Theodore Roosevelt naît le 27 octobre 1858 à New York au sein d’une famille de tradition calviniste et de souche hollandaise. Son père est à la tête d’un commerce de négoce, qui lui assure de confortables revenus. Son fils, au terme de ses quatre années d’études à l’Université de Harvard, se marie à Alice Hathaway, fille elle-même d’un banquier, le 27 octobre 1880, avant de faire son droit.

Roosevelt milite dès cette époque dans les rangs du parti républicain. Il est d’ailleurs élu en 1882 à l’assemblée de l’Etat de New York, un mandat qu’il n’achèvera pas. Deux années plus tard en effet, sa mère, née Martha Bulloch, et son épouse, décèdent le même jour, cette dernière en accouchant de leur fille Alice. Theodore Roosevelt traverse alors une véritable crise morale, qui l’amène à se retirer dans un ranch du Dakota du Nord. Pendant cet exil intérieur, qui durera deux années, il adopte le genre de vie des cow-boy, « une vie agréable et saine »…

Celui-ci prend fin en 1886, année où il se remarie à Edith Kermit Carow, au mois de décembre, une jeune femme rencontrée lors d’un voyage à Londres. Le couple aura cinq enfants. Animateur d’un courant réformateur au sein de son parti, les Young Insurgents, Roosevelt est enrôlé dans l’équipe administrative du président B. Harrison. Ce dernier le nomme membre d’une commission de réforme de la fonction publique fédérale, la Civil Service Commission, avant d’en obtenir la présidence. De 1895 à 1897, il dirige ensuite la préfecture de police de New York (Police Department of New York City). Là, Theodore Roosevelt s'attache à faire disparaître la corruption qui nuit au bon fonctionnement de l’institution.



En 1897, celui qui jouit déjà d’une belle popularité entre au gouvernement, appelé par le président McKinley, en tant que secrétaire adjoint à la marine. Là, il prépare activement le conflit qu’il sent poindre contre l'Espagne, souveraine de l’île de Cuba. Les Etats-Unis en effet, suivant les préceptes de la doctrine Monroe énoncée en 1823, aspirent devenir à une puissance régionale, ce qui passe par l’indépendance au préalable des colonies sud-américaines de l'Espagne. A Cuba, la révolte de ses habitants tire son origine de la crise économique qui sévit, due à l'impossibilité pour les Cubains de vendre leur sucre aux États-Unis, qui leur a imposé des droits de douane très élevée...

La répression sauvage de l'insurrection par les autorités espagnoles, dénoncée par la presse américaine, pousse les autorités américaines, Roosevelt en tête, à intervenir, en envoyant le navire de guerre Maine stationner dans le port de La Havane. Le 15 février 1898 cependant, celui-ci est détruit par une explosion, qui tue les 260 hommes d'équipage. Le secrétaire d’Etat met en état d’alerte la marine de guerre, sans l’accord du président McKinley. Peu après le déclenchement des hostilités, il quitte ses fonctions et s’engage, avec le grade de lieutenant-colonel, à la tête des Rough-Riders, un régiment de volontaires de la cavalerie.

Au mois de mai suivant 1898, les flottes espagnoles des Philippines, présentent dans la rade de Manille, et de Cuba, devant Santiago, sont coulées par les Américains. Aussi, au mois d'août, le gouvernement espagnol se résigne à demander la paix. Avec le traité, signé à Paris le 10 décembre 1898, Porto Rico, les Philippines et Guam deviennent des colonies américaines, et Cuba accède à indépendance, l’île devenant de fait un protectorat américain.

Quant à Theodore Roosevelt, fort de sa nouvelle réputation de patriote et de héros de guerre, en 1898, il devient gouverneur de l'Etat de New York, poursuivant là son action entreprise quelques années auparavant. En 1900, il est nommé candidat à la vice-présidence par le parti républicain. Dans l’esprit de certains de ses membres, ce poste sans envergure, ni poids réel dans la vie politique américaine confié à ce gêneur permettrait sans aucun doute de le museler. Cependant, si Mckinley est réélu à la présidence, il décède le 14 septembre 1901, suite à un attentat, de blessures infligée par un militant anarchiste. Et , comme le prévoit la constitution des Etats-Unis, Theodore Roosevelt est investi, devenant, à l’âge de quarante-deux ans, le vingt-sixième président des Etats-Unis. Réélu en 1904 sans difficulté, il sera donc le locataire de la Maison Blanche sept années durant, jusqu’au 4 mars 1909.



