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Eugène ROUHER
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Eugène ROUHER
(Riom, 30 novembre 1814 - Paris, 3 février
1884)
Français.
Homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1848, élu à l'Assemblée constituante.
1849, réélu sur la liste du parti de l'Ordre.
nommé ministre de l'Intérieur par le président de la
République Louis-Napoléon Bonaparte.
1852, un des principaux rédacteurs de la Constitution du
Second Empire.
1855, ministre de l'Agriculture, du Commerce et
des Travaux publics.
1860, négociateur auprès de la Grande-Bretagne du traité de
commerce libre-échangiste.
1871, à Londres, suit en exil l'Impératrice Eugénie. 1872,
élu député en Corse. 1879, abandonne la lutte
politique avec la mort du Prince impérial.
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Né à Riom dans le département
du Puy-de-Dôme le 30 novembre 1814, Eugène Rouher est issu d’une
famille de magistrats, son père est avoué. Il s’oriente dans un
premier temps vers une carrière militaire, son apprentissage du métier
des armes s’effectuant ainsi à l'École navale où il est boursier. Eugène
Rouher quitte bientôt l’institution et effectue alors des études de
droit. Celles-ci s’achèvent avec succès en 1838 et il devient
rapidement un des avocats d'affaires les plus réputés de Riom.
Faisant partie désormais de la notabilité locale, Eugène Rouher décide
d’entrée en politique. Il échoue cependant aux élections législatives
de 1846 où il s’affiche en tant que candidat orléaniste dans la
mouvance de François Guizot. La chute de la Monarchie de Juillet et
l’avènement de la Seconde République lui offrent une seconde
opportunité. Tardivement rallié au nouveau régime et de nouveau
candidat à la députation du Puy-de-Dôme, Eugène Rouher est bientôt élu
à l'Assemblée constituante, le 23 avril 1848.
Il s’inscrit alors dans la majorité des républicains modérés acquiesçant
au vue de la politique conservatrice du gouvernement. Aux élections
organisées le 10 décembre suivant afin de désigner un Président à la
nouvelle République, Rouher se prononce ainsi en faveur du général
Cavaignac, pourfendeur des émeutes des Journées de juin. Le 13 mai 1849,
il est réélu sur la liste du parti de l'Ordre dominé par la personne
d’Adolphe Thiers.
Dans les mois qui suivent, Eugène Rouher se rallie à la politique de l'Élysée
et à son parti. Louis–Napoléon Bonaparte, sur la recommandation du
comte de Morny, lui offre bientôt le portefeuille de la Justice, le 31
octobre 1849. Le nouveau ministre s’affirme alors à la Chambre des députés
comme l’un des orateurs les plus remarqués du nouveau ministère.
Soucieux d’une reprise en main du pays après la tourmente révolutionnaire,
Rouher recommande aux différents procureurs de lui fournir des rapports
mensuels sur " la situation morale et politique du département
", ceux-ci devant l’informer d’éventuels mouvements
d’agitation populaire. Il entame aussi des poursuites contre la presse
montagnarde. Son action est d’ailleurs rapidement facilitée par le vote
du rétablissement de la censure le 16 juillet 1850. Eugène Rouher
organise la déportation pour les prisonniers politiques, peine qui
remplace la peine de mort, abolie par la loi du 26 février 1848 pour ce
type de délits. Renversé le 19 janvier 1851, il recouvre son
portefeuille le 10 avril mais l'abandonne le 26 octobre.
Le coup d’État du 2 décembre décide de son retour aux affaires. Le
lendemain du coup de force bonapartiste, Eugène Rouher est de nouveau
nommé au ministère de la Justice. Il organise alors la répression à la
résistance républicaine à Paris et en Province, révoque également de
nombreux juges de paix. Rouher est l’un des principaux rédacteurs de la
Constitution, promulguée le 14 janvier 1852. Cependant malgré son adhésion
au Prince-président, la confiscation des biens de la famille d'Orléans décidée
quelques jours plus tard entraîne sa démission. Sa carrière se poursuit
au Conseil d'État et Eugène Rouher demeure ainsi un des hauts
dignitaires du nouveau régime. Il devient le vice-président de
l’institution et s’occupe à la tête de la section de législation,
de la Justice et des Affaires étrangères à la rédaction de projets de
loi concernant l’organisation de la justice.
