|
A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.
|
|
| |
sur 19e.org |
|
|
|
Vous êtes ici :
>
Charles RIGAULT
de GENOUILLY
|
|
Charles RIGAULT
de GENOUILLY
(Rochefort, 12
avril 1807 - Paris, 4 mai
1873)
Français.
Militaire.
par Eric Labayle
Quelques dates :
1830, prend part à l'expédition d'Alger à bord du Breslau.
1848, promu capitaine de vaisseau.
1852, membre titulaire du Conseil d'Amirauté.
1854, en Crimée,
commande sous
Sébastopol.
nommé contre-amiral pour fait de guerre.
1860, chef de l'Escadre d'Évolutions.
1864, amiral
1867, ministre de la Marine.
1868, préside le Yacht Club de France.
|
|
A défaut d'être passé à la postérité au même titre que les autres
gloires militaires du XIXème siècle, ses contemporains Bugeaud, Pélissier
ou Margueritte, l'amiral Rigault de Genouilly n'en a pas moins bénéficié
en son temps d'une importante notoriété qui lui valut un certain nombre
d'honneurs. Homme de mer, acteur de la modernisation de la marine française,
grand soldat colonial et ministre d'empire, il sut lui aussi marquer son
époque.
Charles Rigault de Genouilly semblait prédestiné à une carrière de
marin, puisqu'il est né à Rochefort le 12 avril 1807, d'un père
officier du génie maritime. Admis à l'École Polytechnique en 1825, il
en sortit deux ans plus tard, pour rejoindre la marine le 1er novembre
1827, avec le grade d'élève de première classe.
En 1828, il embarquait sur la Fleur de Lys, sous les ordres de
l'amiral Lalande, lequel devait avoir une grande influence sur sa
formation comme sur le déroulement de sa carrière. Très vite, Rigault
de Genouilly s'est fait remarquer par ses supérieurs. Marin remarquable,
il s'affirmait aussi comme un excellent navigateur à la voile. Son
avancement semblait dès lors assuré.
C'est en 1830 qu'il connut son baptême du feu. Celle année-là, il
prenait part à l'expédition d'Alger à bord du Breslau. Quelques
mois plus tard, en 1831, il participait au forcement des passes du Tage
avec le Suffren. En 1832, il accomplissait une action d'éclat lors
du siège d'Ancône. Après avoir escaladé en premier les remparts de la
ville, il parvenait à se maintenir sur leur sommet à la tête d' un détachement
de matelots. Il y combattit jusqu'à l'ouverture des portes de l'enceinte
fortifiée. A peine revenu de cette campagne, il partait la même année
pour le siège d'Anvers.
Il poursuivit ainsi pendant une dizaine d'années la vie agitée d'un
officier de marine de la Monarchie de Juillet, combattant un peu partout
en Méditerranée, mais surtout sur les côtes d'une Afrique dont la conquête
battait son plein. Le 1er novembre 1838, il devenait membre de la
Commission des Équipages de Ligne. En 1839, il recevait le commandement
de la Surprise, qu'il abandonnait en 1841. En décembre 1842, c'est
la Victorieuse qui lui était confiée. Avec elle, il sillonnait
les mers de Chine. A nouveau, il sut en plusieurs occasions se distinguer
au combat. Ce fut notamment le cas lors de l'affaire de Basilau, sur
l'archipel de Souloo, puis lors de la bataille navale de Tourane, en 1847.
Le 10 août 1847, sa Victorieuse s'échouait sur un rivage de Corée.
Une enquête fut diligentée pour déterminer les responsabilités de ce
naufrage. Rigault de Genouilly en sortit acquitté et le président du
conseil de Guerre qui devait statuer sur son cas, l'amiral Romain Desfossés,
le proposa même au grade de capitaine de vaisseau en récompense pour sa
belle conduite lors de la tragédie. La nomination à titre rétroactif
devait prendre effet au jour du naufrage. Il fut finalement promu le 22
juillet 1848. Le 31 du même mois, il intégrait la Commission du Matériel
d'Armement.