Durant toute sa carrière politique, Théodore Roosevelt a obtenu le soutien des grands groupes financiers. Pourtant, son premier mandat s’ouvre au mois d’avril 1902 avec la grève dans les mines de Pennsylvanie. Au delà de ces 100.000 ouvriers qui cessent le travail, l’ensemble de l’économie américaine, pour laquelle le charbon est à l’époque un combustible nécessaire, risque d’être paralysé. Le président intervient alors personnellement, après trois mois de conflit, obtenant pour mineurs une augmentation de salaire de 10 %, une limitation de la durée du temps de travail (8 heures par jour). Le 14 février 1903 d’ailleurs, Roosevelt crée le ministère du commerce et du travail, au pays du libéralisme sauvage.

Theodore Roosevelt est également hostile aux trusts, ces alliances des majors, les grandes entreprises, qui se partagent le marché intérieur, limitant leur production respective, mais maintenant ainsi un niveau de prix, et donc de bénéfices, élevé. Celles-ci en effet, afin de défendre leurs intérêts, se sont introduites au plus haut niveau de décision de l’Etat, à la Maison Blanche, au sein même du cabinet du président, où les grandes compagnies bancaires, d'assurances ou de chemin de fer sont représentées. Au mois de juin 1906, le président initie le Hepburn Act, le contrôle des tarifs du fret ferroviaire par le gouvernement fédéral. Plus tard, une autre législation, la Pure Food and Drug Act, permet également à l’Etat d’inspecter les usines alimentaires et donc de protéger l'Hygiène des produits mis en vente.

Au cours de son second mandat enfin, sont jetés les bases d’une politique de protection des ressources naturelles. Le 14 mars 1903, est ainsi créé sur Pelican Island, en Floride, la première réserve d‘oiseaux. L’année 1905 est celle de la création d’un Service national des forêts. Le président Roosevelt établie également la liste des dix-huit premiers « monuments nationaux », des zones naturelles protégées, le 8 juin 1906, trois décennies après l’établissement d’un parc naturel national à Yellowstone, au pied des montagnes rocheuses. En 1902, le National Reclamation Act donne au seul gouvernement fédéral l’autorité nécessaire qui préside à la construction de barrages, de projets d’irrigation à grandes échelles.



Hors des frontières de l’Union, la politique étrangère du président Roosevelt se fait plus « musclée » que celle de ses prédécesseurs. Le 2 septembre 1902, un mot fameux – « Il faut parler calmement tout en tenant un gros bâton » - prononcé lors d’un de ses discours en résume la méthode. Celle-ci s’inscrit dans un cadre traditionnelle qui fait du continent américain une chasse gardée de la diplomatie américaine. Le 20 mai 1902, les troupes américaines quittent Cuba, indépendant à présent. Mais, dès 1905, celles-ci sont de retour pour réprimer les émeutes qui secoue l’île et fragilisent le gouvernement national. En 1903, Theodore Roosevelt soutient l’insurrection de Panama contre la Colombie, le nouvel Etat étant reconnu dès le 6 novembre par les Etats-Unis, ceux-ci négociant alors un traité leur donnant pour cent ans le contrôle de la zone du canal. 

En revanche, les deux mandats de Theodore Roosevelt voient les Etats-Unis accéder au rang de puissance mondiale, bien avant l’engagement américain aux côtés des Alliés dans la Grande Guerre. Il rompt ainsi ouvertement avec la doctrine Monroe, définie en 1823. Ainsi, après avoir affirmé la neutralité des Etats-Unis dans le conflit russo-japonais, le président Roosevelt joue un rôle de médiateur dans les négociations qui mettent fin à la guerre. Il reçoit à cette occasion le prix Nobel de la paix, le 10 décembre 1906. La même année, il envoie – avec un succès moindre - un émissaire américain à la conférence d’Algésiras, en Espagne, destinée à régler le différent franco-allemand à propos du Maroc. Une tournée mondiale de la marine américaine, au cours de l’hiver 1907-1908, vient à point pour affirmer cette ambition nouvelle.



En 1908, Theodore Roosevelt, conformément à ses engagements, quitte ses fonctions, laissant le champ libre à son successeur républicain, William Howard Taft. Mécontent de la politique menée par ce dernier et fort de son bilan personnel, il se présente de nouveau comme candidat à la présidence en 1912. Le refus du parti républicain, qui lui préfère son rival, le conduit à fonder le parti progressiste. L’emportant sur Taft, Theodore Roosevelt ne peut cependant empêcher l’élection du candidat démocrate, Woodrow Wilson. Il décède quelques années plus tard, le 6 janvier 1919, dans sa maison d'Oyster Bay, à New York.