Quelques années plus tard, le 3 février 1855, lui est de nouveau confié
un portefeuille ministériel, celui de l'Agriculture, du Commerce et des
Travaux publics. Eugène Rouher occupera cette charge huit années durant
pendant lesquelles il a la haute main sur l'économie du pays. Il
s'attache alors à moderniser la France du Second Empire et est ainsi à
l’origine d’une loi d'assainissement de la Brenne, des Dombes et de la
Sologne. Le boisement des Landes, l'endiguement des fleuves et des cours
d'eau sont encouragés sous son ministère. Le 11 juin 1859, la signature
des conventions répartissant le réseau ferré français entre six
grandes compagnies contribuent également au rapide essor des chemins de
fer. Ses convictions libérales l’amènent à défendre le vote de la
loi autorisant la constitution de S.A.R.L., le 23 mai 1863. Quelques années
auparavant, Eugène Rouher fut d’ailleurs le principal négociateur auprès
de la Grande-Bretagne du traité de commerce libre-échangiste conclu le
23 janvier 1860, à l’initiative de Michel Chevalier et Richard Cobden.
Pendant cette période, Eugène Rouher fait son entrée au Conseil privé.
Après l’intermède de la présidence du Conseil d’État du 23 juin au
18 octobre 1863, l’Empereur Napoléon III lui confie de nouvelles
responsabilités. Nommé ministre d'État, il a désormais en charge la défense
au Corps législatif de l'ensemble de la politique gouvernementale. Ses
nouvelles fonctions, son grand talent oratoire lui permettent de prendre peu à peu l'ascendant sur
les autres ministres. A la mort du duc de Morny en 1865, Eugène Rouher
devient le premier personnage du régime, le " vice-empereur
sans responsabilité " selon le mot d’Émile Ollivier. Dans le
secret des préoccupations internationales de Napoléon III, il n’est
que peu partisan des réformes libérales initiées par l’Empereur.
Cible privilégiée des attaques de la presse d’opinion, Eugène Rouher
doit également faire face à la renaissance de l’opposition au Corps législatif.
Comme il l'indique le 27 septembre 1867 dans une note à l'Empereur les
deux évolutions sont selon lui liées.
Les élections législatives des 23 et 24 mai qui voient la victoire du
Tiers parti sont pour lui un échec cuisant et sonne le désaveu de sa
politique. Le ministre d'État démissionne le 17 juillet 1869, après
avoir lu devant les députés assemblés le message de Napoléon III annonçant
l’avènement prochain de l’Empire libéral. Celui-ci le nomme président
du Sénat tandis que son rival Émile Ollivier forme le 2 janvier de
l’année suivante un nouveau gouvernement.
La guerre franco-prussienne précipite bientôt la chute du Second Empire
et voit l’avènement de la République, le 4 septembre 1870. Réfugié
à Londres où il suit en exil l'Impératrice Eugénie, Eugène Rouher est
de nouveau élu député en Corse en 1872, peu après son retour en France
l’année précédente. Il apparaît alors comme le leader du parti
bonapartiste au sein de la nouvelle Assemblée nationale. Le 24 mai 1873,
celui-ci précipite la chute d'Adolphe Thiers, " chef du Pouvoir exécutif
de la République " en joignant leur vote de défiance à celui des
parlementaires légitimistes. Rouher votera également contre les lois constitutionnelles de 1875,
appuyant néanmoins le maréchal de
Mac-Mahon au 16 mai 1877. Après avoir abandonné la lutte politique en
1879 avec la mort du Prince impérial, il se retire de la vie publique en
1881. Eugène Rouher décède à Paris le 3 février 1884.
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