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Louis RIEL 

(Saint-Boniface, 22 octobre 1844 -
Regina, 16 novembre 1885)


Canadien.

Homme politique.



par Marco Baratto


 

     Quelques dates :

1869, devient le chef des Métis français.
        élu secrétaire du Comité National, qui revendique un statut particulier pour les Métis.
1875, condamné à un exil de cinq années.
1884, rédige une liste des Droits des habitants du Nord-Ouest adressé au Gouverneur.
1855, insurrection de Batoche.
         condamné à mort puis exécuté.


 






Louis Riel naît le 22 octobre 1844 à Saint-Boniface, en Terre de Rupert, un territoire situé dans le Nord-Ouest canadien. Il est le fils aîné de Louis Riel et de Julie Lagimodière, tous deux descendants des premières familles qui ont occupé la région depuis le début du siècle. Celles-ci sont issues de la familiarité des coureurs de bois avec les Indiens de l'immense Prairie, parmi lesquels bien souvent ils prennent femme. Cette communauté des Métis français possède une forte identité culturelle, qui repose notamment sur l’usage de la langue française et la foi catholique. On lui reproche également sa trop grande familiarité avec les Indiens, le nomadisme et ce goût immodéré pour la chasse qui l'apparente à un "sauvage". Tout ceci justifie que l'on n'accorde aucun statut particulier aux Métis au sein de la société blanche.

Ayant obtenu de la Compagnie de la Baie d'Hudson la concession d'un lot de rivières, Louis Riel père établit un moulin à farine sur la Seine, avant de devenir un des leader politique de son peuple. L'une des principales activités de la Compagnie est le commerce des fourrures. A partir de 1844, celle-ci tente vainement d'imposer son monopole aux " Bois brûlés ", ces trappeurs qui continuent de traiter directement avec les négociants américains. En 1849, elle fait arrêter quatre de ces trafiquants, qui sont accusés de commerce illégal. Leur procès est prévu le 17 mai, le jour de l'Ascension donc, qui est également une grande fête religieuse dans la région. Au sortir de la célébration religieuse, Louis Riel père harangue la foule, afin de susciter un mouvement de résistance, d’organiser une manifestation contre la Compagnie. Une centaine de Métis se présentent peu après devant le Palais de Justice de Fort Garry, exigeant la libération de leurs compatriotes. Ceux-ci sont acquittés et Louis Riel père de proclamer : " Le commerce est libre ! Vive la liberté. ".

Son fils Louis entre à l’âge de dix ans à l'école des Frères des Écoles Chrétiennes, avant que Mgr Taché ne l’envoie en 1858 poursuivre ses études à Montréal. Admis au Collège sulpicien, Louis Riel y suit un enseignement classique, dans le but de devenir prêtre dans la colonie. C'est en effet la seule carrière honorable pour un " sang-mêlé ". En 1864, très touché par le décès de son père - qu’il n’a pas revu depuis son départ -, il est admis en tant qu'externe chez les Sœurs Grises. Ayant quitté l’institution l’année suivante, Louis Riel s'emploie ensuite dans un cabinet d'avocat, celui de Rodolphe La Flamme. Au cours de ces années, le jeune homme fréquente également les milieux nationalistes canadien-français de la ville. Après dix années d’absence, il revient enfin à Saint-Boniface, au mois de juillet 1868.



L'année précédente, l'union du Québec, de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse a permis de créer le Dominion du Canada. Dans l'Ouest, la Compagnie de la Baie d'Hudson est également prête à céder la Terre de Rupert à la jeune nation. Avant l'annexion de ces territoires, le gouvernement canadien envoie des arpenteurs à la Rivière-Rouge afin de préparer la venue des colons. Ceux-ci doivent ainsi diviser le territoire en townships, des cantons de forme carré, un système emprunté aux Américains. Les Métis eux sont installés sur des " lots de rivière ". Chaque lot donne accès au fleuve, ce qui permet le transport en canot et assure un approvisionnement en eau. Le 11 octobre 1869, un groupe d'arpenteurs arrive à la ferme d'André Nault. Celui-ci est un cousin de Riel, qui lui prête aussitôt main-forte afin de chasser ces fonctionnaires. La colonie en effet n'a pas encore été cédée au gouvernement canadien. Après cet incident, Louis Riel devient le chef des Métis français.

