses étudiants au
spiritualisme écossais, à la pensée de Thomas Reid notamment. Cet
enseignement s’inscrit en réaction contre le sensualisme du siècle
précédent, né notamment de l’influence de la pensée de Condillac.
Pendant les Cent-Jours, le doyen de la Faculté de Lettres se rallie à
Louis XVIII, qui en fait le directeur de la Librairie et de l’Imprimerie.
En 1815, Royer-Collard, toujours sous la proposition du nouveau souverain,
accepte de présider la Commission d'Instruction publique et d'entamer la
réforme de l'Université. Il développe alors les disciplines
littéraires, négligées sous l’Empire, créant notamment les chaires d’histoire
dans les facultés.
Les premiers mois
de cette seconde Restauration sont cependant dominée par l’activisme
des représentants du courant ultra-royaliste, au discours réactionnaire
et qui souhaitent un retour à la monarchie absolu de droit divin.
Soutenant le roi face à cette majorité réactionnaire à la Chambre
introuvable, Royer-Collard approuve sa dissolution, le 5 septembre 1816,
une des nouvelles prérogatives du souverain. L’année suivante, il se
pose en chef du parti des " Doctrinaire ", ce
rassemblement hétéroclite de royalistes, qui refusent les excès des
Ultras, tout comme les revendications des libéraux, qui considèrent
comme insuffisantes les avancées définies par la Charte de 1814. Avec
François Guizot et Charles de Rémusat, ils se réunissent dans les
salons du comte de Saint Aulaire, de la duchesse de Broglie, sœur de
Madame de Staël. A cette époque, il se sépare du cabinet que domine le
duc Decazes, qui met en place une législation sur la presse trop laxiste
à son goût.
Dès lors, Pierre-Paul Royer-Collard
entre dans l’opposition, devenant le chef de file du parti des "
Doctrinaires ". En 1820, il donne sa démission de député,
quittant également ses fonctions à la Commission d'Instruction publique
au mois d'aout de l'année précédente.
En réaction, le gouvernement lui supprime ses émoluments de conseiller d’État,
un poste où il venait d'être nommé le 16 juillet 1820.
Étant néanmoins réélu l’année suivante, il prend position à la
Chambre en 1822 contre la nouvelle loi sur la presse proposée par le
marquis de Villèle et adoptée le 25 mars. Également contre l’intervention
française en Espagne en 1823, Royer-Collard prononce le 24 février un
discours à la Chambre qui fait forte impression. Il considère également
comme inopportune la loi sur les Sacrilèges voulu et promulgué par
Charles X,
le nouveau monarque, le 25 avril 1825. Peu prolixe de sa parole mais
néanmoins grand orateur, Royer-Collard entre à l'Académie française,
le 19 avril 1827, après avoir été élu à l’unanimité, en
remplacement du marquis de Laplace, et reçu par le comte Pierre Daru, le
13 novembre suivant.
De nouveau
confirmé dans ses fonctions de député de la Marne la même année, le
roi le nomme président de la Chambre. Pierre-Paul Royer-Collard dirige
alors les débats de l’assemblée avec autorité et impartialité. C'est
lui qui, le 18 mars 1830, présente et lit à Charles X la fameuse Adresse
des 221, qui dénonce sa pratique autoritaire du pouvoir. Quelques
mois plus tard, lors des Trois Glorieuses, ce dernier devra
abdiquer devant la pression devant l’insurrection qui embrase Paris.
Toujours partisan d’une monarchie tempérée par la vie parlementaire,
il soutient ensuite les prétentions de Louis-Philippe d’Orléans, mais
n’assiste désormais pendant le règne de ce dernier qu’en spectateur
aux débats de l’assemblée. En 1842, Royer-Collard se retire
définitivement de la vie politique, demeurant désormais dans sa terre du
Berry, la propriété de Chateauvieux dans le Loir-et-Cher. Il voisine
avec Talleyrand, dont il sera un des derniers amis.
Pierre-Paul Royer-Collard décède à Châteauvieux, le
4 septembre 1845.
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