Il prenait l'année suivante Le commandement d'un bâtiment moderne, la frégate
à vapeur Vauban, puis celui de la Division Navale du Levant. En
1851, il recevait la charge du Charlemagne avec lequel il
s'illustrait en Orient, ce qui lui valut les éloges de l'ambassadeur de
France à Constantinople.
Le 20 novembre 1852, il devenait membre titulaire du Conseil d'Amirauté -
cette fonction lui fut renouvelée en 1855, puis en 1860 - puis, le 17 décembre,
il rejoignait la Commission des Paquebots Transatlantiques. Ces activités
montrent qu'en plus d'être un marin et un guerrier, Rigault de Genouilly
était aussi un théoricien et un technicien influent. En marge de sa
carrière, il s'était également essayé à l'écriture, publiant en 1846
une nouvelle version du "Dictionnaire Universel et raisonné de la
Marine" de Montferrier, puis un ouvrage intitulé "Routier
des Antilles" en 1852. Homme de mer, il n'est pas surprenant de
le voir fonder la Société de Secours aux Naufragés, puis présider le
Yacht Club de France, d'août 1868 à octobre 1870.
Sa nomination comme capitaine de pavillon sur le Ville de Paris en
1853 lui permit de servir sous les ordres de l'amiral Hamelin, commandant
en chef de la flotte française en Mer Noire. Elle lui valut aussi d'être
aux premières loges lorsque la guerre de Crimée éclata. Il commanda
alors sous Sébastopol le détachement des marins à terre. Dans cette
fonction, il régla l'emploi des pièces d'artillerie lourde de marine qui
avaient été débarquées pour être employées dans les opérations de
siège. Une fois encore, sa conduite au feu lui attira les éloges de sa
hiérarchie. Le 2 décembre 1854, il était nommé contre-amiral pour fait
de guerre.
Après un passage par la commission chargée d'étudier le percement de
l'isthme de Suez, il devint en 1856 chef de la Division Navale
d'Indochine. Ce commandement était un poste clef dans la campagne que
menait alors la France pour asseoir sa présence en Asie du sud-est.
Rigault de Genouilly y remporta de brillants succès. C'est lui notamment
qui dirigea en 1857 les opérations qui permirent la prise de Canton.
L'année suivante, il forçait les passes de Peï-Ho, puis participait aux
prises de Tourane et du fort de Don-Naï. Il état nommé vice-amiral à
la suite de ces événements. En 1859, il défendait victorieusement
Tourane contre les assauts des Annamites et parvenait à assurer la
mainmise française sur la Cochinchine en s'emparant de Saïgon. Conscient
de l'intérêt stratégique et économique de cette ville, il en fit un
port actif et une capitale rayonnante.
Ses exploits aux antipodes valurent à Rigault de Genouilly de recevoir la
Médaille Militaire le 19 novembre 1859, puis d'accéder aux fonctions de
sénateur en 1860. Il devint ensuite chef de l'Escadre d'Évolutions et
resta à ce poste jusqu'à sa nomination au grade d'amiral, le 27 janvier
1864. Le 30 décembre 1864, il recevait l'écharpe de grand croix de la Légion
d'Honneur.
Il prenait le portefeuille de ministre de la Marine en 1867 pour se
consacrer, comme son homologue de la Guerre, à la modernisation de son
outil militaire. A cet effet, il apporta un soin particulier à
l'instruction des personnels. L'aspect matériel n'était pas négligé,
puisqu'il entreprit un programme de rénovation de l'artillerie. En
1870-71, les canons modernes adoptés sous son ministère devaient jouer
un rôle de premier plan dans la défense de Paris.
Lorsque la guerre franco-prussienne éclata, l'amiral Rigault de Genouilly
fut nommé à la tête d'une armée navale dont la mission était
d'attaquer les côtes septentrionales de l'Allemagne. Une telle audace n'était
pas pour déplaire à cet homme d'action. La chute de l'Empire ne devait
pas lui permettre de réaliser cet ambitieux dessein. Il était mis à la
retraite d'office par le nouveau régime, après le 4 septembre 1870.
Charles Rigault de Genouilly est mort à Paris le 4 mai 1873.
|