Arrive peu de temps après William McDougall, un lieutenant-gouverneur nommé par le gouvernement d'Ottawa, tandis que les Métis organise la résistance. Le 16 octobre, Riel est élu secrétaire du Comité National, qui revendique un statut particulier pour les Métis. Celui-ci reconduit hors de l’État le nouveau arrivé. Maître de Fort Garry, le Comité National est aussi à l’origine de la création d’un gouvernement provisoire. Le 27 décembre 1869, Louis Riel en devient le président. Un journal est bientôt fondé, The New Nation, afin de propager la cause métis dans l'Ontario. Les insurgés choisissent également un drapeau : fleur de lys et trèfle sur fond blanc. Après la venue de Donald Smith, représentant de la Compagnie de la Baie d'Hudson au Canada et agent du gouvernement, une convention réunissant les représentants des populations locales est organisée. L’opposition des Canadians anglophones se fait cependant plus virulente, alors qu’est confirmée l’autorité du gouvernement provisoire. Bientôt des bandes armées écument la région et multiplient les provocations. Le 4 mars 1870, Louis Riel laisse fusiller Thomas Scott, un des portes-paroles du parti adverse. Le 12 mai suivant, le parlement canadien vote la loi du Manitoba, rédigée d'après la liste des droits des Métis. Cette séance marque ainsi l’acte de naissance du nouveau État. Au même moment, Louis Riel est inquiété pour les violences commises à l’égard des Canadians. Expulsé de la chambre des Communes, il est amnistié en 1875, mais en même temps condamné à un exil de cinq années.

Louis Riel se réfugie dans l'Est du pays, dans l'État de New York notamment où vivent nombre de Canadiens français. Sans emploi, il s'installe à Keeseville. L'abbé Barnabé, curé du village, s'inquiète de son état de santé. John Lee, son oncle, venu auprès de lui le conduit à l'hôpital de Longue-Pointe, près de Montréal, puis à l'asile de Beauport, près de Québec. A présent guéri, Louis Riel quitte l'institution au mois de janvier 1878. De retour à Keeseville, il se lie à Evelina Barnabé. Les deux jeunes gens songent au mariage, mais Riel tient auparavant à trouver un emploi stable. Il quitte Evelina, se rend dans plusieurs villes américaines, puis s'enfonce dans l'Ouest. Dans le Montana, Louis Riel s'emploie en tant qu'enseignant à la mission des Jésuites, à Saint-Pierre dans la vallée de la rivière au Lait. Il rencontre alors une jeune métisse, Marguerite Monet, dite Belhumeur, et l'épouse le 9 mars 1882. Devenu citoyen américain, Riel se préoccupe de nouveau de politique. Cette année-là, il soutient le parti républicain lors des élections au Montana.



Au Canada, de plus en plus de colons quittent l'Ontario pour s'établir au Manitoba. Des terres leurs sont alors attribuées, bien souvent aux dépends des Métis. Beaucoup d'entre-eux quittent à cette époque la région et vont s'installer le long des rivières Saskatchewan. Ils sont alors la proie des vendeurs américains de whisky frelaté, tandis que la Prairie se dépeuple de ses bisons en raison d'une chasse trop intensive. Ne pouvant pas obtenir d'Ottawa les titres de leurs terres, les Métis multiplient les pétitions. Bientôt, les Anglais de Prince Albert et de Qu'Appelle, ainsi que les Indiens se joignent à eux. Au printemps 1884, une délégation est envoyée auprès du fondateur du Manitoba, afin de requérir son aide. Celui-ci accepte de quitter le Montana et de revenir auprès de son peuple. Au début du mois de juillet suivant, Louis Riel arrive à Batoche avec sa famille, sa femme et ses deux enfants. Il rédige alors une liste des Droits des habitants du Nord-Ouest, qui parvient le 16 décembre 1884 au gouvernement canadien. Au mois de février 1885, celui-ci décide alors de la création d’une commission d'enquête pour étudier les demandes des Métis.

A Batoche cependant, des rumeurs circulent. On dit ainsi qu'Ottawa à décider une intervention de la Police montée. Aussi le 18 mars 1885, autour de Louis Riel, se forme un gouvernement provisoire de quinze membres, l'Exovidat, autrement dit les " Élus du troupeau ". Cette décision entraîne la défection des Anglais. Les rebelles perdent également l'appui du clergé, inquiet du pouvoir de Riel. Le 26 mars, une première bataille, livrée au Lac aux Canards, contre la troupe, tourne à l'avantage des Métis. Les autorités font alors appel à l'armée pour rétablir la paix dans le Nord-Ouest. Le général Middleton est nommé chef de l'expédition qui arrive à Qu'Appelle au début du mois d'avril 1885. Elle entame ensuite une longue marche vers Batoche. Parvenue près de l'anse aux Poissons (Fish Creek), ou coulée des Touronds, celle-ci rencontre une première fois les insurgés, qui se replient ensuite à Batoche. La bataille décisive, engagée le 9 mai, se poursuit pendant quatre jours. Les Métis français, qui manquent de munitions, sont bientôt contraints de se disperser et Louis Riel décide alors de se livrer aux autorités canadiennes.



Emmené à Regina, il est accusé de haute trahison et jugé au début du mois d'août 1885. Déclaré coupable par un tribunal composé de trente-six jurés protestants anglophones, qui l'accuse d'avoir précipité la région dans la violence, Louis Riel est condamné à mort puis exécuté à Regina, le 16 novembre 1885. Il est inhumé quelques jours plus tard à Saint Boniface.